[e-med] Inquiètudes et réserves face à une souche trèsrésistante du VIH

Inquiètudes et réserves face à une souche très résistante du VIH

LEMONDE.FR | 13.02.05

Certains spécialistes éminents de la maladie restent prudents. "Il n'y
a absolument aucune preuve qu'il s'agit d'un super virus", estime, par
exemple, le Dr Robert Gallo, directeur de l'institut de virologie
humanine de l'université du Maryland.

Une souche du virus du sida particulièrement résistante a été
découverte à New York, ont prévenu les autorités sanitaires de la
ville. Cette souche aurait été diagnostiquée pour la première fois sur
un habitant de New York, un homme âgé d'une quarantaine d'années, qui a
développé la maladie peut-être deux ou trois mois après avoir été
infecté par le virus. Le délai n'aurait, en tout cas, pas excédé
vingt mois.

La souche a résisté à trois des quatre classes de traitement antisida, ont précisé les autorités de santé, qui ont demandé aux hôpitaux et aux
médecins de rester en alerte.

Le patient, homosexuel, avait de multiples partenaires et consommait
souvent du crystal méthamphétamine, un puissant stimulant appelé aussi
ice, ou speed.

Le Dr David Ho, chef du centre de recherche Aaron Diamond sur le sida
à New York, a qualifié le cas d'"alarmant" et appelé à la plus grande
vigilance.

"AUCUNE PREUVE QU'IL S'AGIT D'UN SUPER VIRUS"

Mais certains spécialistes éminents de la maladie restent prudents. "Il
n'y a absolument aucune preuve qu'il s'agit d'un super virus", a ainsi
estimé le Dr Robert Gallo, directeur de l'institut de virologie
humanine de l'université du Maryland. De plus, selon lui, rien
n'indique que le virus en question pourrait se transmettre. "Ce n'est
pas nouveau et il est très probable que ce virus n'ira nulle part",
a-t-il estimé, ajoutant que cette appréciation pourrait changer s'il
existait de multiples cas.

Le Dr John Moore, chercheur à l'université de Cornell, a fait lui
aussi preuve de prudence. "Est-ce que cette souche en particulier
modifie complètement la donne ? Je ne crois pas", a-t-il dit. "Plutôt
qu'un super virus, cela pourrait se transformer en pétard mouillé." Il
a ajouté que le HIV résistant à plusieurs traitements se transmettait
beaucoup plus difficilement que les souches non résistantes.

Sandra Mullin, porte-parole du département de santé de New York, a
néanmoins défendu la gestion du cas par ses services, soulignant que
"ce n'est pas une annonce que nous avons faite à la légère. (...) Nous
avons posé beaucoup de questions, nous avons pratiqué de nombreux tests
en laboratoire, nous avons procédé à de nombreuses vérifications.

  Avec Reuters