[e-med] L'industrie pharmaceutique en Afrique du sud

E-MED: L'industrie pharmaceutique en Afrique du sud
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[Mod�rateur: La revue MARCHES TROPICAUX du mois d'octobre 2002 consacre un
dossier d'une dizaine de pages sur l'Industrie Pharmaceutique en Afrique.
ci-dessous cet extrait. CB]

EN AFRIQUE DU SUD, LA SUCCESS STORY D�ASPEN PHARMACARE

Le march� sud-africain du m�dicament est rest� prot�g� jusqu�en 1994. La
lib�ralisation et l�ouverture des fronti�res ont �t� habilement n�goci�es
par le groupe Aspen Pharmacare, qui s'est transform� en g�ant en quelques
ann�es. L�avenir des industriels sud-africains se joue sur le g�n�rique.

Aspen Pharmacare, le plus grand groupe pharmaceutique cot� � la bouse de
Johannesburg (2milliards de rangs de capitalisation), est embl�matique des
mutations en cours dans l�industrie sud-africaine. Premier producteur de
g�n�riques, m�dicaments dont les mol�cules sont tomb�es dans le domaine
public, Aspen a pris son essor dans un contexte particuli�rement
d�favorable.

Depuis 1994, en effet, le march� sud-africain � rompu avec son autarcie,
cons�quence directe des sanctions internationales d�cid�es en 1985 contre le
r�gime de l�apartheid. Les grandes multinationales sont revenues en force
dans le pays, s�imposant comme des concurrents de taille pour les deux
principaux producteurs sud-africains, Aspen et Adcock Ingram. Autre facteur
n�gatif : l�incertitude dans laquelle le secteur a navigu� entre 1997 et
2001, les grands groupes, �trangers en t�te, ayant contest� en justice le
projet de loi du gouvernement, afin de mieux prot�ger leurs brevets et leurs
profits � Le retentissant proc�s de Pretoria, qui a focalis� l�attention du
monde entier sur la question de l�acc�s des malades du Sida aux versions
g�n�riques des trith�rapies existantes, a largement d�bord� cette question.
Remport� par l�Etat sud-africain en avril 2001, le proc�s a permis � ce
dernier d�importer et de fabriquer localement autant de g�n�riques que
n�cessaire, de mani�re � faire baisser les co�ts du syst�me de sant�
publique en m�dicaments.

L�un des mieux plac�s pour tirer parti de cette victoire, Aspen Pharmacare,
principal fournisseur des h�pitaux publics et des dispensaires du pays, n�en
a pas encore r�colt� tous les fruits. Et pour cause : le gouvernement se
refuse toujours � prescrire des antir�troviraux aux malades du Sida dans les
h�pitaux publics, bien que le pays soit l�un des plus durement frapp�s au
monde (10% de la population contamin�e). En Afrique du sud, alors que pr�s
de 5 millions de personnes sont infect�es, pas plus de 25000 malades ont les
moyens d�acheter l�AZT, disponible au prix fort, dans les pharmacies.

Au lieu de faire pression sur le gouvernement et de multiplier, comme Glaxo
Smith Kline, les offres de ristournes, Aspen Pharmacare a opt� pour une
approche aussi discr�te que consensuelle. Sa tactique : tout pr�parer pour
le jour consid�r� comme � in�luctable � par le PDG du groupe, Stephen Saad,
o� le gouvernement changera de politique �. Manto Tshabalala-Msimang, le
ministre de la Sant�, a estim� qu�il faudrait 700 millions de rands par an,
pour soigner tous les malades du pays avec de l�AZT. Aspen Pharmacare estime
de son c�t� ce march� potentiel � 1 milliard de rands par an.

