[e-med] A l'OMS, le virus Ebola sonne l’heure des grandes réformes

(Pour en savoir plus sur les décisions prises par la 136ème session du
Conseil exécutif de l'OMS :
http://www.who.int/en/
http://www.who.int/mediacentre/events/2015/eb136/fr/
CB)

A l'OMS, le virus Ebola sonne l’heure des grandes réformes
Le Monde.fr | 26.01.2015 à 00h35 • Mis à jour le 26.01.2015 à 08h01 | Par
Paul Benkimoun (Genève (Suisse), envoyé spécial)
http://.lemonde.fr/planete/article/2015/01/26/a-l-oms-le-virus-ebola-sonne-l-heure-des-grandes-reformes_4563149_3244.html

Le 8 août 2014, non sans un retard qu'elle reconnaît, l'Organisation
mondiale de la santé (OMS) mettait en branle sa riposte à l'épidémie de
maladie à virus Ebola en Afrique de l'Ouest et décrétait qu'il s'agissait
d'une « urgence de santé publique de portée internationale ». Dimanche 25
janvier, à l'issue d'une session spéciale consacrée à ce que la directrice
générale, Margaret Chan, qualifie de « mégacrise », son conseil exécutif a
adopté à l'unanimité une résolution consacrée aux défis posés et aux
profondes réformes structurelles dont l'organisation onusienne a besoin
pour remplir son mandat.

Rôles technique et normatif qui ont pris le pas sur les aspects
opérationnels, nominations dans les bureaux nationaux de l'OMS sur des
critères plus politiques que techniques, manque d'harmonisation et de
coordination aux différents niveaux nationaux, régionaux et global de
l'organisation, lacunes dans la gestion des ressources humaines, manque de
flexibilité et de réactivité face aux urgences, lenteur dans la
disponibilité et l'allocation des financements… Les carences ne manquent
pas, malgré l'ampleur in fine de la mobilisation de l'OMS qui a à présent
sur le terrain des trois pays les plus touchés – Guinée, Liberia et Sierra
Leone – quelque 700 membres de son personnel.

« LE MONDE A ÉTÉ TROP LENT »

Lors des débats du conseil exécutif, certaines critiques n'ont pas été
formulées à mots couverts, notamment par les Anglo-Saxons. « Nous devons
avoir honte, car nous avons fait beaucoup trop peu ! », s'exclamait la
représentante du Royaume-Uni, qui saluait toutefois la force du soutien
actuel aux pays touchés. « L'OMS que nous avons n'est pas l'OMS dont nous
avons besoin pour répondre aux urgences », assénait l'orateur parlant au
nom des Etats-Unis. « Cela n'aurait pas dû se passer de cette façon. Cela
ne doit plus se reproduire. Nous espérons que des solutions vont combler
les lacunes et les failles », commentait la porte-parole de la Sierra
Leone.

En ouvrant la session, Mme Chan a affirmé que « le monde, y compris l'OMS,
a[vait] été trop lent à voir ce qui se déroulait sous [se]s yeux ». Pour
la directrice générale, « l'épidémie d'Ebola montre la nécessité d'un
changement urgent dans trois domaines : reconstruire et renforcer la
préparation et la riposte nationales et internationales aux urgences,
aborder la manière dont les nouveaux produits médicaux arrivent sur le
marché et renforcer la manière dont l'OMS opère lors des urgences ». Bien
sûr accuser l'OMS de tous les maux serait oublier la faiblesse des
systèmes de santé et plus globalement des Etats qui ont été frappés par
Ebola après avoir connu les affres des guerres civiles, ou les négligences
de la communauté internationale et des industriels, qui ne s'empressent
pas de mener des recherches sur les maladies frappant les pays pauvres. De
ce fait, aucun traitement ou vaccin n'était disponible contre ce virus.

Mais la résolution adoptée par le conseil exécutif confirme le « rôle
central et spécialisé joué par l'OMS dans la préparation et la riposte aux
urgences ». Elle avance donc un certain nombre de demandes allant dans le
sens d'une plus grande autorité du siège et « l'accélération de la réforme
en cours de l'organisation ». Elle « invite la directrice générae à
envisager de nommer immédiatemen, à l'issue de la session spéciale et pour
la durée de l'épidémie, un représentant spécial avec le grade et
l'autorité appropriés pour prendre la responsabilité de tous les aspects
de la coordination aux trois niveaux [national, régional et mondial] et de
la riposte à l'actuelle épidémie d'Ebola ». Elle « réaffirme l'autorité de
la directrice générale pour réallouer les ressources existantes, en tant
que de besoin [sans] compromettre les priorités de programme ». De même,
elle « attend de l'ensemble des niveaux de l'organisation qu'ils coopèrent
avec la directrice générale et la soutiennent dans sa tâche de prendre
toutes les mesures nécessaires ».

