[e-med] Des pseudo-maladies, pour vendre des médicaments, dans le collimateur

Des pseudo-maladies, pour vendre des médicaments, dans le collimateur
PARIS, 10 avr 2006 (AFP)

Il est temps de mettre fin à la "création" de maladies "sponsorisée" par
l'industrie pharmaceutique, selon le Plos Medicine, revue dont un numéro
spécial dénonce le marketing des firmes qui transforment des gens sains en
patients, et gaspille de précieuses ressources pour élargir le marché.

Selon la revue du Plos (Public Library of Science, organisation à but non
lucratif), publiée mardi, l'accroissement indu de la consommation
médicamenteuse a aussi pour conséquence d'augmenter les dégâts iatrogéniques
(effets indésirables dus aux traitements) d'autant plus dommageables lorsque
le bénéfice potentiel du traitement pour la personne concernée est
discutable.

La sortie de ce dossier, accessible sur le net (www.plosmedicine.org)
coïncide avec une conférence internationale (www.diseasemongering.org)
organisée du 11 au 13 avril à Newcastle (Australie) sur la "création" ou de
la "redéfinition" de maladies.

Le dossier décrit le mode de fabrication et de vente de syndromes, de
maladies ("disease-mongering") et autres facteurs de risques supposés
étendre le marché : comment par exemple le concept de "dysfonction sexuelle
féminine" a été forgé au fil du temps alors que sa définition reste floue,
comment grâce au marketing direct auprès du public la dysfonction érectile
s'est étendue, au delà des problèmes rencontrés par les diabétiques ou des
hommes opérés de la prostate, aux banales pannes passagères sans cause
médicale chez l'homme jeune.

Des problèmes sans gravité chez l'enfant sont aussi présentés comme de
sérieux maux : ainsi le psychiatre britannique David Healy aborde la façon
dont des firmes ont "vendu" le trouble bi-polaire (maniaco-dépression),
entraînant une explosion de diagnostics chez les enfants américains,
certains ayant à peine deux ans.

La promotion du "fast food" dans les écoles a suscité de larges débats, mais
pas "l'infiltration des écoles par l'industrie pharmaceutique", déplore
Christine Phillips (Australie, université de médecine, Acton) qui détaille
les modalités de "formation" des enseignants et infirmières scolaires sur
les déficits d'attention liés à l'hyperactivité (ADHD) et leur traitement
par psychostimulants.

Entre 1990 et 1995, les prescriptions de méthylphénidate (Ritaline) chez les
jeunes ont plus que doublé aux Etats Unis, et ont été multipliées par cinq
au Canada. En 2001, cinq millions d'écoliers américains (10%) ont fait leur
rentrée sous calmants (antidépresseurs, neuroleptiques ou médicaments pour
se concentrer comme la Ritaline...), selon des experts américains.

Les rappels à l'ordre des autorités sanitaires face aux dérapages
publicitaires directs ou indirects apparaissent bien faibles au vu de
l'ampleur prise par ces méthodes de vente, selon Plos Medicine.

pourquoi n'applique-t-on pas aussi le concept à certaines maladies dites
émergentes comme Chikungyia présent en Afrique depuis des décennies?

Dr Jean Loup REY
Quartier Le Barry
F. 04180 Villeneuve

(33) 04 92 78 54 60
(33) O6 16 53 83 30

jean-loup.rey@wanadoo.fr