[Rapport disponible à cette adresse :
http://www.action.org/site/publications/swaps CB]
Afrique: les programmes de santé de la Banque mondiale inefficaces
WASHINGTON - Les programmes de santé de plusieurs milliards de dollars mis
en oeuvre en Afrique subsaharienne depuis dix ans par la Banque mondiale et
ses partenaires ont été largement inefficaces, affirme un rapport publié
mercredi dans le cadre d'un projet de la fondation Gates.
Selon ce document intitulé, "Aide sans résultat", fruit d'une recherche du
groupe ACTION consacré à la lutte contre la tuberculose et financé par la
Fondation Bill et Melinda Gates, il n'y a guère d'indices permettant de
conclure que l'approche adoptée par la Banque mondiale est un succès.
Cette approche sectorielle, dite "SWAps" (sector-wide approaches) a été
créditée d'avoir amélioré la situation sanitaire dans les pays à bas revenus
en Afrique subsaharienne, ce qui n'est pas exactement le cas, selon le
rapport.
ACTION (Advocacy to Control TB Internationally) a particulièrement examiné
l'utilisation des SWAps pour contrôler la tuberculose.
Il est apparu que la Banque mondiale et ses partenaires n'ont pas prêté
suffisamment attention à l'amélioration du contrôle de cette maladie
infectieuse entre 2001 et 2008 dans leurs projets de développement
sectoriel.
Ces programmes, dans des pays où les cas de tuberculose sont nombreux,
prévoient rarement des mesures spécifiques à la fois pour détecter dans la
population les personnes atteintes et pour les soigner: le taux de réussite
en la matière ne dépasse pas 20%.
Or, cette maladie infectieuse connaît de nouveau une forte incidence qui
devient un problème sanitaire mondial requérant des mesures efficaces de
contrôle, soulignent les auteurs du rapport.
En 2008, on a dénombré 9,4 millions de nouveaux cas de tuberculose et 1,8
million de décès dont 44% en Afrique, où la majorité des personnes infectées
n'a pas été diagnostiquée.
Alors qu'en Asie, la Banque mondiale a déployé des efforts de contrôle de la
maladie grâce à des investissements importants ciblant spécifiquement la
lutte contre la tuberculose, en Afrique la Banque mondiale a suivi une
approche sectorielle plus diffuse, selon le rapport.
"Malheureusement, ce rapport montre que les soutiens financiers importants
de la Banque mondiale et des agences spécialisées dans la santé en Afrique
n'améliorent pas la situation sanitaire des pays africains les plus
pauvres", déplore Richard Skolnik, ancien responsable des programmes santé,
nutrition et population de la Banque mondiale pour l'Asie du Sud, un des
co-auteurs de ce document.
"Etant donnée la crise économique mondiale, il est aujourd'hui encore plus
essentiel que jamais de nous assurer que les fonds de l'aide soient bien
utilisés et produisent les résultats attendus", a-t-il ajouté.
La publication de ce rapport coïncide avec la prochaine conférence des pays
donateurs durant laquelle la Banque mondiale va s'efforcer d'obtenir
plusieurs milliards de dollars de nouveaux fonds "en faisant valoir que son
assistance est plus que jamais nécessaire" dans le contexte de crise
mondiale, a relevé Paul Jensen, un analyste du projet ACTION et autre
co-auteur du rapport.
"Les gouvernements donateurs de la Banque mondiale doivent exiger que les
fonds destinés à l'aide en Afrique produisent de meilleurs soins de santé
pour les plus pauvres", a-t-il insisté, ajoutant que pour cela, "des
changements importants doivent être faits dans l'approche sectorielle" de
l'institution de développement.
En fait, soulignent les auteurs de ce rapport, le groupe d'évaluation
indépendant des programmes de la Banque est récemment parvenu aux mêmes
conclusions concernant l'efficacité de cette approche sectorielle en matière
d'aide en Afrique subsaharienne.
Selon ce groupe, seulement quatre des onze projets de santé menés dans le
cadre de cette approche sectorielle ont produit des résultat satisfaisants
par rapport à leurs objectifs.
(©AFP / 09 juin 2010 06h01)