[e-med] KENYA: Le recyclage des préservatifs souligne les lacunes des programmes de prévention du VIH

KENYA: Le recyclage des préservatifs souligne les lacunes des programmes de prévention du VIH

ISIOLO, 4 avril (IRIN) - Des images dans les médias d'hommes lavant des préservatifs pour les réutiliser, dans le nord du Kenya, ont souligné la nécessité d'améliorer la communication sur le VIH et de suppléer aux manques de fournitures de préservatifs dans les zones rurales.

Des chaînes de télévision locales ont récemment montré des images d'hommes à Isiolo, situé dans une région rurale au nord du Kenya, lavant des préservatifs et les suspendant pour qu'ils sèchent ; ces hommes ont déclaré que le prix des préservatifs était si élevé qu'ils ne pouvaient pas se permettre de les utiliser pour une fois seulement. Dans le village, d'autres hommes ont dit que quand ils ne pouvaient pas avoir de préservatifs, ils utilisaient des sacs en polyéthylène, voire même des lambeaux de tissus, lors des rapports sexuels.

Les préservatifs masculins sont destinés à un usage unique ; le fait de les laver et de les réutiliser fragilise le latex, augmentant les risques de déchirure et les risques de grossesse non-désirée et d'infections sexuellement transmissibles, y compris le VIH. Le lavage des préservatifs dans de l'eau sale ajoute également des risques supplémentaires d'autres maladies.

Les préservatifs sont gratuits dans les centres de santé gouvernementaux, mais dans le Kenya rural, ces centres sont peu nombreux, éloignés les uns des autres et peu fiables au niveau de l'approvisionnement.

« Dans le pays, de nombreuses zones rurales sont inaccessibles à cause du mauvais état de l'infrastructure routière et cela rend la distribution de préservatifs difficile et pleine de défis », a dit Peter Cherutich, responsable de la prévention au Programme national de contrôle du sida et des infections sexuellement transmissibles (NASCOP). « Comme les préservatifs du gouvernement sont pour la plupart disponibles dans les services de santé, et qu'il n'y en a pas beaucoup dans les zones rurales, cela crée un autre défi pour la distribution ».

M. Cherutich a dit que la réutilisation des préservatifs démontrait que le gouvernement devait se montrer plus créatif dans la sensibilisation pour un usage approprié.

Hosea Motoro, 37 ans, sait qu'il risque de transmettre le VIH à celle qui est son épouse depuis sept ans s'il n'utilise pas un préservatif. « Je sais que je suis séropositif mais je ne veux pas transmettre le VIH à ma femme, et je sais que si j'utilise un préservatif, elle est en sécurité. Et aussi, nous ne voulons pas d'enfant parce que nous en avons déjà cinq et c'est assez pour nous », a-t-il dit.

Habituellement, M. Motoro parcourt cinq kilomètres à pied jusqu'au centre de santé le plus proche pour avoir des préservatifs, mais parfois ils sont en rupture de stock.

« Quand vous y allez et que vous avez la chance d'avoir [des préservatifs], vous les utilisez, puis vous les lavez et vous les utilisez à nouveau », a-t-il ajouté. « Mais ceux qui sont lavés sont très difficiles à enfiler et je ne sais pas s'ils protègent comme les neufs ».

Joséphine, son épouse, trouve que les rapports sexuels avec un préservatif usagé ne sont pas agréables, mais elle pense que c'est mieux que sans préservatif. « C'est rugueux, mais que faire quand on sait qu'il est séropositif - vous ne voulez pas avoir le VIH mais vous devez avoir des rapports sexuels avec lui », a-t-elle dit.

Pénurie de préservatifs

Récemment, le ministère de la Santé a dit que le pays faisait face à une pénurie aigüe de préservatifs à travers l'ensemble du pays ; il a demandé au PEPFAR, le Plan d'urgence du président américain pour la lutte contre le SIDA, la fourniture de 45 millions de préservatifs.

Selon Shahnaaz Sharif, le directeur de la Santé Publique au ministère de la Santé, l'actuelle pénurie de préservatifs peut être en partie imputée aux ruptures d'approvisionnement.

« Nous avons vraiment besoin d'améliorer l'approvisionnement des produits de santé comme les préservatifs afin de réduire les cas de pénuries qui mettent en danger la vie des gens », a-t-il dit. « Nous avons commencé à renforcer les systèmes de commandes et mis en place des plans de prévisions des produits pour enrayer les pénuries inutiles ».

