E-MED: France: situation des g�n�riques en France (2)
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Dans le d�partement de la Marne, la sensibilisation des professionnels de
sant� a permis de r�aliser 23,6 millions de francs d'�conomies en 2000
LE MONDE | 07.09.01 | 10h29
http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3226--220804-,00.html
REIMS (Marne)
de notre envoy�e sp�ciale
Il aura fallu cinq ans pour que la Marne devienne l'un des premiers
d�partements en France dans la prescription de m�dicaments g�n�riques.
Cinq ann�es de partenariat et de multiples r�unions, parfois houleuses,
entre la Caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM) et les professionnels de
sant� � m�decins et pharmaciens � auront finalement permis de r�aliser 23,6
millions de francs d'�conomies en 2000 (sur 1 milliard de francs de d�penses
remboursables de pharmacie). Alain Gautron, directeur de la CPAM de la
Marne, ne cache pas sa satisfaction face aux chiffres obtenus. D�sormais,
dans le d�partement, pr�s d'une bo�te de m�dicaments d�livr�e sur deux est
un g�n�rique. "Il n'est pas possible de mener une politique de ma�trise des
d�penses de sant� sans une collaboration tr�s forte avec les m�decins et les
pharmaciens et sans engager d'action de sensibilisation des assur�s",
insiste M. Gautron.
Tout a commenc� en 1996 par un constat alarmant : les d�penses de pharmacie
dans la Marne avaient augment� de 13 % en deux ans. La CPAM d�cide de lancer
une campagne de sensibilisation intitul�e "Evitons d'en rajouter" �
l'attention du grand public et des professionnels. Parall�lement, un groupe
de travail �tait mis en place afin d'�tudier les ordonnances des plus gros
prescripteurs. L'action porte ses fruits : 35 des 50 m�decins concern�s
acceptent de r�duire leurs prescriptions.
R�sultat : une �conomie de 2 millions de francs est r�alis�e. En 1998, la
CPAM table sur la promotion pour obtenir davantage d'�conomies.
Affiches et d�pliants expliquent aux assur�s sociaux que le g�n�rique est
"un m�dicament identique aux autres mais 30 % moins cher". En partenariat
avec la commission paritaire locale des m�decins g�n�ralistes, la CPAM fait
le pari d'inciter les m�decins � prescrire en utilisant le nom du principe
actif � la place de la marque, c'est-�-dire en d�nomination commune
internationale (DCI).
"La prescription en DCI n'est pas reconnue officiellement. J'ai pris mes
responsabilit�s et j'ai demand� � ma direction nationale de pouvoir lancer
l'exp�rimentation", explique M.Gautron.
"La DCI a permis de trouver un terrain de consensus pour d�samor�er le
conflit opposant m�decins et pharmaciens sur le droit de substitution",
souligne Patrick Fortier, pr�sident du Syndicat des pharmaciens de la Marne.
"D�livrer � un patient un m�dicament d'un nom diff�rent de celui qu'il a sur
son ordonnance n'�tait pas satisfaisant intellectuellement. La solution
c'�tait la DCI", insiste-t-il.
De plus, cela permettait de "lib�rer le m�decin de toute pression
commerciale et de toute contrainte �conomique", ajoute Claude Bertrand,
m�decin-chef de la CPAM. Dans la Marne, le choix de la prescription en DCI a
effac� les divergences syndicales. "La prescription en DCI est une bonne
chose. C'est une d�marche plus scientifique qui donne une clart� plus
importante dans les prescriptions et plus de libert� face au lobby des
laboratoires pharmaceutiques", estime Ren� Nivelet, pr�sident d�partemental
de la CSMF. Pour Jean-Paul Br�l�, son homologue de MG France, il est plus
logique d'"utiliser la mol�cule originale que d'apprendre des noms
commerciaux". De plus, consid�re-t-il, "la prescription en DCI replace le
m�decin et le pharmacien au c�ur de leur profession".
"VRAIMENT LE M�ME PRODUIT ?"
En 1999, la CPAM engage une �valuation individuelle des m�decins. 40 % des
g�n�ralistes acceptent que leurs prescriptions soient �tudi�es sur un mois
pour d�terminer le montant des �conomies que chacun d'entre eux aurait pu
r�aliser s'il avait syst�matiquement prescrit des g�n�riques. La S�curit�
sociale �value l'�conomie possible � 3 800 francs par mois et par m�decin.
Chaque g�n�raliste se voit alors remettre une plaquette comportant le
dictionnaire des DCI.
Actuellement, pr�s de 30 % des g�n�riques d�livr�s dans le d�partement ont
�t� prescrits en DCI (seule ou avec le nom d'un laboratoire), 58 % l'ont �t�
sous nom de fantaisie et 22 % r�sultent d'une substitution par le
pharmacien.
"On ne peut pas dire que le g�n�rique soit facile � vendre", t�moigne
Georges Placet, pharmacien � Reims. "C'est vraiment le m�me produit ?",
"C'est pour faire faire des �conomies � la S�cu ?", "Vous �tes s�r que ce
n'est pas un m�dicament au rabais ?", sont autant de questions
r�guli�rement pos�es par les patients. "Il faut former le personnel de
l'officine et d�finir dans quelles conditions on fait passer le message au
client", explique-t-il. S'il est ais� de substituer un antibiotique
d'urgence, il est beaucoup plus difficile de modifier un antid�presseur ou
un anxiolytique auquel le patient est attach�, ou encore de convaincre une
personne �g�e qui a un traitement depuis plusieurs ann�es de changer la
couleur de son m�dicament. "Il faut prendre le temps d'expliquer, c'est
long, et parfois � 18 heures on n'a plus envie de substituer", conc�de M.
Placet.
Certains clients ne veulent pas en entendre parler, d'autres �coutent
poliment puis finissent par changer de pharmacie. L'attitude diff�re
�galement en fonction des cat�gories sociales. "Les personnes les plus
ais�es exigent souvent le m�dicament �avec une marque�, faisant valoir
qu'ils cotisent suffisamment �pour se payer le traitement le plus cher�.
Ceux qui b�n�ficient de la CMU veulent �tre �trait�s comme les autres� et
demandent le �vrai m�dicament�", constate M. Fortier dans son officine. "Le
g�n�rique reste un combat de tous les jours", assure M. Placet.
S. Bl.
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