[e-med] Les antirétroviraux sont encore trop chers -- MSF

N A T I O N S U N I E S
Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA)
Réseaux d'Information Régionaux Intégrés (IRIN)

Les antirétroviraux sont encore trop chers -- MSF

DURBAN, le 3 août (IRIN) - Tandis que les prix des médicaments de première
ligne continuent de baisser, les nouveaux antirétroviraux (ARV) peuvent
coûter jusqu'à 12 fois plus cher en Afrique subsaharienne, selon un rapport
publié par Médecins sans frontières (MSF).

Les formules pédiatriques sont également plus coûteuses que les
antirétroviraux pour adultes : traiter un enfant pendant un an peut coûter
jusqu'à 816 dollars américains, alors que la même trithérapie pour adultes
ne coûte que 182 dollars.

Selon Martha Darder, la porte-parole de MSF en Afrique du Sud, une telle
situation pourrait réduire le nombre de patients sous antirétroviraux (ARV),
des médicaments susceptibles de prolonger leur espérance de vie.
En outre, si ces prix ne diminuent pas rapidement, le gouvernement
sud-africain devra accroître considérablement le budget qu'il consacre aux
ARV au cours des prochaines années.
Les antirétroviraux de première ligne sont administrés au début du
traitement. Par la suite, lorsque les patients commencent à développer une
résistance à ces médicaments, on leur en prescrit de «deuxième ligne».
En Afrique du Sud, peu de séropositifs ont développé une résistance, le
programme de traitement venant juste d'être lancé.

A Khayelitsha, une commune située près de la ville du Cap, l'un des
programmes de traitement antirétroviral de MSF, financé par des fonds
privés, a montré que seuls 12 pour cent des patients qui avaient commencé le
traitement il y a trois ans avaient besoin de passer aux médicaments de
deuxième ligne.
Toutefois, selon le rapport, de plus en plus de séropositifs vont
inévitablement développer une résistance aux médicaments de première ligne.

Selon MSF, le coût prohibitif des médicaments de deuxième ligne s'explique
principalement par l'absence de concurrence dans ce secteur.

Il en va ainsi du Kaletra, un cocktail coûteux d'antirétroviraux (lopinavir
et ritonavir) prescrit en Afrique du Sud dans le cadre du traitement de
deuxième ligne : seuls les laboratoires Abbott, une société pharmaceutique
internationale, le fabriquent aujourd'hui.
Un générique équivalent au Kaletra est en cours de production mais il n'a
pas encore été approuvé.

«S'il n'y a pas de concurrence entre les sociétés pharmaceutiques, les prix
restent élevés», a déclaré Darder, avant d'observer que le gouvernement
était tenu de garantir la concurrence sur le marché des ARV.

Les génériques ont permis de réduire les prix de la plupart des
antirétroviraux de première ligne, qui sont passés de 10 000 dollars en 2000
à tout juste 150 dollars par patient et par an en juin 2004.
MSF a toutefois précisé que ces prix n'étaient pas pratiqués dans tous les
pays en raison de brevets empêchant certains de ces pays d'avoir accès aux
génériques.

«Nous attendons du gouvernement qu'il contraigne les sociétés
pharmaceutiques à autoriser les fabricants de produits génériques à produire
les médicaments prescrits dans le cadre du traitement de deuxième ligne», a
dit à PlusNews Gordon Mthembu, le président de la branche de Treatment
Action Campaign (TAC), un groupe de lutte contre le sida, dans la province
du Gauteng.

La différence de prix considérable qui existe entre ces types de médicaments
s'explique également par l'adoption, cette année, de la réforme de la loi
indienne sur les brevets. Membre de l'Organisation mondiale du commerce
(OMS), l'Inde a dû modifier sa loi sur les brevets pour la rendre conforme à
l'Accord sur les droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce
(ADPIC).

Selon la réforme, l'Inde, qui fait partie des plus grands producteurs
mondiaux de médicaments génériques, doit désormais reconnaître (et donc
payer) les brevets de ces médicaments. Ce système pourrait permettre au
détenteur d'un brevet d'être le seul producteur de son nouveau médicament et
d'en fixer le prix.

Selon MSF, le prix de certains médicaments brevetés demeure très élevé pour
les pays en voie de développement. De nombreuses sociétés pharmaceutiques ne
réduisent pas leurs prix pour les consommateurs des pays aux revenus
intermédiaires, tels que l'Afrique du Sud, le Swaziland ou la Namibie.

MSF a toutefois précisé qu'il existait quelques exceptions à ces
restrictions imposées en fonction des revenus de chaque pays : Gilead et
Bristol-Myers Squibb, deux géants de l'industrie pharmaceutique, ont
récemment décidé d'appliquer leur politique de prix réduits à certains pays
aux revenus intermédiaires et GlaxoSmithKline propose désormais ses produits
à prix réduits dans tous les pays bénéficiaires de l'aide du Fonds mondial.

Néanmoins, il existe un autre obstacle à l'accès aux traitements : les
sociétés pharmaceutiques ne commercialisent pas toujours tous leurs
antirétroviraux dans les pays qui peuvent prétendre à une réduction des
prix.
D'après le rapport, MSF aurait eu des difficultés à acheter des médicaments
à prix réduits pour ses programmes de traitement antirétroviral. Dans bien
des cas, même dans les pays les plus pauvres du monde, tels que le
Mozambique ou le Cambodge, l'organisation a dû importer une partie de ses
médicaments de pays voisins.

Le rapport reproche aux sociétés pharmaceutiques de rendre «trop complexe»
l'achat de médicaments à prix réduits. Les produits à prix réduits du
laboratoire Roche, par exemple, doivent être commandés à partir de Basel, en
Suisse, et payés en francs suisse, une exigence particulièrement difficile à
satisfaire pour les pays en voie de développement.

Pour consulter le rapport : www.doctorswithoutborders.org