E-MED: Le Br�sil en croisade contre les lobbies pharmaceutiques
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Le Br�sil en croisade contre les lobbies pharmaceutiques
Brasilia soutient la production de m�dicaments g�n�riques antisida.
Par CHRISTIAN DUTILLEUX
Lib�ration
Le lundi 19 mars 2001
http://www.liberation.com/quotidien/semaine/20010319lunzn.html
�Les Etats-Unis ont un objectif clairement politique en s'attaquant au
Br�sil, qui exerce un leadership international dans ce combat.�
L'ONG ABIA/AIDS, L'Organisation mondiale de la sant� (OMS) et l'Organisation
mondiale du commerce (OMC) ont annonc� hier la r�union, en avril en Norv�ge,
d'un atelier d'experts, pour �tudier les moyens d'am�liorer l'acc�s des pays
pauvres aux m�dicaments essentiels prot�g�s par des brevets, ou � des
m�dicaments g�n�riques (copies).
Les grands laboratoires pharmaceutiques viennent d'entamer un proc�s contre
le gouvernement sud-africain qui veut importer des m�dicaments g�n�riques
contre le sida (Lib�ration du 5 mars). Les Etats-Unis ont d'autre part
attaqu� le Br�sil devant l'OMC pour avoir autoris� la production de
g�n�riques.
Rio de Janeiro de notre correspondant
La politique br�silienne de lutte contre le sida, qui passe par la
production de copies de m�dicaments antir�troviraux, bouscule le march�
pharmaceutique mondial. �Les baisses de prix offertes r�cemment par les
entreprises pharmaceutiques � certains pays africains et toutes les
discussions en cours dans les forums internationaux sur les brevets
d�coulent de la proposition br�silienne faite lors du forum de Durban en
Afrique du Sud�, constate le docteur Paulo Roberto Teixeira, coordonnateur
du programme br�silien de lutte contre le sida. Lors de ce congr�s mondial
sur le sida, l'an dernier, le Br�sil a propos� d'exporter sa technologie de
production de m�dicaments copies des antir�troviraux. En fait, le Br�sil
duplique sept des douze antir�troviraux existants, en profitant d'une br�che
l�gale: ces sept m�dicaments datent d'avant l'adoption au Br�sil de la loi
sur les patentes, en 1998. A Durban, les Br�siliens ont annonc� en
substance: nous aiderons ceux qui veulent copier les m�dicaments.
Activisme. Cette proposition explosive est assortie d'une condition: le pays
demandeur doit adopter la politique de distribution gratuite et universelle
des m�dicaments antisida, telle qu'elle est pratiqu�e au Br�sil. Une
quinzaine de pays (d'Am�rique latine, d'Afrique, la Russie et l'Ukraine)
ont, depuis, envoy� des missions d'observation au Br�sil. L'Afrique du Sud,
le Kenya et la Russie �tudient d�j� l'implantation d'unit�s de production
d'antir�troviraux copi�s dans leur pays. Aucun accord formel n'a encore �t�
sign�.
Le Br�sil ne souhaite pourtant pas devenir exportateur de technologies ou de
g�n�riques. Il veut pousser � la signature d'un accord mondial de r�duction
du prix des m�dicaments, principalement ceux destin�s aux pays pauvres et �
la lutte contre les �pid�mies.
Les Etats-Unis ont r�agi. Le 1er f�vrier, Washington a entam� des poursuites
contre le Br�sil devant l'OMC. La l�gislation br�silienne permet en effet de
suspendre les brevets de m�dicaments dans trois cas: quand ceux-ci ne sont
pas produits pendant trois ans au Br�sil; ou si le prix pratiqu� est abusif;
ou encore si le pays et confront� � une �urgence nationale�.
�Les Etats-Unis ont un objectif clairement politique en s'attaquant au
Br�sil qui exerce un leadership international dans ce combat�, affirme
Richard Parker, pr�sident d'Abia-Aids, une importante ONG br�silienne de
pr�vention et d'information sur le sida.
Selon Richard Parker, �la politique de lutte contre le sida men�e par
Brasilia est l'une des meilleures au monde et toute la soci�t� civile
soutient le gouvernement sur ce dossier�.
�En nous attaquant devant l'OMC, les Etats-Unis ont fait notre pub, s'amuse
le docteur Teixeira. Leur plainte a provoqu� un large mouvement de
solidarit� en notre faveur et le soutien de nombreuses ONG, comme M�decins
sans fronti�res et Oxfam.�
Le Br�sil cherche avant tout � r�duire le co�t d'achat de m�dicaments
antir�troviraux et garantir ainsi la p�rennit� d'un programme tr�s
populaire, d�fendu par le ministre de la Sant�, Jos� Serra, un des candidats
� la succession du pr�sident Cardoso aux �lections de 2002.
Cent mille s�ropositifs br�siliens sont trait�s gratuitement depuis quatre
ans. Les r�sultats sont spectaculaires: les d�c�s ont �t� r�duits de moiti�,
les hospitalisations de sid�ens ont baiss� de 80 %.
Selon une �tude r�cente, le minist�re de la Sant� a �conomis� 422 millions
de dollars (470 millions d'euros) en quatre ans en frais d'h�pitaux li�s aux
maladies opportunistes des sid�ens. Sans compter l'�conomie faite sur la
s�curit� sociale, notamment par la r�duction des aides aux invalides. Mais
chaque ann�e, le Br�sil d�bourse 337 millions de dollars (375 millions
d'euros) pour acheter des antir�troviraux, dont 105 millions (117 millions
d'euros) pour les seuls Efavirenz et Nefinavir, qui sont eux prot�g�s par
des brevets. Du moins pour le moment. Le laboratoire public de Rio
Far-Manguinhos est en effet en train de mettre au point des copies de ces
deux m�dicaments, � partir de mol�cules de synth�se import�es d'Inde.
Profits exag�r�s. Ces copies seront pr�tes en juin. L�galement, le minist�re
pourra les produire en invoquant l'�urgence nationale�. Mais, en mena�ant de
les copier et en connaissant leurs co�ts de fabrication, le docteur Teixeira
cherche surtout � faire baisser les prix. �Le laboratoire Merck, qui produit
l'Efavirenz, vient de nous proposer de baisser son prix de 18 %. Ce n'est
pas une r�duction suffisante. Dans le cas de certains m�dicaments copi�s,
les prix ont chut� de plus de 80 %. L'industrie pharmaceutique a bien s�r le
droit de breveter le fruit de ses recherches et de tirer des b�n�fices de
son activit�. Mais les profits actuels sont exag�r�s.�
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