[e-med] Les pays riches devraient subventionner les traitements du paludisme pour contenir la maladie

Les pays riches devraient subventionner les traitements anti-paludisme pour
contenir la maladie
WASHINGTON, 8 mars 2006 (AFP)

Les pays riches devraient subventionner sans attendre le traitement actuel
le plus efficace contre la paludisme dans les nations les plus pauvres pour
éviter que le parasite responsable de cette maladie ne développe une
résistance, ont plaidé mardi des chercheurs dans une étude publiée aux
Etats-Unis.

"Un échec à fournir rapidement un soutien financier pour que les pays
pauvres puissent se procurer une combinaison du médicament artémisinine avec
un autre traitement pourrait permettre au parasite de devenir résistant à
tous les traitements connus, d'ici, peut-être, la fin de cette décennie", a
expliqué, lors d'une conférence de presse, Ramanan Laxminarayan de
l'Institut privé "Ressources for the Futur" basé à Washington. Il est le
co-auteur de cette étude publiée dans la revue "Health Affairs" datée de
mars/avril.

"Le parasite responsable du paludisme est déjà devenu résistant à la plupart
des traitements qui jusqu'alors étaient efficaces, contribuant à une
résurgence mondiale de cette infection", a poursuivi cet expert de santé
publique.

"Maintenant on craint que l'artémisinine, le plus efficace des médicaments
anti-paludisme jamais mis au point, ne connaisse le même sort", a-t-il dit.

Administré l'artémisinine avec un autre traitement empéche le parasite de
développer une résistance, a poursuivi ce spécialiste. Mais le coût de cette
double thérapie est trop onéreux pour les pays en développement, a-t-il
expliqué.

Il suffirait de verser une subvention d'un dollar par dose (300 millions de
dollars au total) pour réduire le coût à 0,30 dollar pour une dose de deux
différents types de médicament anti-paludisme, a-t-il affirmé.

Une telle aide directe rendrait le double traitement immédiatement abordable
dans les pays pauvres, donnerait plus de temps pour la mise au point de
nouveaux médicaments et sauverait de 15.000 à 25.000 vies humaines
potentiellement tous les mois, a affirmé Ramanan Laxminarayan.

Les autres co-auteurs de cette étude sont Mead Over, un économiste de la
Banque Mondiale et David Smith, un scientifique de l'Institut National de la
Santé.

Une autre étude, également parue dans le même numéro de "Health Affairs"
conduite notamment par David Ridley de l'université Duke en Caroline du nord
(sud-est), propose un système d'incitations aux Etats-Unis pour encourager
les laboratoires pharmaceutiques à faire davantage de recherche pour mettre
au point des médicaments pour traiter des maladies dites "négligées"
frappant en grande priorité les populations des pays les plus pauvres.

Les auteurs de cette recherche proposent la création de bons que les
laboratoires pourraient utiliser pour faire accélérer (de 18 à 6 mois) le
processus d'autorisation de commercialisation par la "Food and Drug
Administration", l'autorité américaine de réglementation, de leurs
médicaments hautement rentables ou "blockbusters", sur les marchés des pays
riches.

En contrepartie, ces firmes pharmaceutiques devront s'engager à développer
un nouveau médicament efficace contre une des maladies négligées, tel le
paludisme, frappant les pays pauvres. Elles devront aussi renoncer aux
royalties et trouver au moins un laboratoire pour assurer la production du
nouveau traitement.

Le Sida, le paludisme et la tuberculose tuent de 6 à 7 millions de personnes
par an surtout dans les pays en développement.

Or, sur les 1.500 nouveaux médicaments et traitements commercialisés dans le
monde entre 1975 et 2004, seulement une vingtaine visaient les maladies
tropicales et la tuberculose, selon un récent rapport de Médecins sans
Frontières.