Ile Maurice: Recherches : Un gel «anti-VIH» testé sur 10 000 femmes
africaines
L'Express (Port Louis)
24 Juin 2006
Publié sur le web le 26 Juin 2006
Port Louis
Plus de la moitié de la population séropositive dans les pays en
développement serait féminine.
Plus de la moitié des personnes séropositives vivant dans les pays en
développement sont des femmes. Et la majorité des 5 millions de nouvelles
infections annuelles chez l'adulte se produisent lors de rapports
hétérosexuels. Ce constat pousse les chercheurs à vouloir mettre au point
des outils de prévention du sida dont les femmes aient la maîtrise.
Une des pistes les plus abouties concerne les microbicides, présentés sous
forme de gel à appliquer dans le vagin avant les rapports sexuels. D'ici à
décembre, plus de
10 000 femmes africaines devraient participer à un essai clinique, le
premier de cette ampleur, pour tester l'efficacité et la sécurité d'emploi à
grande échelle du gel Pro 2000.
Organisé par le Conseil de la recherche médicale (MRC) du Royaume-Uni, cet
essai est financé à hauteur de près de 62 millions d'euros par des fonds
publics.«Nous avons commencé à recruter des femmes en octobre 2005 sur deux
sites, l'un à Johannesburg (Afrique du Sud) et l'autre en Ouganda, explique
le docteur Sheena McCormack, principale responsable du Programme de
développement des microbicides du MRC. En mai, cinq autres sites en Afrique
du Sud et en Tanzanie ont à leur tour entamé leur recrutement et d'autres
centres, notamment en Zambie, feront de même d'ici à la fin de l'année.»
Le Pro 2000 a déjà fait l'objet de tests en laboratoire et d'études chez
l'animal qui ont montré son efficacité contre le virus du Sida, mais aussi
contre d'autres agents d'infections sexuellement transmissibles comme le
virus de l'herpès, les chlamydiae et la bactérie responsable de la
gonorrhée.
L'enrôlement des femmes, toutes séronégatives, dans l'essai a été précédé
d'une longue phase de préparation, menée de 2001 à 2003. «Il n'y a pas eu de
difficultés. Les femmes africaines ont le plus souvent une meilleure
connaissance de leur anatomie que les femmes des pays occidentaux. Elles ont
l'habitude de faire leur toilette vaginale avec leurs doigts», commente le
docteur McCormack.
La moitié des participantes expérimentera le produit, tandis que l'autre
moitié aura un gel placebo. Certaines voix se sont élevées pour critiquer
cette procédure qui laisserait des femmes sans protection, mais les
responsables de l'essai s'en défendent. «Toutes les femmes qui prennent part
à l'essai sont dûment informées et bénéficient de conseils sur la
prévention, notamment sur l'importance d'utiliser des préservatifs. Il est
indispensable d'évaluer l'efficacité des microbicides avant de les diffuser
largement», plaide le docteur McCormack. L'étude devrait se terminer d'ici à
2010.
Les préservatifs protègent contre les virus liés au cancer utérin
Le préservatif masculin est une protection très efficace contre les
papillomavirus (HPV) transmis sexuellement et responsables de la grande
majorité des cancers utérins, selon une étude publiée récemment dans le «New
England Journal of Medicine» (Nejm).Cette étude a suivi médicalement pendant
trois ans 82 étudiantes depuis leurs première relation sexuelle. Celles dont
le partenaire utilisait toujours un préservatif ont eu 70 % moins de risques
de devenir infectées avec des HPV, comparativement à celles dont le
partenaire recourrait au préservatif moins de 5 % du temps lors des
relations intimes, indique cette recherche conduite par des scientifiques de
l'Université de Washington (nord-ouest des États-Unis).
Les HPV, responsables de 70 % des cancers du col de l'utérus, des verrues
génitales et vaginales, et des cancers de la vulve, de l'anus et du pénis,
sont les pathogènes les plus transmis sexuellement. Quelque 80 % des jeunes
femmes sont infectées da ns les cinq ans après être devenues sexuellement
actives, soient environ 630 millions au total dans le monde. Les
préservatifs masculins se sont montrés très efficaces pour empêcher des
grossesses et l'infection par le virus responsable du Sida. Cette étude
montre pour la première fois, selon ses auteurs, que le préservatif est
aussi une très bonne protection contre les HPV. Cette étude est publiée dans
un contexte d'affrontement idéologique intense aux États-Unis entre les
groupes religieux conservateurs, qui cherchent à promouvoir l'abstinence
comme seule méthode de contraception.