Pr Dominique Baudon, Pr du Val-De-Grâce
Bonjour
Paludologue ayant travaillé plus de vingt ans en Afrique, en particulier sur la lutte contre le paludisme je souhaiterais donner une réponse à votre mail sur le vaccin contre le paludisme
"Ce sont les études pilotes qui ont montré l’efficacité « faible et limité dans le temps » de ce vaccin ; ce qui n’a pas été étudiée c’est la faisabilité de la vaccination en condition réelle de fonctionnement des services de santé (nécessité de 4 doses en IM-durée limitée- acceptabilité par la population, approvisionnement…) . Les études pilotes donnent le plus souvent de meilleurs résultats que la stratégie mise en oeuvre sur le terrain.
La Fondation Gates va en ce sens en déclarant qu'elle continuerait à soutenir la recherche sur la meilleure façon d'utiliser le vaccin "historique", mais "les inquiétudes concernant l'efficacité relativement faible, la courte durée et les problèmes d'approvisionnement limité" signifiaient qu'elle ne financerait pas le déploiement.
Peter Sands, directeur du Fonds mondial. A déclaré à propos de ce vaccin que « Ce n'est pas une solution miracle, et c'est relativement cher par rapport aux autres interventions utilisées contre le paludisme » et que "Le problème fondamental avec le paludisme n'est pas vraiment une question d'outils. C'est le fait que nous y dépensons beaucoup trop peu d’argent."
Pour moi, ce vaccin n’est pas suffisamment efficace et la stratégie de mise en oeuvre dans les services de santé, en situation réelle, sera très complexe. Il vaut mieux « mettre plus d’argent » actuellement dans le traitement des cas et dans l’utilisation des moustiquaires, avec dans les deux cas des recherches pour contrer la résistance (insecticides et médicaments). Ces stratégies ont déjà montré leurs efficacités.
Un point du protocole n’est pas clair pour moi. Dans les études pilotes sur la vaccination, on compare des populations vaccinées et non vaccinées ; il faut bien sûr que les autres moyens de lutte classiquement utilisés, soient correctement réalisés dans les deux populations (diagnostic et Traitement des cas de paludisme, utilisation des moustiquaires imprégnées). Cela, éthiquement a du être pris en compte et a peut être crée un biais par l’application meilleures de ces mesures chez les vaccinés.
Pr Dominique Baudon
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