QUID SUR L'ASSAINISSEMENT DU SECTEUR PHARMACEUTIQUE EN RDC
Chers amis et Honorés confrères
Je réagi un peu tardivement au problème qui concerne
l’assainissement du secteur pharmaceutique .Cette préoccupation ne
date pas d’aujourd’hui il ya plus de 25 ans que nous ne cessons de
nous plaindre de la mauvaise présentation administrative sur
l’exercice de la Pharmacie au Zaïre de Mobutu et aujourd’hui au Congo
Démocratique de Kabila.
Franchement, avons-nous compris ce qu’il faut faire pour régler en
bon escient l’organisation de l’exercice de la Pharmacie en RDC ? Je
voudrai que nous sortions de nos litanies habituelles des plaintes
car ce qu’il faut aujourd’hui c’est régler ce problème
d’assainissement, pas de façon esseulée mais qu’il soit pris dans le
contexte global au niveau national et pas ce que nous entendons
sonner comme une clarinette par ci par là, que ce soit dans la
ville de Kinshasa ou encore au Katanga.
Non, l’assainissement du secteur pharmaceutique se résoudra au moment
ou l’autorité sanitaire dans le cadre globale de la politique
sanitaire aura réglé le problème d’accessibilité aux soins
pharmaceutiques dans le contexte des mutuelles de santé que ce soit
au niveau de l’Etat ou au niveau privé .
Lorsqu’on continue à réfléchir sur des mesures parcellaires prises
comme devant assainir notre secteur professionnel, à l’instar de ce
que pensent nos confrères résidant à Kinshasa ou au Katanga, cela
est une erreur et je puis vous affirmer sans peur d’être contredit
que des litanies des mesures administratives contraignantes ne
pourront pas apporter des solutions satisfaisantes et définitives
susceptibles d’assainir le secteur pharmaceutique eu égard aux
difficultés auxquelles sont confrontées les populations de notre pays
pour accéder aux soins pharmaceutiques.
Certains confrères pensent même réunir des sommes colossales pour
former un lobying qui pourraient contraindre l’application des mesures
contraignantes sur l’assainissement. Non, je pense que si nous
réfléchissons de cette manière, nous n’aurons pas muri notre réflexion
et identifier l’étiologie du problème.
Si nous remontons dans le temps et si nous revisitons notre
histoire sanitaire, nous constaterons que la charge financière liée
au fonctionnement des systèmes de santé fut difficilement assumée par
les jeunes Etats au lendemain des indépendances. La part réelle des
dépenses publiques dans le secteur de la santé diminua
progressivement dans de nombreux pays africains au cours des années
70 et la RDCongo jadis Zaire n’a pas échappé à cette aubaine.
Notre situation ne fut pas améliorée avec les fameux programmes
d’ajustement structurel qui réduisirent à court terme les dépenses
publiques affectées dans le s secteurs sociaux. Le plus souvent, il en
résulta une dégradation des infrastructures sanitaires, une pénurie de
médicament et une démotivation du personnel médicale. Voilà là ou a
commencé le désordre car c’était le sauve qui peut.
La fameuse initiative de Bamako a eu ses limites pour ne pas dire
qu’elle n’avait pas un impact réel sur le pays, cela n’a été qu’un
simple credo. Le problème d’accès aux soins est resté sans solution
plausible. Le désordre a élu domicile dans le secteur, mais le
désengagement de l’Etat aurait pu être suivi des mesures d’encadrement
c'est-à-dire on aurait pu mettre sur pied une alternative qui devait
sous tendre une nouvelle organisation sanitaire.
L’assainissement va s’appliquer donc de soi même, lorsque le
pharmacien sera rendu fonctionnel dans toute sa dimension
intellectuelle et professionnelle. C’est dans la restructuration d’un
nouveau système de santé où les mutuelles auront permis un
financement réelle des soins pharmaceutiques que le secteur
pharmaceutique aura été d’un apport remarquable dans la vitalité
sanitaire de notre pays.
Réfléchissons ensemble dans la mise en place des mutuelles de santé.
