[e-med] En Zambie, les effets de la "taxe Chirac"

En Zambie, les effets de la "taxe Chirac"

LE MONDE | 25.07.07 | 13h46 • Mis à jour le 25.07.07 | 13h46
LUSAKA (ZAMBIE) ENVOYÉ SPÉCIAL
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,36-938970@51-938526,0.html
  
Une nuée de journalistes, locaux et étrangers, sont à l'affût. Ce n'est pas
l'issue du tournoi de football qui les préoccupe mais l'arrivée imminente de
Bill Clinton. L'ancien président américain est en effet en tournée en
Afrique, au titre de la Fondation qui porte son nom, pour renforcer la lutte
contre le sida.

S'il reste en deçà des besoins, l'engagement international contre le sida et
les grandes pandémies que sont la tuberculose et le paludisme n'a cessé de
s'amplifier ces dernières années. La Fondation Clinton a lancé, en 2002, une
initiative sur le sida visant à aider les pays en développement à accéder
aux traitements et aux soins de qualité à bas prix. Aujourd'hui, 750 000
malades dans 66 pays reçoivent des médicaments achetés dans le cadre des
accords négociés par la Fondation Clinton avec les laboratoires
pharmaceutiques, multinationales comme fabricants de génériques.

La Zambie compte 11,5 millions d'habitants. Dans ce pays d'Afrique australe,
17 % des personnes d'âge compris entre 15 et 49 ans sont séropositives.
L'Onusida estime que 130 000 enfants sont infectés par le VIH et le nombre
de décès dus au sida a atteint 98 000 en 2006.

7 000 ENFANTS TRAITÉS

En 2003, aucun malade ne recevait de médicament antirétroviral dans le cadre
du système de santé public zambien. Grâce au programme mis en place, en
2004, avec la Fondation Clinton, 93 000 personnes en bénéficient. Parmi eux,
7 000 enfants. Ils n'étaient que la moitié avant le financement apporté par
Unitaid, la "facilité internationale d'achat de médicaments", qui a noué un
partenariat avec la Fondation Clinton.

Créée, en septembre 2006, par la France, le Brésil, la Norvège, le Chili et
la Grande-Bretagne, rejoints depuis par 21 nouveaux Etats membres, Unitaid a
les mêmes objectifs que l'initiative de la Fondation Clinton, à la
différence près qu'elle étend son action à la tuberculose et au paludisme.
Elle calque ainsi son champ d'action sur celui du Fonds mondial mis sur pied
par les Nations unies et s'inscrit dans la poursuite des Objectifs du
Millénaire pour le développement.

Le budget 2007 d'Unitaid, provenant de taxes sur les billets d'avions,
atteint 300 millions de dollars et il devrait être de 500 millions de
dollars en 2008. En 2007, 200 millions de dollars ont déjà été engagés, dont
60 millions alloués à la Fondation Clinton, qui assure la distribution des
médicaments achetés par Unitaid.

Président du conseil d'administration d'Unitaid, Philippe Douste-Blazy s'est
lui-même rendu en Zambie et a notamment visité avec Bill Clinton la
pharmacie centrale de Lusaka, où sont stockés les médicaments achetés grâce
aux deux institutions. L'originalité d'Unitaid est de reposer sur un
mécanisme de financement innovant. En instaurant une contribution de
solidarité sur les billets d'avion, obligatoire comme c'est le cas en France
depuis le 1er juillet 2006 ou sur une base volontaire, les pays engagés dans
Unitaid visent à assurer des ressources pérennes.

Outre cette "taxe Chirac", comme elle est parfois surnommée, des moyens de
financement innovants supplémentaires seraient nécessaires : sur les 7
millions de personnes qui auraient besoin d'un traitement contre le sida
dans les pays en développement, seuls 2 millions y ont accès.

Paul Benkimoun
Article paru dans l'édition du 26.07.07.