Julia Naselenko, coordinatrice du Réseau des communautés pastorales, une organisation communautaire à Isiolo, a dit que le recyclage des préservatifs montrait à quel point les gens étaient désespérés, pour réussir à avoir des relations sexuelles protégées. Elle a dit que le gouvernement devait se montrer innovant pour fournir des préservatifs aux villages les plus isolés.

« Acheter des voitures, cela pourrait ne pas être d'une grande aide, car il y a [des régions] où même les voitures ne peuvent pas accéder», a-telle dit. « J'aimerais qu'ils puissent utiliser des bicyclettes pour distribuer les préservatifs, et ensuite il y a des responsables de la communauté, qui sont respectés, dont les maisons pourraient être utilisées comme des points de distribution et d'accès ».

Selon le ministère de la Santé, la demande de préservatifs a plus que doublé durant les sept dernières années, passant de huit millions à 20 millions par mois. Cependant, l'Analyse des modes de transmission au Kenya effectuée en 2008 (Kenya Modes of Transmission Analysis 2008) montre qu'en 2006 et 2007, sept millions de préservatifs ont été distribués chaque mois, n'atteignant 10 millions ou plus que durant seulement six de ces 24 mois.

Selon le Plan stratégique national du Kenya de lutte contre le SIDA 2009-2013, le gouvernement vise à distribuer 28 millions de préservatifs par mois d'ici 2013.

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Stigmatisation. Ne pas se tromper de combat.
Madame Nora Berra, Secrétaire d'Etat à la Santé, aurait déclenché la colère des
associations de lutte contre le sida après avoir déclaré :« La loi ne discrimine
personne mais prend en compte les données épidémiologiques, selon lesquelles par
exemple l'homosexualité est un facteur de risque pour le VIH. »
Voici les quelques réactions que j’ai lues :
« Alors que le Sidaction se termine ce dimanche soir, certains semblent encore
penser que le Sida est une maladie plus ou moins réservée aux homosexuels. C'est
grave et cela prouve qu'il faut continuer la prévention et l'information sur
cette maladie. »
« La secrétaire d'État Nora Berra a fait devant le Sénat des déclarations qu'on
pensait ne plus entendre en 2011 »

« On sait très bien qu'il n'y a pas de population à risque, il n'y a que des
pratiques à risque. »
S’il n’y a pas de personne à risque, s’il n’y a que des comportements à risque,
le malade est donc coupable et non victime ? En arriverait-on alors à
stigmatiser les personnes atteintes, victimes, du VIH Sida. Comportement à
risque de naitre d’une mère séropositive ? Comportement à risque de devoir être
polytransfusé ? Comportement à risque d’être victime de viol ? victime d’une
agression à la seringue ou d’un accident d’exposition au sang, professionnel ou
non ?
N’y aurait-il pas quelque hypocrisie à vouloir à tout prix dénoncer l’homophobie
là où l’on parle d’épidémiologie, au risque de stigmatiser les malades et les
victimes ?
Il n’y a aucune stigmatisation ni discrimination à refuser en Europe le don de
sang d’un voyageur rentrant d’Afrique Noire ou de toute autre zone d’endémie
palustre, simplement au regard des données épidémiologiques et de la notion
purement statistique de « risque ». Pourquoi en serait-il autrement s’agissant
des données épidémiologiques et du risque statistique lié à l’homosexualité ?
Ne nous trompons donc pas de combat. Si l’on veut éviter la stigmatisation, sans
hypocrisie, c’est bien aux victimes qu’il faut s’intéresser.
Edouard Guévart

Bonjour

Il y a bien entendu les enfants nés de mère séro+, les transfusés, les victimes de viol, les AES, qui n'ont pas eu de conduite a risque !Mais au déla de cela, même ceux qui ont des "conduites à risque (et l'homosexualité n'en est pas une... c'est le fait de ne pas se protéger qui est à risque) ne doivent pas être stigmatiser on est bien d'accord! Ne doit on pas se demander pourquoi il y a des conduites à risque et s'interroger sur lest stratégies de prévention ?
et pourquoi , tant qu'on y est, ne pas faire une discrimination dans le traitement des Kdu poumon selon qu'on a été fumeur ou pas....

Danielle Calluyère-Vaubourg

Je ne comprends pas le premier message.