Tous les organismes qui militent en faveur de la profession doivent
être associées à cette réflexion, L’Ordre des pharmaciens, le Syndicat
des pharmaciens, l’Ordre des médecins et il faut intéresser en premier
lieu le gouvernement dans son ensemble ,la Présidence de la
République. c’est même la réalisation tacite de l’une des 5 chantiers
formulés par le Président de la République.
Chers confrères, l’assainissement du secteur pharmaceutique n’est
qu’un maillon des problèmes posés par l’accessibilité aux soins, et il
doit trouver solution dans le contexte de la solidarité nationale. Le
secteur pharmaceutique est un secteur vitale et il est prioritaire
dans les équilibres socio-économiques de notre pays, nous ne pouvons
pas le traiter comme un maillon à part intéressant seulement le
pharmacien. Nous sommes formés comme ressource nationale humaine pour
organiser le secteur sanitaire en général et pharmaceutique en
particulier. Le secteur pharmaceutique intéresse la nation congolaise
dans toute sa dimension et tout citoyen de ce pays. Ne nous donnons
pas le talent de prendre en otage ce secteur même s’il est nôtre.
C’est un secteur national vital, travaillons dans le sens d’aider
le gouvernement à se sortir de ses faiblesses en vue d’organiser un
système sanitaire fort et honorable.
Le problème d’assainissement du secteur pharmaceutique ne trouvera
des solutions que dans le cadre d’une mise en place d’un système
sanitaire capable de dispenser des soins en s’appuyant sur la mise
en place des mutuelles de santé sous la couverture participative du
gouvernement.
C’est donc un problème national auquel le Président de la République,
les ministères de la santé, des finances et des affaires sociales
doivent être impliqués activement pour étudier et trouver des
solutions susceptibles de doter le pays d’une institution telle la
mutuelle de la Fonction publique pour permettre aux fonctionnaires
congolais de se doter d’une nouvelle dynamique susceptible
d’assurer leurs soins sanitaires. La santé est vitale, voilà que le
Président Obama des USA s’attèle aujourd’hui à assurer à la franche
importante et démunie de sa population une couverture sanitaire
équitable. Ce n’est donc pas la RDC qui doit priver sa population de
la couverture sanitaire que le colonialiste belge dispensait avec
efficacité
Notre pays manque un système de santé dynamique capable d’aider
le citoyen à accéder aux soins pharmaceutiques. La population
congolaise est abandonnée à elle-même, la population cherche comment
se faire soigner en dépit de la négligence de l’autorité sanitaire. Le
gouvernement n’a pas une politique d’essaimage des pharmacies dans le
pays, mais pourquoi croyons nous empêcher la population à se sortir
de cette mauvaise situation, alors que l’Etat ou le gouvernement
s’est dessaisi de ses responsabilités. Savez vous qu’à Bukavu, Goma et
Kisangani les produits pharmaceutiques sont vendus en dehors des
établissements dignes de ce nom, au marché au vu et au su de
l’autorité sanitaire. Ce sont encore nos frères de RCD qui ont
autorisé des telles inepties et cela continue jusqu’à ce jour.
Dans notre pays, l’accès aux systèmes de santé est réservé aux seuls
travailleurs du secteur formel. Il n’existe aucune assurance santé
pour le reste de la population pourtant elle est la plus démunie et
constitue la franche la plus importante.je voudrai dire que les
travailleurs du secteur informel constituent plus ou moins 80 % de
la population active de notre pays et cette population se trouve
être dans une situation de vulnérabilité grave.
Face à cette situation, le gouvernement doit prendre des initiatives
pour développer des formes de protection sociale qui répondent de la
meilleure manière possible aux besoins des nombreux groupes des
populations. Le gouvernement doit encouragé la reforme sanitaire en
subvenant à la mise en place des système de micro assurance santé.
Le terme micro assurance santé, regroupe une importante variété des
systèmes d’assurance destinées aux populations pauvres et aussi à
la majorité de la population active. Dans beaucoup des pays qui nous
entourent les système de micro assurance ont contribué à réduire
les barrières financières d’accès aux soins de santé. Les mutuelles
constituent l’une des formes les plus rependues des système de
micro assurance. En Afrique sub saharienne
L’assurance santé permet à plusieurs personnes de partager le risque
financiers liés aux dépenses de soins. Les ressources des assurés
sont mises en commun et servent à couvrir les dépenses des seules
personnes affectées par la survenue du risque.
