Essai d'un vaccin contre le paludisme: des résultats jugés prometteurs
vendredi 15 octobre 2004, 9h16
PARIS (AFP) - Un candidat-vaccin contre la forme la plus grave du paludisme
a donné des résultats jugés encourageants lors d'un essai mené sur des
jeunes enfants au Mozambique, selon une étude paraissant dans la revue
médicale britannique Lancet datée de samedi.
Le paludisme tue plus d'un million de personnes par an dans le monde, dont
90% en Afrique. C'est, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), la
principale cause de mortalité des enfants de moins de 5 ans sur ce
continent.
"Nos résultats montrent que le développement d'un vaccin efficace contre le
paludisme est faisable", estiment le Pr Pedro Alonso et d'autres
scientifiques ayant participé à l'essai, organisé par GSK Biologicals, une
unité du groupe pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline, et le centre de
recherche en santé du district de Manhica (CISM), dans le sud du Mozambique.
La route reste cependant "longue et cahotique" avant d'aboutir, peut-être
"vers 2010", à un vaccin "sûr, efficace et utilisable à grande échelle",
préviennent des experts français, Philippe Van de Perre et Jean-Pierre Dedet
(Université de Montpellier), tout en saluant ces "résultats encourageants"
dans The Lancet.
Déjà testée sur des adultes en Gambie, l'efficacité du candidat-vaccin
RTS,S/AS02A, qui s'attaque au parasite Plasmodium falciparum avant qu'il ne
se multiplie dans le foie et infecte les globules rouges, a fait l'objet
d'un nouvel essai sur environ 2.000 enfants de un à quatre ans, au
Mozambique, entre avril 2003 et mai 2004.
Le vaccin s'est révélé "sûr, bien toléré" et capable de susciter une
réaction immunitaire, soulignent les auteurs de l'essai.
Les enfants, répartis en deux groupes de taille équivalente ont reçu soit
trois injections du candidat-vaccin, soit d'un vaccin contre une autre
maladie (groupe de contrôle), lors de cet essai mené en "double-aveugle" :
patients et personnel médical ignoraient qui recevait le vaccin testé.
Le suivi pendant six mois d'un premier contingent de 1.490 enfants a montré
une efficacité de près de 30% du candidat-vaccin: 123 "premiers épisodes
cliniques" de paludisme ont été recensés parmi les receveurs de trois
injections, contre 159 (soit 36 de plus) au sein du groupe de contrôle.
Plus inattendu, selon les experts, la fréquence des graves crises de
paludisme a été réduite de 58%, voire davantage parmi les moins de deux ans.
Au terme des six mois de suivi, le taux d'infection restait plus faible
(12%) parmi les enfants vaccinés qu'au sein du groupe de contrôle (19%).
Très élevé après les trois injections, le nombre d'anticorps avait chuté de
75% six mois plus tard, mais une protection subsistait.
Dans un autre essai effectué sur environ 400 enfants, le taux d'efficacité
du vaccin pour prévenir une première infection a été évalué à 45%.
Lors de l'essai sur des adultes en Gambie, un taux d'efficacité de 34% avait
été constaté après trois injections et un taux de 47% après un rappel un an
après.
Or, pour assurer une véritable immunité, un vaccin attaquant le parasite à
ce stade de l'infection doit être efficace à 100%, avait reconnu un
responsable des essais chez GSK lors d'un récent colloque à l'Institut
Pasteur à Paris.
Sur une trentaine de candidats-vaccins contre le paludisme actuellement
testés sur l'homme, deux sont en avance sur leurs concurrents, dont celui de
GSK Biologicals. Ils en sont aux essais d'efficacité, mais le succès n'est
pas encore acquis.