[e-med] L'OMS fait son mea culpa dans la lutte contre l'Ebola

L'OMS fait son mea culpa dans la lutte contre l'Ebola
http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2014/10/17/003-oms-ebola-afrique-bureaucratie-problemes.shtml

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a reconnu vendredi avoir commis
des erreurs dans sa lutte pour tenter de contenir le virus de l'Ebola en
Afrique de l'Ouest.

« Presque tous ceux impliqués dans la réponse à l'épidémie ont raté des
choses évidentes », affirme une ébauche d'un document interne obtenue par
l'Associated Press.

Le document estime que les experts auraient dû comprendre que les méthodes
traditionnellement utilisées pour freiner une épidémie seraient futiles
dans une région aux frontières poreuses, où les systèmes de santé sont
fragiles.

L'agence onusienne admet que sa propre bureaucratie a été problématique et
rappelle que ses directeurs nationaux en Afrique sont des « nominations
politiques ». Le directeur de l'OMS en Afrique, le docteur Luis Sambo, ne
relève ainsi pas de la patronne de l'agence, la docteure Margaret Chan.

Plus nuisible qu'utile

En juin, un haut dirigeant de l'OMS avait prévenu que plusieurs
organisations étaient d'avis que l'OMS était plus nuisible qu'utile dans la
lutte contre le virus.

De l'avis du scientifique qui a codécouvert le virus Ebola, le docteur
Peter Piot, l'OMS a répondu beaucoup trop lentement, surtout à cause de son
bureau africain. « Le bureau régional en Afrique se trouve en première
ligne, a-t-il dit. Et ils n'ont rien fait. Ce bureau n'est vraiment pas
compétent. »

M. Piot, le directeur de la London School of Hygiene and Tropical Medicine,
se demande aussi pourquoi l'OMS a eu besoin de cinq mois et 1000 morts pour
déclarer que l'Ebola était une urgence sanitaire internationale.

Un bilan croissant

Vendredi, le bilan établi par l'OMS s'établissait à 4546 morts sur les 9191
cas recensés en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone.

Vingt autre cas, dont huit mortels, ont été identifiés au Nigeria et un
non-mortel l'a été au Sénégal. Dans le cas de ce pays, l'OMS estime qu'il
est officiellement débarrassé de la fièvre Ebola mais qu'il demeure
vulnérable.

D'où l'importance de l'aide internationale : vendredi, répondant à la
demande du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, le Canada a annoncé une
enveloppe de 30 millions de dollars pour lutter contre Ebola. Ce montant
vient s'ajouter aux 30 millions de dollars déjà annoncés par le
gouvernement canadien voilà trois semaines.

« C'est correct et important mais il faut s'assurer que ce qui est annoncé
arrive sur le terrain », met en garde le Dr Mandy Kader Kondé, pédiatre et
spécialiste des fièvres hémorragiques en entrevue sur ICI RDI. Bien qu'il
se félicite de cet apport du Canada, le médecin canadien qualifie cette
intervention de « timide ».

« L'implication est importante en termes de volonté, mais comment traduire
toute cette volonté sur le terrain, tel est le défi. Cette épidémie est
quelque chose de nouveau, autant pour l'Afrique occidentale, autant pour
les communautés. »
— Dr Mandy Kader Kondé, pédiatre et spécialiste des fièvres hémorragiques

Des différences majeures

Dans les années 1990, le Dr Kader Kondé avait travaillé au sein de l'OMS à
combattre le fléau du virus Ebola en République démocratique du Congo.
D'une épidémie à une autre, l'ennemi à vaincre est le même mais les
conditions sont fort différentes, explique en substance le médecin : la RDC
se trouve en Afrique centrale où les routes ne sont pas aussi développées
qu'en Afrique de l'ouest.

Le médecin explique : « De Kikquit à Kinshasa, route longue de 600 km, on
mettait trois jours. Alors qu'en 24 heures vous passez de Bamako à Conakry,
ou de Bamako à Ouagadougou. Le trafic est plus intense, les mouvements sont
plus importants et les communications interpersonnelles. Ce sont des choses
qui sont très importantes et qui donnent une nouvelle dimension [à la crise
actuelle] ».

Sous-estimer la menace

Commentant le dur bilan établi vendredi par l'OMS sur le travail de ses
troupes, le Dr Kader Kondé se garde de parler d'incompétence, préférant
affirmer qu'on a peut-être sous-estimé l'ampleur des ravages que pouvait
causer la fièvre hémorragique Ebola.

« Vous êtes dans des conditions difficiles, comme la Guinée, parfois sans
eau ni électricité, les éléments de base de l'hygiène manquent, le système
est faible. Prenez les personnes les plus compétentes dans un système de
santé faible et vous allez être faible aussi. Le contexte est important, il
faut tenir compte de ça. »
— Dr Mandy Kader Kondé, pédiatre et spécialiste des fièvres hémorragiques
Selon ce médecin canadien il faut, en Afrique, mettre l'accent sur les
médicaments et les vaccins de même que sur la surveillance des maladies. Il
faut, dit-il, renforcer la capacité des systèmes de santé africains. «
C'est bien qu'on vienne nous aider mais il faut nous apprendre à pêcher »,
affirme le Dr Mandy Kader Kondé.

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Simon KABORE
Directeur Exécutif du Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)
04 BP: 8038 Ouagadougou 04 Burkina Faso
Tel: bur (226) 50 37 70 16
         Cel: (226) 70 24 44 55
E-mail alternatif: simonkabore@rame-int.org

A lire et a ecouter tout ceci sur Ebola et les systemes de sante Africain,
il n'y a nul doute que l'investissement aux fins de renforcement des
systemes de sante africain reste la cle a une meilleure reponse face aux
urgences de ce type.

Le droit d'investir dans les systemes de sante en Afrique n'est pas un
luxe. Malheureusement, plusieurs pays Africains se sont vu refuser ce droit
d'investir dans les secteurs sociaux que sont la sante et l'education par
les institutions de Breton Wood (Banque Mindiale et autres).
La banque Mondiale qui vient d'annoncer son soutien a la lutte contre Ebola
devrait plutot aider les pays africains a mieux se preparer pour faire face
aux eventualites de ce type.

Tout le monde y gagnerait.

Dr Sosthene Dougrou
Expert en Politiques de Sante