Sénégal: Rokhaya Ndiaye Kandé, chef de la division des stupéfiants et de psychotropes - « Il est temps d'agir contre le marché illicite des dermocorticoïdes »
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Le Soleil (Dakar)
INTERVIEW
6 Avril 2007
Publié sur le web le 6 Avril 2007
Propos recueillis par Idrissa Sané
Le docteur Rokhaya Ndiaye Kandé est chef de la division des stupéfiants et des psychotropes à la direction de la Pharmacie et des Laboratoires du ministère de la Santé et de la Prévention médicale.
Elle tire la sonnette d'alarme sur l'inondation du marché par les dermocorticoïdes. Des médicaments destinés à traiter certaines affections cutanées, mais aujourd'hui utilisés par les femmes pour s'éclaircir la peau, pour ne pas parler de dépigmentation. Sans oublier de remettre en question la qualité de ces dermocorticoïdes du marché illicite. Au cours de cet entretien, elle parle de la réglementation du commerce licite des médicaments et de leur contrôle dans le circuit de l'approvisionnement.
Quels sont les critères d'importation des dermocorticoïdes au Sénégal ?
Il y a 4 grossistes qui importent ces produits au Sénégal. Ce sont seulement les grossistes qui sont habilités à importer les médicaments. Chaque fois qu'ils veulent importer des dermocorticoïdes, ils nous adressent une demande d'autorisation d'importation. La direction de la Pharmacie et des Laboratoires leur établit une autorisation d'importer avec les quantités exactes signées par le directeur. La direction de la Pharmacie a institué ces autorisations d'importation, afin d'avoir une bonne traçabilité du mouvement des dermocorticoïdes. Parce qu'ils sont souvent détournés vers le marché parallèle.
Quelles sont les conséquences de la présence de ces produits en grande quantité sur le marché ?
Ces produits inondent actuellement le marché. Dans tous les marchés, on voit les dermocorticoïdes qui ne coûtent pas cher. On soupçonne que cela doit être de la contrefaçon. Ce qui est grave, les femmes utilisent ces produits pour s'éclaircir la peau.
La dépigmentation comporte beaucoup de conséquences néfastes. Les femmes vivent ces conséquences. Cela pose un problème de santé, entre autres la fragilité de la peau. Elles utilisent ces produits pour faire disparaître les boutons sur le visage. Or, ces produits sont contre-indiqués pour une telle utilisation. Les dermocorticoïdes ne doivent pas être étalé sur une grande surface de la peau.
Comment se fait le contrôle des dermocorticoïdes légalement introduits sur le marché ?
Le commerce licite des dermocorticoïdes est réglementé. Nous avons une bonne " traçabilité " de ces produits. Une fois que nous délivrons une autorisation d'importer, nous pouvons suivre pas à pas le mouvement de ces produits au niveau des officines de pharmacie. Les grossistes approvisionnent les pharmacies. Les pharmaciens reçoivent les ordonnances délivrées par les médecins et avant de distribuer le produit, ils remplissent l'ordonnancier. C'est ce qui permet à l'inspection de la Pharmacie, lorsqu'elle passe dans la pharmacie, d'avoir une vision claire du mouvement de ces produits. Donc, nous n'avons pas de problème de réglementation. Le problème c'est le marché parallèle.
Que faudrait-il faire pour arrêter l'utilisation des médicaments dont la qualité n'est pas avérée ?
Il faut toujours sensibiliser. C'est le médecin qui est seul habilité à délivrer les ordonnances pour dire qu'il faut utiliser tel ou tel médicament. Donc toutes les autres utilisations entrent dans ce qu'on appelle l'automédication. Cela n'est pas bon. Parce que les médicaments sont différents d'un lait de beauté ou d'un bonbon.
Les dermocorticoïdes sont des médicaments. On ne doit pas les utiliser n'importe comment. On doit sensibiliser les populations contre le marché illicite des médicaments.