En d’autres termes ,ceux qui ne tombent pas malades paient pour ceux
qui ont moins de chance qu’eux .Ils acceptent de le faire parce
qu’ils sont conscients de ne pas être à l’abri des risques couverts
par l’assurance ,que leur aversion pour ces risques est forte et
qu’ils ne sont pas à mesure d’y faire fasse individuellement.
Le terme micro assurance santé regroupe une importante variété des
systèmes qui se développent actuellement sur le continent africain,
ainsi dans l’ensemble des pays en développement. Les systèmes de
micro assurance santé s’adressent surtout aux populations démunies
du secteur informel non couverte par les systèmes d’assurance santé
mis en place par l’Etat ou proposés même par des sociétés
commerciales.
Nous avons une gigantesque entreprise INSS qui devait comme dans
d’autres pays organiser des pharmacies mutuelles et établir un
chronogramme d’essaimage de ses propres pharmacies dans le pays, en
plus nous avons une grande société d’assurance SONAS qui devait créer
des mutuelles d’assurance maladies et elle aurait établi une police
d’assurance maladie dans le cadre d’une mutuelle de santé .Les
confessions religieuses dans leur rôle de la société civile auraient
aussi à organiser des mutuelles ou les moins nantis auraient eu la
possibilité d’accéder aux soins pharmaceutiques.
L’ancien régime colonial avait créer le DCMP au départ une ONG qui
travaillait en collaboration étroite avec les confessions religieuses
jadis, car l’état seul ne pouvait pas répondre aux besoins de la
population. A l’époque colonial et même après l’indépendance
jusqu’aux années 70 les pharmacies privées servaient encore les
ordonnances de l’administration publique puisque certaines pharmacies
privées étaient sélectionnées par l’Etat pour collaborer avec le
ministère de la santé en vue de permettre aux des agents de l’Etat
d’accéder aux soins pharmaceutiques. L’Etat en se dessaisissant de
ses responsabilités a donné libre accès à la débrouillardise de la
population d’où le foisonnement des pharmacies irrégulières car la
nature a horreur du vide, dit –on.
Normalement les projets de micro assurance devaient recevoir le
soutient financier du gouvernement, de financement des différents
partenaires ou fondation et viserait à l’extension de la protection
sociale en matière de santé.
Les initiatives devraient être prises au niveau du gouvernement, car
notre pays après l’annulation de la dette publique, réunit toutes
les conditions nécessaires et suffisantes pour la mise en place des
mutuelles de santé. En effet il ya aujourd’hui un certain nombre des
facteurs qui déterminent l’intérêt de mettre en place des mutuelles
de santé et assurer leur bon fonctionnement ultérieur. Il s’agit
principalement de l’existence :
• d’un besoin réel en matière de financement de santé,
• de service de santé de qualité
• des liens de solidarité entre les futurs membres –les cotisations,
• d’une confiance envers l’initiateur du projet qui se trouve être
le gouvernement à travers les sociétés d’assurance et les confessions
religieuses
Il faut établir des assurances santé obligatoires. Ces assurances
doivent faire partir des systèmes de sécurité sociales, elles
doivent toucher toutes les couches des populations
Les mutuelles issues des assurances santé dont la gestion des
médicaments seront confiées obligatoirement aux pharmaciens
,résoudront le problème d’essaimage des pharmacies à travers le pays
et remettrons de l’ordre dans le secteur, car les assurés sauront où
ils devront aller chercher leur médicament au prix remboursé par leur
mutuelle.
Les achats seront effectués par des appels d’offre locale ou
internationales et les instructions en matière de réglementation sera
appliqué et suivies. Les pharmacies privées pourront même être
homologuées par les mutuelles pour une fourniture ad hoc des
médicaments à leurs patients. Et les médicaments qui seront en
circulation seront ceux acceptés par le réseau des mutuelles dans leur
ensemble à travers le pays .Les pharmaciens qui travailleront au sein
des confessions ne rencontrerons pas des difficultés pour leur
intégration dans ce système, car ils y travaillent déjà.
