[e-med] Difficultés terribles d'approvisionnement en stupéfiants

Bonjour à tous,

Je reviens tardivement sur le sujet des difficultés d'approvisionnement en stupéfiants. Pour ceux que cela intéresse je mets en lien le site de l'OICS (l'Organe Int. de Contrôle des Stupéfiants) qui publie des rapports annuels très intéressants.
http://www.incb.org/incb/fr/index.html

On y découvre, par exemple les consommations de morphine par pays, et on voit que la morphine est largement sous-utilisée dans les pays d'Afrique francophone. L'Afrique du Sud est bien loin devant les pays du Mahgreb. L'OICS encourage les pays africains à augmenter leurs quotas d'importation de stupéfiants, en particulier la morphine. Il a publié également un manuel sur le calcul des prévisions de consommations (les estimations de besoins).

Par ailleurs, nous pouvons citer en exemple l'Ouganda, qui a changé sa législation sur les stupéfiants en permettant aux infirmières (formées en soins palliatifs et à l'utilisation de la morphine) de prescrire et délivrer de la morphine aux patients en fin de vie qui en ont besoin. C'est sous l'impulsion d'une ONG anglaise Hospice Africa, que l'Ouganda a mis en place des unités de soins palliatifs dans le pays et permis une large distribution de la morphine sous forme de sirop. Le sirop de morphine (10 fois moins cher) est préparé sous forme de préparation magistrale. C'est une préparation simple à réaliser car la morphine sous forme de sel (chlorhydrate ou sulfate) est facilement soluble dans l'eau. Elle est importée du Royaume Uni sous forme de matière première (sel de morphine).
Voici un lien http://www.youtube.com/watch?v=lolH92o_A6c

Pour information, le sirop de morphine est parfois réalisé sous forme de préparation magistrale dans les officines privées du canton de Genève suite aux prescriptions de médecins pour des patients en fin de vie restés à leur domicile.

La morphine continue de faire peur aux médecins, mais aussi aux pharmaciens, aux patients et aux famille de patients. Le meilleur moyen d'aller contre cette peur, c'est la formation du personnel médical et soignant qui ensuite éduquera les patients et leur famille. Trop de patients meurent dans d'atroces souffrances, dues la plupart du temps au cancer ou au sida. Pour pallier au manque de morphine, il faudrait créer des unités de soins palliatifs pour mieux prendre en charge le traitement de la douleur des patients en fin de vie et leur permettre de mourir dans la dignité. Peut-être qu'en créant de telles unités, il est ensuite possible de faire d'avantege pression sur les autorités sanitaires des pays pour qu'ils augmentent leurs achats de stupéfiants.

Ayant moi-même participé à des missions de l'AMCC (Alliance Mondiale Contre le Cancer) à Bamako et Bobo-Dioulasso, j'ai compris à quel point il était difficile de faire augmenter les achats de stupéfiants.

N'empêche qu'aujourd'hui, il existe une tendance plus importante des médecins à vouloir prescrire de la morphine et c'est une avancée.

Quant au Fentanyl, les actes opératoires augmentant dans les hôpitaux et cliniques, cela fait augmenter les besoins pour ce médicament. Et comme ce médicament n'est pas bon marché et qu'il est soumis à des quotas d'importation, les quantités importées sont souvent trop faibles, malheureusment.

En espèrant qu'il y aura des avancées ces prochaines années dans les pays d'Afrique francophone, pour une plus forte consommation de morphine et de ses dérivés.

Cordialement

Dominique Chatelet
pharmacienne d'officine à Genève