Le Rwanda lance un plan d'action national pour la promotion du préservatif
KIGALI, 25 jan 2006 (AFP)
Le gouvernement rwandais a pour la première fois lancé en janvier une
campagne nationale pour la promotion du préservatif, afin de "lutter contre
les barrières culturelles et religieuses" et renforcer la lutte contre le
sida, a annoncé mercredi la Commission nationale de lutte contre le sida
(CNLS).
Selon la CNLS et le Centre national de traitement et de recherche sur le
sida (TRAC), le taux de prévalence est de 3% pour l'ensemble de la
population rwandaise, mais atteint 7% dans certains milieux urbains.
"Chaque année, l'usage s'accroît, mais les Rwandais n'utilisent pas encore
assez le préservatif, alors que ce dernier se trouve à la croisée de
plusieurs objectifs de santé et de développement", a expliqué à l'AFP la
secrétaire exécutive de la CLNS, le docteur Agnès Binagwaho.
"Il s'agit de la première politique nationale rwandaise concernant le
préservatif", a-t-elle affirmé.
D'après une enquête réalisée par la CNLS en 2005, seulement 45% des Rwandais
âgés de 15 à 49 ans ont déjà utilisé le préservatif au moins une fois.
Selon cette enquête, "l'usage du préservatif n'est pas très régulier" parmi
la population.
Ce plan d'action pour 2006 prévoit "la promotion de l'usage correct et
constant du préservatif et la lutte contre les barrières culturelles et
religieuses à l'usage du préservatif", selon Mme Binagwaho.
"Ce plan prévoit des séances d'information pour les religieux, le
renforcement des actions dans les prisons, dans les camps de réfugiés,
auprès des prostituées", a-t-elle ajouté.
"Jusqu'à récemment, les milieux ecclésiastiques étaient contre l'utilisation
du préservatif; aujourd'hui, même s'ils sont encore loin de faire sa
promotion, ils ne le combattent plus, ce qui est déjà un pas", a-t-elle
relevé.
Selon Mme Binagwaho, le Rwanda, pays pauvre d'Afrique centrale d'environ 8
millions d'habitants, aura besoin en 2006 d'au moins 20 millions de
préservatifs.
Deux-tiers des femmes violées pendant le génocide de 1994 au Rwanda sont
aujourd'hui séropositives, selon l'association des veuves du génocide
(Avega).
Le génocide a fait, selon l'Onu, environ 800.000 morts, essentiellement
parmi la minorité tutsie.