Aujourd’hui regarder autour de nous, nos voisins ne connaissent pas
de désordre dans ce secteur car l’Etat a mis au point un système
des mutuelles sanitaires dont la gestion du médicament est contrôlé
par les pharmaciens œuvrant au travers de ces mutuelles. Ce sont même
les mutuelles qui aident le ministère de la santé au contrôle
d’entrée des médicaments. Les pharmacies privées existent mais elle
exercent dans la dignité professionnelle. Si un médicament n’est pas
retenu sur la liste des mutuelles celui-ci ne peut être prescrit par
l’ensemble des médecins et prescripteurs sur l’ensemble du pays ,c’est
le cas au Burundi ,au Rwanda .
L’assainissement du secteur pharmaceutique sera réglé lorsque
l’autorité sanitaire aura édicté un code sanitaire qui rendra
obligatoire l’appartenance de chaque citoyen à une mutuelle de
santé. C’est au gouvernement d’aider à la mise en place des
mutuelles pour permettre aux populations d’accéder aux soins
pharmaceutiques et permettre ainsi une meilleure gestion de la
pharmacie dans le pays. Sans cela, nous ne pouvons rien espérer de
très concret .Quand vous fermer une pharmacie il faut la remplacer
par une autre qui soit régulièrement établie autrement on aura pas
résolu le problème. L’assainissement pharmaceutique est un maillon
dans un système sanitaire délabré. Il faut revisiter notre système
sanitaire et le réadapter aux conditions du moment.
Concrètement on peut appartenir à une mutuelle qui répond à
l’identité de la personne suivant qu’on est agent ou fonctionnaire
de l’Etat, agent et cadre d’entreprise du portefeuille, agent d’une
entreprise privée ou membre d’une confession religieuse
Au niveau de la fonction publique la mutuelle peut être constituée en
faveur des agents et fonctionnaires de l’Etat
Au niveau des entreprises du portefeuille, une mutuelle peut être
constituée au niveau nationale en faveur des agents et cadre des
entreprises du portefeuille.
Pour les entreprises privées l’INSS ou la SONAS peuvent chacun en ce
qui le concerne monté une mutuelle en faveur des agents et cadre
des entreprises privées ou des indépendants qui s’y affilient.
Quand aux personnes démunies la tâche de constituer les mutuelles
peuvent être confiée aux confessions religieuses e t celles –ci
pourront être subventionnées par le Gouvernement bien que les
adhérents puissent verser leur cotisations.
Les avantages sont qu’avec les mutuelles il y aura l’existence
effective dans tous les pays des pharmacies régulièrement installées
par les mutuelles. Ce qui rendra le médicament disponible et
accessible à tous les niveaux .
Les pharmacies privées régulièrement autorisées à fonctionner
existeront et pourront travaillé en collaboration avec les mutuelles.
Le contrôle des médicaments en circulation aura une traçabilité non équivoque.
Les achats des médicaments peuvent se faire par appel d’offre local ou
internationale
La liste des spécialités pharmaceutiques en usage dans le pays sera
connue et les médecins n’auront qu’à prescrire le médicament qui
peut être dispensé par les pharmacies des mutuelles car celui là
qui sera remboursé.
Le répertoire national des médicaments sera édicté
L’autorité de la réglementation aura le loisir de réunir les
pharmaciens et médecins responsables des mutuelles pour des
consultations régulières sur la révision des listes de médicaments
susceptibles d’être soustrait du répertoire nationale.
Ce ne sont quelques avantages que je viens d’énumérer il y en a tant d’autres
Enfin retenons que le désordre dans le secteur pharmaceutique est lié
aux difficultés auxquelles sont confrontées nos populations à
accéder aux soins pharmaceutiques en particulier et aux soins
sanitaires en général.
Voici ma modeste réflexion contribution sur le règlement du problème
de l’assainissement du secteur pharmaceutique.
ALEXIS LIKANGO LISELELE
Pharmacien
PRESIDENT HONORAIRE DU CONSEIL DE L’ORDRE DES
PHARMACIENS DE LA RDC