[e-med] Aspen, le remède contre le sida en Afrique du Sud

stratégie des laboratoires pharmaceutiques des pays émergents]

Forum social
Aspen, le remède contre le sida en Afrique du Sud
La société, avec plus de 2 000 salariés, est devenue l'un des leaders sur le
marché des antirétroviraux.
par Valérie HIRSCH
QUOTIDIEN : samedi 21 janvier 2006
Johannesburg de notre correspondante
http://www.liberation.fr/page.php?Article=352998

Des inspecteurs venus du monde entier se bousculent depuis un an à l'usine
d'Aspen Pharmacare à Port Elizabeth : huit antirétroviraux (ARV) y sont
fabriqués. Tous des génériques, copies de médicaments de marque, mais moins
coûteux et produits sous licence de multinationales pharmaceutiques.

La société sud-africaine est devenue le premier fabricant mondial de
génériques dont la trithérapie a été avalisée, il y a un an, par les
autorités américaines. Aspen figure aussi parmi les trois producteurs d'ARV
génériques (les deux autres sont indiens) approuvés par l'Organisation
mondiale de la santé (OMS). Elle est l'un des principaux fournisseurs du
continent africain en médicaments contre le sida, dans le cadre des plans
financés par les pays occidentaux. La société fournit également 58 % des ARV
distribués aux 80 000 malades dans les hôpitaux publics sud-africains.

Antidouleurs. C'est un résultat inespéré pour cette société de plus de 2 000
employés qui a démarré dans une modeste maison, à Durban en 1997. Mais ce
n'est pas le marché des ARV, peu lucratif faute de volumes suffisants ­ même
si, en Afrique du Sud, les génériques représentent désormais 40 % des
médicaments prescrits ­, qui a fait sa fortune. Aspen vend surtout des
produits cardio-vasculaires et antidouleurs. La compagnie détient 20 % du
marché public et 35 % du marché privé des génériques en Afrique du Sud, où
elle réalise 81 % de son chiffre d'affaires. En juin dernier, elle a vu son
chiffre d'affaires grimper de 30 % par rapport à l'année précédente (367
millions d'euros). Déjà implantée en Australie et au Royaume-Uni, Aspen
compte à présent s'attaquer aux autres marchés occidentaux, en faisant des
acquisitions. «Pour affronter la concurrence de l'Inde et de la Chine, nous
misons sur la qualité de nos produits, et sur notre avance technologique.
Nous allons ainsi investir dans une nouvelle usine de produits stériles très
complexes à fabriquer», confie Stephen Saad, le directeur exécutif du
groupe.

«De moins en moins de recherches». Pour minimiser ses coûts, Aspen importe
ses composants chimiques d'Inde. Elle a aussi passé un accord avec le
syndicat Cosatu qui, en échange d'une participation dans le capital de
l'entreprise, a accepté l'automatisation de l'usine, ce qui a entraîné des
pertes d'emploi.
L'avenir, le directeur d'Aspen le voit en demi-teinte. Certes, il admet que
«tout le monde est très impatient parce que les licences d'une durée de
vingt ans qui protègent les nombreux médicaments conçus à la fin des années
80 ­ y compris les ARV ­ vont bientôt expirer». Pour autant, il pointe les
limites de son succès : «On va faire du volume, mais de petits profits, car
les prix dégringolent. Et puis, à cause de la concurrence des génériques,
les multinationales mènent de moins en moins de recherches dans la lutte
contre certaines maladies infectieuses, comme la malaria. Dans vingt ans, il
n'y aura plus assez de médicaments à copier...»