« FONDS DE RÉSERVE »

Le document prône le renforcement des systèmes de santé des Etats membres,
le recrutement, la formation et des conditions de travail satisfaisantes
pour les personnels de santé, ainsi que le développement des capacités
nationales et internationales d'information et de surveillance des
épidémies. Pour assurer le soutien à la recherche de médicaments et
vaccins, il fait référence à des modèles « soutenant la déconnexion entre
le coût de nouvelles recherches et développement et le prix des
médicaments ». Concrètement, la résolution va se traduire par plusieurs
mesures. Tout d'abord, la mise en place d'un « fonds de réserve » d'un
montant de l'ordre de 100 millions de dollars (90 millions d'euros) qui
sera alimenté par ces contributions volontaires des Etats membres. Lors de
la session, le Royaume-Uni a annoncé qu'il verserait 10 millions de
dollars.

Ensuite, comme le prévoit le règlement sanitaire international édicté par
l'OMS et révisé en 2011, une « force de réserve en santé publique mondiale
» doit être mise sur pied. La direction générale est invitée à prendre
immédiatement les dispositions afin de constituer à tous les niveaux de
l'organisation des équipes de riposte aux urgences formées et en nombre
adéquat. Elle doit également développer et approfondir les partenariats,
omme celui rassemblant des laboratoires à travers le monde, et renforcer
les mécanismes de coopération avec les autres agences des Nations unies.
Afin d'évaluer et les réformes entreprises, la résolution prévoit enfin
une évaluation de l'action menée depuis le début de l'épidémie par un
panel externe d'experts indépendants, qui devra être présentée à la
prochaine assemblée mondiale de la santé, en mai 2015. L'application du
Règlement sanitaire international doit elle aussi faire l'objet d'un
examen par un comité d'experts, entre autres pour déterminer d'éventuelles
modifications à apporter à ce document qui a une valeur juridique
contraignante pour les Etats membres.

Sur le terrain, malgré l'amélioration de la situation – jadis le plus
touché, le Liberia a annoncé, le 24 janvier, qu'il ne comptait plus que 5
cas confirmés – il est encore trop tôt pour parler d'une inversion de la
tendance. L'épidémie peut redémarrer, en particulier dans quelques mois
quand la saison des pluies reviendra. Intervenant lors de la session
spéciale, Jérôme Oberreit, secrétaire général de Médecins sans frontières
(MSF), a refusé de parler de situation sous contrôle.

PLUSIEURS TROUS BÉANTS

L'association humanitaire qui très tôt a apporté ses soins à pratiquement
un quart de l'ensemble des malades d'Ebola estime que plusieurs trous
béants existent dans la riposte à l'épidémie qui sévit depuis dix mois.
Ainsi, il n'existe « pratiquement aucun échange d'information dans le
suivi à travers les frontières des personnes en contact avec un cas, les
équipes de surveillance manquent encore des moyens de base pour la
recherche des cas actifs » ou encore « un accès en toute sécurité aux
soins pour les patients non Ebola est largement négligé ».

Représentant la France, le professeur Jean-François Delfraissy, a
notamment rappelé l'engagement français d'aider à créer un réseau Ebola
2015 de surveillance et d'alerte en Afrique de l'Ouest, qui a fait
cruellement défaut au démarrage de l'épidémie, et a annoncé pour dans les
quinze jours la présentation à l'OMS des premiers résultats de
l'évaluation d'un médicament antiviral contre Ebola, le favipiravir.

  Paul Benkimoun (Genève (Suisse), envoyé spécial)

Merci pour le partage de cette breve et les liens subsequents.
Nous esperons que les resolutions seront "implimentees" dans le sens de l'amelioration.
Une fois de plus, les systemes de sante doivent etre renforces et adaptes.
Ce qui est reproche a l'OMS est valable pour les Etats.
Best
Dr. Armand S.NKWESCHEU,MD,MPH.
Epidemiologist / Head of Unit (Sub- Director)for Scientific Networks & Ethics PromotionDivision of Health Operations Research.Â
Ministry of Public Health of Cameroon.