[e-med] Le Virus Ebola peut survivre dans les eaux usées

(Communiqué et traduit par ProMED-mail <http://www.promedmail.org>
ProMED-mail est un programme de la Société Internationale pour les Maladies Infectieuses <http://www.isid.org>
A noter qu'il a des pistes de recherche complémentaires à la fin de l'article.
CB)

Le Virus Ebola peut survivre dans les eaux usées
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L'épidémie historique de la maladie à virus Ebola en Afrique de l'Ouest qui a commencé en [mars 2014] et a tué plus de 11 000 personnes depuis, a soulevé de nouvelles questions sur la capacité de résistance du virus et testé la compréhension des scientifiques sur la façon de le contenir. La dernière découverte par un groupe de chercheurs en évaluation des risques microbiens et virologie suggère que les procédures pour l'élimination des déchets liquides contaminés par le virus Ebola pourraient sous-estimer la capacité du virus à survivre dans les eaux usées.

L'actuel manuel de Procédures de riposte aux épidémies de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et des Centres de contrôle et de prévention des épidémies (CDC) recommande qu'après une certaine période, les liquides contaminés par le virus Ebola peuvent être éliminés directement dans un système d'eaux usées sans traitement supplémentaire. Toutefois, de nouvelles données récentes publiées par des chercheurs de l'Université de Pittsburgh, l'Université Drexel, et l'Institut National de Santé (NIH) indiquent que le virus Ebola pouurait survivre à des concentrations détectables dans les eaux usées pendant au moins une semaine ou même plus.

"La recherche initiale par l'OMS et le CDC recommandait une élimination des déchets liquides contaminés par Ebola dans un système de latrines ou d'évacuation des eaux usées sans désinfection parce que la persistance du virus dans les eaux usées n'était pas plausible», explique Kyle J. Bibby, Professeur adjointde Génie Civil et Environnemental à l'école Swanson de Pitt d'Ingénierie et investigateur principal de l'étude «persistance des virus Ebola dans des contenants stérilisés eaux usées», publié dans la revue Environmental Science & Technology Letters. "Cependant, nous avons constaté que le virus a persisté pendant une période d'au moins 8 jours."

Les chercheurs ont recueilli leurs données par l'observation de la variation de la concentration de particules virales dans 2 échantillons, contenant différentes concentrations du virus, sur une période de 8 jours. Le test a été effectué dans un laboratoire sécurisé au NIH. Bien que les chercheurs aient observé une diminution de 99 pour cent de concentration après le 1er jour, les particules virales restantes étaient détectables pendant toute la durée de l'expérience."Ces résultats démontrent une plus grande persistance du virus Ebola dans les eaux usées que précédemment prouvé", a déclaré Charles Haas, co-auteur; chef du Département de Génie Civil, d'Architecture, d'Ingénierie de l'environnement; LD Betz professeur d'Ingénierie de l'environnement; et directeur du programme d'Ingénierie de l'environnement. "Bien que le virus Ebola ait été jugé généralement moins persistant que les virus entériques dans les eaux usées, la période de survie identifiée pourrait suggérer un potentiel infectieux par la voie d'exposition aux eaux usées."

Historiquement, on a cru que le virus ne pouvait être transmis que par contact direct avec les fluides corporels, mais il ya eu des cas où les gens ont contracté la maladie sans apparemment entrer en contact avec les fluides infectés. Ceci, l'étude le suggère, pourrait être une indication que de grosses gouttelettes liquides pourraient être un moyen de contamination par le virus - ce qui signifie qu'une plus grande attention devrait être prise lors de la manipulation des déchets liquides contaminés par Ebola. Etant donné qu'un patient infecté peut produire jusqu'à 9 litres de déchets liquides par jour, et si le liquide infecté pourrait transmettre le virus à quelqu'un d'autre, cela pourrait être un facteur de risque important. L'équipe note également que la disparition apparente et précoce des virus dans les eaux usées pourrait s'expliquer par la formation de conglomérat de particules virales ou l'internalisation du virus dans d'autres particules dans l'eau, les protégeant ainsi contre la destruction.

Ces phénomènes rendraient réellement le virus moins sensibles aux facteurs environnementaux, tels que les désinfectants qui normalement les tueraient.

Une solution proposée, déjà adoptée par l'OMS, serait de tenir les déchets liquides contaminés pendant une période de temps plus longue avant de les déverser dans le système des eaux usées.

Une autre alternative: prétraiter les eaux contaminées avec un agent antiviral, tel que le chlore, mais dans ce cas de figure, des données sur l'efficacité du désinfectant sont nécessaires.

Ces options permettraient la destruction de la concentration virale d'une part et l'inactivation du reste des virus d'autre part."Ces résultats indiquent qu'une recherche approfondie est nécessaire avec une approche plus holistique de l'évaluation des eaux usées infectése par Ebola, du stockage au traitement et élimination et une surveillance continue, y compris une procédure pour la manipulation des eaux usées dans toutes les ripostes aux épidémies", a déclaré Bibby.

En plus d'étudier si oui ou non le virus Ebola peut effectivement être contracté par l'exposition à des eaux usées, la prochaine étape pour cette ligne de recherche serait d'examiner les variations dans la composition des eaux usées, telles que la température, la population microbienne et le niveau de pH, l'utilisation de désinfectants, et l'effet de la concentration virale sur la destruction et l'inactivation du virus.

--Communiqué par:ProMED-FRA<promed-fra@promedmail.org>

[Cette nouvelle étude vient éclairer la lanterne des chercheurs dans la lutte contre la MVE. Les déchets liés à Ebola doivent donc être traités avec diligence. On pourrait comprendre aisément pourquoi l'épidémie en Afrique de l'Ouest a pris une telle ampleur, si on sait que les systèmes d'assainissement des pays les plus touchés laissent à désirer. Les systèmes d'évacuations des eaux usées aussi. Probablement ceci expliquerait en partie la persistance de la maladie dans certains pays jusqu'à ce jour. Heureusement qu'un vaccin efficace à près de 100 pourcent vient d'être découvert et la MVE pourrait bientôt être un triste souvenir en Afrique en général eten Afrique de l'Ouest en particulier.