Attendre un revirement gouvernemental
Le groupe a pris au mot les grandes multinationales qui se sont engag�es
apr�s le proc�s de Pretoria � fournir � prix d�ami des antir�troviraux aux
pays en d�veloppement. L�an dernier, Aspen Pharmacare a conclu un accord
avec Glaxo Smith Kline, qui lui permet de fabriquer la version g�n�rique des
antir�troviraux Combivir, 3TC, de m�me que l�AZT. Ces g�n�riques, dont la
production � grande �chelle est possible dans les usines d�Aspen Pharmacare
depuis mai 2002, n�ont pas encore �t� enregistr�s par le Conseil de contr�le
des m�dicaments (MCC).

En attendant le revirement de la politique gouvernementale, les directeurs d
�Aspen Pharmacare prennent leur mal en patience et font tourner la boutique.
Propri�taires de deux usines, l�une � Durban (Kwazulu Natal), l�autre � Port
Elizabeth (Cap Oriental), Aspen a rachet� en mars 1999 le groupe local
Pharmacare, une division de South African Druggists (SAD). L�absorption de
ce canard boiteux par Adcock Ingram avait �t� interdite par l�Office de la
concurrence. Aspen a pu, lui , op�rer ce rachat pour 2.5 milliards de rands,
gr�ce auquel il est devenu leader sur son march�.

Aujourd�hui, Aspen d�tient 17% d�un march� sud-africain des g�n�riques
(estim� � 1.7 milliards de rands par an) en pleine croissance (+24 en 2001).
Le chiffre d�affaires d�Aspen Pharmacare a augment� de 41% en 2001, s�
�levant � 1.57 milliards de rands (contre 130 millions en 1998), tandis que
les profits ont augment� de 27% (226 millions). Ses deux usines, qui
emploient 2000 personnes , tournent � plein r�gime. Un investissement de 150
millions est pr�vu pour augmenter la capacit� de l�unit� de production de
Port Elisabeth.

Comme tant d�autres groupes sud-africains depuis 1994, Aspen s�est implant�
� l��tranger, r�alisant des acquisitions en Grande-Bretagne et en Australie.
Il exporte par ailleurs dans plus de 30 pays pour la pupart en Afrique, mais
aussi en Asie, en Am�rique latine, au Moyen-Orient et en Am�rique du Nord.
La success story est d�autant plus remarquable qu�elle s�est faite dans un
contexte de lib�ralisation totale et d�ouverture de l��conomie du pays sur
le monde. Aspen, qui n��tait qu�un petit groupe bas� � Durban avant sa
cotation � la Bourse de Johannesburg en 1998, aurait pu p�ricliter face � la
concurrence exerc�e par les multinationales. Son atout majeur fut une
situation h�rit�e de l�apartheid o� l�industrie locale satisfaisait encore l
�essentiel de la demande : 64% en 1998 et encore 57% en 2001.

L�Afrique, principal d�bouch� � l�export
Les importations de m�dicaments en Afrique du Sud, en hausse constante (9%
par an en moyenne depuis 1998), s��l�vent � plus de 3 milliards de rands.
Ils proviennent principalement de Suisse, de Grande-Bretagne et d�Allemagne.
Sur un march� int�rieur en croissance de 4.8% par an depuis 1998, c�est
gr�ce aux exportations que les producteurs sud-africains s�en sortent. De
fait, avec ses 19000 employ�s, l�industrie pharmaceutique sud-africaine vend
de plus en plus � l��tranger. De 600 millions de rands en 1998, la part
export�e de la production totale (4.6 milliards de rands en 1998) est pass�e
de 15% � 23% en 2001, selon la banque de d�veloppement industriel Industrial
Development Corporation (IDC).

Ph�nom�ne int�ressant, le principal d�bouch� � l�export de l�industrie
pharmaceutique sud-africaine est l�Afrique. Le Zimbabwee, qui comptait pour
33% des exportations de m�dicaments made in RSA en 2000, a vu sa part
baisser en raison de la crise travers�e depuis les invasions de fermes
d�tenues par des Blancs, il y a deux ans. Le Kenya (10% des exportations),
mais aussi l�Angola et Maurice ont pris la rel�ve.

Sabine Cessou

Dossier : Industrie Pharmaceutique
MARCHES TROPICAUX � Octobre 2002
Pages 2081-2082

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