[Intervention extraite du forum de la liste de diffusion mis en place dans
l'organisation de cette conférence. Voir http://www.bamako2008.org/ CB]
Envoyé : samedi 22 novembre 2008 14:37
engagement and ensure accountability in research for health? (24) Sharing
scientific knowledge through publications (13)
Bamako 2008: How can we increase engagement and ensure accountability in
research for health? (24) Sharing scientific knowledge through
publications (13)
Chers Collègues,
Je suis sensible à la question des publications qui nous préoccupe depuis
le lancement de nos échanges. Nous ne devons pas perdre de vue que la
Société de l'Informlation "Information Society" qu'est devenu le monde
actuel n'est pas à l'abri des mécanismes et des pratiques économiques que
le monde occidental a créés, valorisés et littéralement imposés au reste
du monde dit "en développement".
N'oublions pas que chaque Revue scientifique a sa ligne
éditoriale...au-delà des déclarations d'intention. Et bien qu'elle
s'appuie sur des méthodes à vocation d'objectivité, la science n'est pas
neutre, loin s'en faut.
Les Revues scientifiques sont des espaces contrôlés. Les difficultés qu'un
éminent chercheur africain comme Cheikh Anta Diop a eues à faire accepter
et publier ses travaux dans les revues "internationales" se passen=
t de commentaires...
Lors de la Conférence Mondiale de l'Unesco sur la Science à Budapest
(1999),- Nous avons eu le privilège d'en être- le Groupe Africain a
vivement souhaité et obtenu que les connaissances soient perçues comme
patrimoine collectif de l'humanité. Au niveau des résolutions tout au
moins. La réalité est cependant que même les connaissances scientifiques=
sont devenues des produits de marché, commercialisés comme tels. Cela
signifie que l'esprit de bénéfice a infiltré les milieux scientifiques au
détriment de la culture de libre échange et de partage.
La mondialisation n'a pas promu le libre échange des connaissances
scientifiques, mais le protectionnisme. Les brevets et les copyrights sont
là pour l'attester.
La publication des résultats scientifiques est tributaire de cette
réalité: il a même été observé que certains articles que des revues
"internationales" occidentales ont refusé de publier ont été piratés,
plagiés et publiés sous d'autres formes. Bien des chercheurs du Tiers
monde ont ainsi été frustrés de leurs résultats...
Cette observation n'est ni légère, ni gratuite. En somme la bataille de la
suprématie économique du Nord contre le Sud n'épargne pas le terrain
scientifique.
Au lieu de sortir nos mouchoirs, il convient que la communauté
scientifique du tiers monde cherche la meilleure manière de s'organiser,
de se faire entendre déjà de leurs propres pouvoirs nationaux et
régionaux.
L'expertise africaine notamment ne peut plus se laisser tranquillement
traiter de la main gauche. Mais alors qu'ailleurs les décideurs prêtent
une oreille attentive à leurs scientifiques, en Afrique notamment la
science demeure suspecte aux yeux des pouvoirs établis.
Le concept de Diplomatie scientifique que nous développons ailleurs
mériterait attention: il devrait permettre aux hommes de science de
négocier l'écoute des décideurs de leurs pays.
Mais il faudrait déjà que les chercheurs arrêtent de travailler en vase
clos pour des promotions personnelles, et que l'Interdisciplinarité
s'étende sur la transnationalité des projets et programmes de recherche.
.
En dehors de cette approche intégrative et de la régionalisation de la
recherche scientifique, il sera difficile aux chercheurs de la région
Afrique de conquérir la visibilité scientifique dont leur travaux ont
besoin - et qu'ils méritent au demeurant. La difficulté déplorée de
publier dans les revues prétend=FBment "internationales" n'est qu'une arme
supplémentaire dans cette bataille économique internationale oú les
connaissances se vendent et oú les mieux outillés s'organisent pour que
d'autres demeurent des clients consommateurs de science sans jamais se
faire reconnaïtre comme producteurs de connaissances scientifiques.
La question n'est pas polémique, mais elle exige que des analyses sereines
et froides soient menées et suivies de décisions conséquentes. Le
financement de la recherche par les pays du tiers monde est un indicateur
décisif de l'intérêt que nos états accordent à la science. La publication
des résultats de la recherche n'est que la vitrine des politiq=
ues de la recherche mises en place, ou inexistantes dans le Tiers monde.
Le jour oú la communauté scientifique africaine s'organisera en équipes
régionales de recherche sur la base de programmes régionaus et
transnationaux, il y aura quelque chance pour que les masses critiques
ainsi constituées fassent impact. Alors "international" ne signifiera plus
"occidental", mais "entre nations", celles -ci pouvant être d'Afrique, d=
'Asie ou d'ailleurs.
Le reste relève des compétences techniques dont l'Afrique ne manque pas,
puisque nous disposons de collègues largement outillés pour la conception
et la mise en place de réseaux, systèmes et autres mécanismes de mise en
ligne de nos résultats et connaissances.
Il appartient au Tiers monde en général et à l'Afrique en particiulier de
bâtir son label "international", sans exclusion de l'esprit de
collaboration avec nos collègues d'ailleurs...
C'est un choix de vision dans lequel l'Union Africaine a
incontesdtablement un rôle à jouer.
Car la question sensible des publications des résultats de la recherche
scientifique en Afrique ne nous semble pas étrangère à celle de la
gouvernance scientifique, elle-même indissociable de la gouvernance
politi=
que dans le continent.
Prof. Charly Gabriel MBOCK
Directeur de Recherche
Membre du Comité Scientifique
de MOST UNESCO pour l'Afrique
HR4D-net profile: Charly Gabriel Mbock is Director of Research and member
of the Scientific Committee of MOST (Management of Social
Transformations), UNESCO for Africa, Cameroon. charly_mbock AT hotmail.com
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