[e-med] L'artémisinine pourrait être produit en quantité importante

pour en savoir plus :
http://www.fu-berlin.de/en/presse/informationen/fup/2012/fup_12_010/index.html
http://www.mpikg.mpg.de/english/cont_issues/news/pm20120117/index.html

Un antipaludéen, l’artémisinine, pourrait être produit en masse
Par Janlou Chaput, Futura-Sciences
http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/medecine/d/un-antipaludeen-lartemisinine-pourrait-etre-produit-en-masse_36176/

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Des chimistes de l’institut Max Planck et de l’Université libre de Berlin viennent de refaire renaître l’espoir de produire cette artémisinine à moindre coût en découvrant une nouvelle façon plus efficace de synthétiser le principe actif. Leurs résultats ont été publiés dans la revue Angewandte Chemie.

Lors de l’extraction d’1 kg d’artémisinine, on récupère en parallèle 10 kg d’une molécule voisine, appelée acide artémisinique, dont on se débarrassait parce que sa conversion en artémisinine n’était pas rentable. Les chercheurs allemands ont essayé d’empêcher ce gaspillage et d’utiliser cet acide végétal pour trouver une nouvelle voie, moins coûteuse, pour synthétiser le principe actif.

On peut voir ici le schéma simplifié de la synthèse d'artémisinine à partir de l'acide dihydroartémisinique. Les principales différences entre ces deux molécules apparaissent au niveau du nombre d'atomes d'oxygène, qui viennent former des cycles supplémentaires.
On peut voir ici le schéma simplifié de la synthèse d'artémisinine à partir de l'acide dihydroartémisinique. Les principales différences entre ces deux molécules apparaissent au niveau du nombre d'atomes d'oxygène, qui viennent former des cycles supplémentaires. © Seeberger et Lévesque, Angewandte Chemie

L’artémisinine obtenue en moins de 5 minutes

La réaction de transformation de l’acide artéminisique en artémisinine implique la mise en place d’un pont (une liaison covalente) entre deux atomes d’oxygène sur l’un des trois cycles que comprend la molécule, car c’est ce groupement dit endoperoxide qui confère au produit végétal son pouvoir actif.

Dans un premier temps, l’acide artéminisique est réduit en acide dihydroartémisinique. Ce produit de la réaction est placé dans un tube fin en présence d’oxygène, le tout entouré d’un flux continu de rayons lumineux. On laisse mijoter 4 minutes 30 et on obtient de l’artémisinine à un rendement de 40 %.

Des traitements moins onéreux contre le paludisme

En une journée, les chercheurs peuvent produire jusqu’à 800 g, mais espèrent améliorer les procédés pour passer à 2 kg quotidiens dans trois mois. Autre point sombre en passe d’être résolu : le prix du réactif. Il avoisine actuellement les 60.000 $ (46.000 €), mais un nouveau composé identique pourrait être vendu prochainement 5 à 6 fois moins cher.

Cette découverte abaisserait probablement les coûts de production, ce qui se répercuterait sur le prix de vente des thérapies antipaludéennes, contribuant à sauver davantage de vies humaines. Cependant, un problème capital n’est pas encore réglé. Il faut laisser 14 mois à la plante avant d’en extraire les molécules d’intérêt. De ce fait, les prix sont très changeants, ce qui a conduit de nombreux agriculteurs à se détourner de cette culture. Et sans producteur primaire, tous les progrès accomplis deviennent compromis.