[e-med] Le Br�sil, pirate humanitaire

E-MED: Le Br�sil, pirate humanitaire
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Le Br�sil, pirate humanitaire
Comment l'Etat encourage la fabrication de g�n�riques.
Par CHRISTIAN DUTILLEUX, Lib�ration
Le vendredi 12 mai 2000

A Rio de notre correspondantu Br�sil, les m�dicaments utilis�s dans le
traitement du sida sont en moyenne cinq fois moins chers que dans le reste
du monde. C'est le r�sultat d'une sorte de �piratage humanitaire� men� par
le minist�re de la Sant� au nom �des droits de l'homme des patients�.

Fait rare dans ce pays, Brasilia place ainsi les int�r�ts de la population
avant ceux des multinationales. Haro sur les brevets. Ce bras de fer avec
les g�ants de l'industrie pharmaceutique se d�roule sur le fil de rasoir de
la l�galit� internationale, le Br�sil ayant su habilement tirer profit de
toutes les br�ches juridiques.

La bataille a commenc� en 1994. Le petit laboratoire pharmaceutique de
l'Etat de Pernambouc, le Lafepe, est alors le premier au monde � oser copier
l'AZT, dont l'anglais Glaxo Wellcome d�tient le monopole. A cette �poque, le
pays ne reconna�t pas les brevets internationaux. �Dans notre pays, 40 % de
la population n'a pas les moyens d'acheter des m�dicaments�, explique le
professeur Pedro Rolin, directeur de technologie industrielle du Lafepe.
�Nous devons donc trouver des moyens de faire baisser les prix des
m�dicaments pour les rendre accessibles au plus grand nombre.�

Les industries pharmaceutiques, am�ricaines en t�te, r�agissent alors au
piratage g�n�ralis� de leurs produits en exigeant l'adoption d'une
l�gislation sur la propri�t� des brevets, sous peine de geler leurs
investissements dans le pays. Adopt�e au Parlement en 1997, cette loi ne
prot�ge toutefois que les nouveaux m�dicaments et pas ceux qui �taient d�j�
sur le march� avant sa promulgation. Suivant l'exemple du Lafepe, et sous
impulsion du minist�re de la Sant�, une demi-douzaine de laboratoires
publics produisent aujourd'hui une dizaine d'antir�troviraux (1).
Cons�quence, leurs prix s'effondrent.

Le minist�re de la Sant� est le premier concern� puisque la l�gislation lui
impose de distribuer gratuitement les m�dicaments contre le sida. En vigueur
depuis 1996, cette mesure a permis de r�duire de moiti� les d�c�s et de 80 %
les hospitalisations provoqu�es par des maladies opportunistes (2). Pour
l'an 2000, le budget du programme f�d�ral contre le sida est de 800 millions
de reais (3,2 milliards de francs). Sans cette production parall�le, il
devrait �tre multipli� par cinq!

Le march� des mol�cules.
En g�n�ral, les laboratoires publics br�siliens ach�tent leurs mol�cules de
synth�se, � la base des principes actifs des m�dicaments, sur le march�
international. Quand celles-ci sont prot�g�es par un brevet, les Br�siliens
vont faire leurs emplettes en Inde ou en Cor�e. Le docteur Eloan Pinheiro,
responsable du centre pilote de recherche de Far-Manguinhos � Rio, a ainsi
�t� envoy�e � New Delhi par le ministre de la Sant�. Selon elle, �les
conditions de production des Indiens sont tr�s bonnes. Ils ont r�ussi �
r�unir une concentration impressionnante de docteurs en chimie qui
travaillent selon les normes sanitaires des laboratoires am�ricains. Ils ont
eux aussi d� adopter une l�gislation concernant les brevets mais, dans le
cas des mol�cules, elles n'entrera compl�tement en vigueur qu'en 2005�.

La course aux g�n�riques.
En attendent, les Br�siliens en profitent. Et la recherche progresse. Le
Lafepe pr�voit le lancement dans les prochains mois des premiers inhibiteurs
de prot�ase (3). Far-Manguinhos a fait r�aliser par l'universit� de Campinas
(Unicamp) deux tests de bio�quivalence. Son m�dicament utilisant le principe
actif de la didadosine s'est r�v�l� plus efficace que le m�dicament
original, le Videx, fabriqu� par Bristol. L'autre, � base de la lamivodine,
est de m�me qualit� que l'Epivir, produit par Glaxo. Ces tests vont �tre
g�n�ralis�s � tous les m�dicaments contre le sida. Progressivement, ils
obtiendront ainsi l'�tiquette de �g�n�riques�, le grand cheval de bataille
du minist�re de la Sant�. A terme, ils pourront �tre vendus � l'�tranger.

Le seul antir�troviral utilis� au Br�sil, et prot�g� par la nouvelle loi sur
les brevets, est le Nofinavir. La loi exige qu'il soit fabriqu� au Br�sil au
maximum trois ans apr�s son introduction sur le march�. Ce d�lai expire en
2001. Sans production locale, le fabricant sera alors tenu de fournir sa
formule et d'en permettre la reproduction, moyennant le paiement de
royalties. Cette clause, qui n'a encore jamais �t� appliqu�e, fait l'objet
d'une plainte d�pos�e � l'OMC par l'industrie pharmaceutique am�ricaine.

(1) Mol�cules qui agissent contre le VIH. (
(2) Maladies qui se d�veloppent au cours de l'infection.
(3) Mol�cules antivirales qui agissent � un moment donn� sur la reproduction
du virus.

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