La Banque mondiale redoute une crise financière des systèmes sanitaires
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26 mai 2006 - PANAPRESS
Un nouveau rapport de la Banque mondiale met en garde contre le risque de
voir les systèmes sanitaires du monde entier confrontés à des difficultés
liées à la prise en charge de la forte hausse des coûts, pendant que les
pays se débattent contre le problème du VIH/SIDA et sont sous la menace
d'une possible épidémie de grippe aviaire.
Le rapport, intitulé "Health Financing Revisited -A Practitioners Guide",
note par ailleurs que l'important déséquilibre entre les systèmes de santé
des pays riches et des pays pauvres persiste.
Malgré l'intérêt sans précédent de la communauté internationale pour la
santé, en tant que question de sécurité humanitaire et nationale et la
spectaculaire hausse des niveaux de l'aide au développement consacrée à la
santé, trois millions de personnes sont décédées du VIH/SIDA au cours de
l'année dernière, révèle le document de la Banque mondiale, qui indique que
l'espérance de vie moyenne est aujourd'hui de 47 ans en Afrique, alors
qu'elle aurait pu être de 62 ans, sans les ravages du VIH/SIDA.
La tuberculose est une maladie qui se soigne avec des médicaments peu
onéreux et pourtant 5.000 personnes en meurent chaque jour. Il en va de même
pour le paludisme, qui fait 3.000 victimes par jour, essentiellement des
enfants.
Le rapport fait part de graves préoccupations au sujet des efforts
actuellement consentis au plan international pour élargir la portée des
systèmes de soins de santé et, ainsi, améliorer, d'ici 2015, la santé de
millions des personnes appartenant aux couches les plus démunies de la
société, conformément aux Objectifs du Millénaire pour le Développement
(OMD).
L'aide au développement pour la santé a enregistré une hausse au cours des
dernières années, mais les récentes constatations laissent à penser que les
donateurs doivent consentir des efforts plus concertés pour ouvrer avec les
gouvernements à la mise au point de plans de développement et à la mise à
disposition de solides financements à long terme.
Le rapport estime que, pour sa part, la communauté internationale doit
respecter sa promesse d'augmenter de manière substantielle l'aide au
développement et, dans le même temps, de la rendre prévisible et durable.
Les nombreux efforts des donateurs ont contribué à déplacer les priorités en
termes de dépenses nationales, à augmenter les coûts de transaction et à
fragmenter la fourniture des services de santés.
Par ailleurs, il revient aux pays en développement de prendre en charge la
réforme de leurs systèmes de financement de la santé afin de mettre en place
des budgets de fonctionnement suffisants et de veiller à ce que tous les
citoyens aient accès à des soins de santé effectifs.
Selon le rapport, les dépenses de santé enregistrées pour l'année 2002 au
niveau de la planète s'élevaient à 3,2 billions de dollars US, soit 10 pour
cent environ du Produit intérieur brut (PIB) mondial, mais seuls quelque 12
pour cent de cette somme ont été dépensés dans les pays à revenus faibles ou
intermédiaires.
D'un autre côté, les pays à revenus élevés ont dépensé cent fois plus pour
la santé d'un de leurs citoyens que les pays à faibles revenus, alors que
les populations démunies des pays en développement sont dans une situation
difficile, du fait qu'elles supportent 90 pour cent de la charge morbide du
monde.
Selon Jean-Louis Sarbib, vice-président principal du Réseau du Développement
humain de la Banque mondiale, auteur du rapport, le document nous montre
comment les pauvres des pays en développement sont confrontés au risque
quasi-certain d'un effondrement financier en essayant de faire face à des
maladies aux effets catastrophiques, sans pour autant jouir de la protection
financière qu'offrent les systèmes de santé des pays de l'OCEDE.
Il a ensuite expliqué que cette inégalité a des conséquences dramatiques sur
la santé des populations pauvres du monde, étant donné que le fait de tomber
malade d'une affection majeure et de devoir supporter les frais médicaux de
sa propre poche conduit inexorablement à la pauvreté.
Selon le rapport, la réforme du secteur sanitaire est un processus complexe,
et cela quelle que soit la partie du monde concernée.
Si l'expérience internationale montre qu'il existe de nombreux modèles qui
pourraient constituer une source d'inspiration, il n'existe pas une route
unique que pourraient emprunter les pays qui ambitionnent d'offrir des soins
médicaux de qualité à leurs citoyens, soins qui seront également à très
faibles coûts pour les ménages et les économies nationales.
L'aide au développement pour la santé a enregistré une augmentation
significative au cours des dernières années, pour atteindre le chiffre de 10
millions de dollars US en 2003.
La plupart des récentes augmentations ont été enregistrées en Afrique et
elles concernaient des maladies et des interventions individuelles, ce qui
suscite d'importantes interrogations sur la manière de procéder pour obtenir
une augmentation de l'aide consacrée à des maladies spécifiques et le
renforcement du système général de santé.
Le rapport estime que le fait d'affecter l'aide au développement à la prise
en charge de maladies spécifiques peut s'avérer une démarche efficace
lorsque les pays en développement disposent de moyens financiers trop
modestes pour financer leurs budgets de santé.
Cependant, alors que leurs systèmes de santé se développent, la tendance à
la fragmentation excessive des systèmes de santé pour assurer la prise en
charge de chaque maladie peut être à l'origine de gaspillages et
d'inefficacités.