Issue de la communauté homosexuelle, Act Up-Paris fait partie de celles
et ceux qui ont, légitimement, protesté contre l'ignominie des propos de
la secrétaire d'Etat. Nous sommes des séropositifs, des activistes, des
séronégatifs, des gays, des femmes, des trans, des étrangers, etc. Nous
aimerions bien que M. Guevard nous explique où est l'hypocrisie (terme
dont j'espère qu'il mesure la force) pour qualifier les combats de
personnes sans cesses confrontées à la stigmatisation, et qui en ont
plus qu'assez d'avoir à justifier leur légitime combat, y compris,
visiblement, sur ce genre de liste où on ne s'imaginait pas trouver de
telles accusations sous prétexte de lancer un débat.

Oui, la sécurité transfusionnelle est un débat crucial. Que la
prévalence fasse partie des données du problème est une évidence pour
tout le monde. Mais il y a aussi d'autres réalités : par exemple, en
France, le fait que les gays connaissent plus souvent en moyenne leur
statut sérologique que les hétéosexuels, entre autres.

Mais en l'occurence, l'affaire Berra n'est pas là, l'affaire est dans
les mots qu'elle a utilisée, et qui sont la première arme des
responsables politiques.

Que pensez-vous qu'apportent les propos de Nora Berra en matière de
prévention, en dehors de convaincre de jeunes gays que leur destin est
d'être contaminés et/de contaminer, et de convaincre de jeunes hétéros
qu'ils ne sont pas concernés par le VIH ? Quels gains en matière de
pratiques sans risque cela apporte-t-il ?

Merci donc de lire en détails les arguments de celles et ceux qui
parlent d'homophobie et d'incompétence quant à cette sortie de la
secrétaire d'Etat avant de les disqualifier en nous traitant
d'hypocrites :

http://www.actupparis.org/spip.php?article4446

http://www.actupparis.org/spip.php?article4454

http://www.actupparis.org/spip.php?article4454

Et pour information : je suis homosexuel, séronégatif depuis 22 ans que
j'ai une vie sexuelle, et j'entends le rester. Un ami hétérosexuel me
confie avoir des relations occasionnelles, non protégées. Bien sûr, il
n'est pas dans un groupe où la prévalence est forte. Mais pensez-vous
réellement que la sécurité transfusionnelle sorte grandie quand l'EFS
refuse mon sang, et accepte le sien ? Les statistiques sont importantes,
mais rien ne remplacera la responsabilisation individuelle et
collective. Cela implique bien sûr beaucoup plus de moyens que
l'exclusion de tout une part des citoyens. Mais ce qui est sûr, c'est
que les propos de Nora Berra n'apportent rien à la sécurité
transfusionnelle. Ils n'apportent que de la haine et du dégoût de soi -
et c'est la première fois en France qu'une responsable de la santé tient
des propos aussi odieux.

Sans hypocrisie

Jérôme Martin
Act Up-Paris

Qui a jamais parlé de faire une "discrimination dans le traitement des
conduites à risques" du poumon, du sida, ou de traverser la rue?

Plutôt cesser de traiter le rhume chez les épidémiologistes...

Salut Edouard, avec toute mon amitié.

Christophe Commeyras

Dans une communauté (qui se nomme ainsi) où le taux de nouvelles infections est 200 fois plus élevé que dans la population générale, comment ne pas parler de "groupes à risque". Et ceci même si cela s'explique par des comportements à risque dont ils ne sont pas les seuls acteurs.
L'exclusion du don de sang et d'organes pratiqué depuis longtemps me semble toujours d'actualité.
Mais il existe aux USA un mouvement pour favoriser le don d'organes de patients séropositifs en faveur d'autres patients séropositifs.
Cela montre que la porte est ouverte à des réflexions innovantes. Et surement pas à la répétition des réactions telles qu'elles existaient il y a plus de 20 ans.
Dr Jacques Moreau

En France la part de la protection sociale obligatoire baisse de plus en plus dans le remboursement des soins Du coup, ce sont les assureurs qui gagnent du terrain et la privatisation du système de santé français avance àgrands pas. La liberté d'assurance pousse les assureurs à sélectionner les clients à bas risques ou à faire payer en fonction du risque, (examens médicaux pour évaluer le risque)...

Danielle Calluyère-Vaubourg

[la modératrice s'excuse aussi, merci à tous pour vos contribution.CB]

Excusez-moi, je croyais m'adresser à Edouard et non à tout le groupe.
Mon intervention venait du fait que je n'ai pas vu les mots de "population Ã
risque" sous la plume d'Edouard.
Amicalement à tous,
Christophe