L'Asie en passe de devenir le premier laboratoire pharmaceutique du monde
Par Antoine Duroyon - le 23/05/2007 - Agefi.fr
Une demande en plein essor et des conditions de production avantageuses vont faire de l'Asie le centre névralgique de l'industrie pharmaceutique
Ranbaxy, Dr Reddy's, Cipla... Lors de la vente de la division de médicaments génériques de Merck, finalement remportée par l'américain Mylan, ces trois laboratoires indiens se sont fait remarquer avec insistance. Un signe de la montée en puissance de nouveaux acteurs venus du continent asiatique. Selon le cabinet PricewaterhouseCoopers, qui a interrogé 185 multinationales et groupes locaux, l'Asie va devenir le cœur du marché mondial du médicament dans les années à venir. Plus d'une multinationale sur deux (55 %) pense ainsi que le centre de gravité du secteur mondial de la pharmacie sera, dans un avenir proche, le continent asiatique plutôt que l'Amérique du Nord et l'Europe. 62 % des sociétés locales partagent cet avis. Une prédominance qui va concerner aussi bien le marché lui-même, grâce à une demande en forte progression, que la production et la recherche-développement (R&D). Pour ne pas rater le coche, les forces en présence s'organisent. "Les multinationales sont de plus en plus attirées par la mise en place de capacités de R&D et la conduite d'essais cliniques dans certains territoires asiatiques", explique Matthew Wyborn, consultant chez PwC. Les exemples ne manquent pas. Novartis a dévoilé fin 2006 un investissement de 100 millions de dollars dans un nouveau centre de R&D à Shanghaï, à deux pas de celui de son compatriote Roche. Une initiative précédée de quelques mois par AstraZeneca, également pour un montant de 100 millions de dollars. Et cette tendance devrait perdurer. Le tiers des multinationales sondées a des projets en Asie pour l'année qui vient, que ce soit au travers d'acquisitions ou par le développement de nouveaux sites. L'étude souligne également un recours croissant à l'externalisation, qui va au-delà de la simple production et touche la R&D, les essais cliniques et les services d'analyse. "Au même moment, les groupes pharmaceutiques originaires de la zone cherchent à agrandir leur couverture géographique pour devenir des acteurs pan-régionaux ou mondiaux", ajoute Matthew Wyborn. La Chine, l'Inde et Singapour devraient mener la danse dans les prochaines années. Pour l'heure, c'est l'Inde qui s'est lancée avec le plus d'énergie dans la bataille. 48 % des groupes pharmaceutiques indiens se disent en quête d'acquisitions, contre 31 % à Singapour et 17 % en Chine.