Grippe aviaire : l'OMS exhorte les Etats à préparer des plans de lutte
contre une future pandémie
LE MONDE | 14.09.05 | 14h04 . Mis à jour le 16.09.05 | 09h23
ST JULIAN'S (Malte) de notre envoyé spécial
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,36-688841@51-644973,0.html
Le docteur Klaus Stohr, responsable du nouveau département de l'Organisation
mondiale de la santé (OMS) chargé de la lutte contre la future pandémie
grippale d'origine aviaire, a, mercredi 14 septembre, dénoncé l'incurie de
nombreux gouvernements vis-à-vis de ce risque émergent et d'ampleur
planétaire.
S'exprimant dans le cadre de la deuxième conférence européenne sur la
grippe, le docteur Stohr a lancé un appel pour que les responsables
gouvernementaux et sanitaires de chaque pays élaborent des plans nationaux
visant à prévenir au mieux les principales conséquences que provoquerait le
passage dans l'espèce humaine du virus H5N1, responsable de l'épizootie qui
sévit chez des oiseaux dans 12 pays asiatiques.
Rappelant que ce nouveau risque n'a, depuis 1997 et la flambée épidémique de
"grippe du poulet" survenue à Hongkong, jamais pu être contrôlé, le docteur
Stohr a souligné que la menace ne cessait de croître. Après celle de 1918
("grippe espagnole") et celle de 1958 ("grippe asiatique"), la dernière
pandémie ("grippe de Hongkong") date de 1968.
INDICATEURS SCIENTIFIQUES
"Tous les indicateurs scientifiques nous disent que la prochaine pandémie
peut sévir dans les prochains mois ou les prochaines années , explique le
docteur Stohr. Ce type d'événement peut provoquer, en très peu de temps, des
dizaines de millions de morts. Il y a urgence à ce que chaque pays bâtisse
des plans permettant de réduire les possibilités de contagion interhumaine
(notamment grâce au port systématique de masque), d'organiser la prise en
charge des personnes infectées et de maintenir coûte que coûte les activités
indispensables à la survie de la collectivité."
"On ne compte qu'une cinquantaine de pays à avoir réfléchi à cette question
et à avoir défini une série de mesures concrètes ", souligne le responsable
de l'OMS. Les pays a priori les mieux préparés sont la Grande-Bretagne,
l'Australie, les Etats-Unis, le Canada, l'Allemagne, la Slovénie, l'Autriche
et la France.
L'OMS estime à environ 550 millions de dollars la somme nécessaire pour
aider les pays les plus pauvres à bâtir de tels plans. "Nous avons bien
conscience que le risque de passage à l'espèce humaine du virus de la grippe
aviaire n'est pas une priorité sanitaire pour la plupart des pays en
développement , confie le docteur Stohr. Ainsi, au Vietnam, l'un des pays
aujourd'hui les plus touchés par la maladie animale et donc a priori les
plus exposés , on recense chaque année 32 000 décès dus à la circulation
automobile. Pour autant, la menace est d'une telle ampleur qu'elle impose,
de manière urgente, une nouvelle prise de conscience, à la fois nationale et
planétaire."
Jean-Yves Nau
Article paru dans l'édition du 15.09.05