[e-med] L'ONU envisage l'amélioration de l'accès aux médicaments grâce à la production locale

[commentaires de Charles Ranbert qui a traduit cet article : sujet
intéressant mais viable à moyen terme si on envisage dès le départ le
financement du développement à moyen terme de ces entreprises, car fabriquer
du générique pour fabriquer du générique parce que les pays en développement
et les institutions internationales et autres ONG en ont besoin, n'est pas
une raison suffisante pour rendre viable une telle industrie à moyen terme.
Cette industrie, pour être crédible, se doit d'être gérée comme toute
industrie pharmaceutique, et elle doit faire face aux mêmes obligations de
qualité, coûteuses en soi, et de développement appliqué, que le privé
connaît déjà. Il n'est pas étonnant de voir l'effort se concentrer sur la
malaria et le SIDA en Afrique, car les débouchés sont bien cernés pour le
moment. Et pour les maladies où les débouchés existent potentiellement, mais
ne sont pas si bien cernés, on ne voit rien se profiler. Autrement ces
entreprises perdront vite de l'argent et ne survivront qu'à coup
d'injections financières extérieures (mais par qui et pendant combien de
temps), au risque de voir la qualité se dégrader (les exemples actuels vont
malheureusement dans ce sens).]

Un projet des Nations Unies envisage l'amélioration de l'accès aux
médicaments grâce à la production locale

Améliorer l'accès aux médicaments dans les pays en développement grâce à la
production locale est au coeur d'un projet impliquant plusieurs acteurs
institutionnels travaillant dans le domaine de la santé et du commerce. Le
transfert de technologie est une des clés vers la production locale, mais
certaines conditions sont essentielles, comme une politique environnementale
favorable et la capacité des pays en développement à utiliser le transfert
de technologie, pour encourager la production locale, selon des participants
à ce projet.

Le projet commun entre la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le
Développement CNUCD, l'OMS, et le Centre International pour le
Développement et le Commerce Durable CIDCD, a été présenté le 18 mai, en
marge de l'Assemblée Générale de la santé.
Le projet vise à améliorer l'accès aux médicaments et aux vaccins dans les
pays en développement et les pays les moins développés.
Financé par l'Union Européenne, le projet cherche aussi à promouvoir le
transfert de technologie, d'après Zafar Mirza, coordinateur du département
de la Santé Publique, de l'Innovation et de la Propriété Intellectuelle à
l'OMS.

Le projet s'articule en deux phases, a-t-il déclaré, la première est
destinée à creuser la question et à mieux connaître les questions de la
production dans les pays en développement. La phase I va de 2009 à 2011.
Mirza a déclaré que de nombreuses activités ont été menées dont une étude
des tendances en production locale et en transfert de technologie dans les
pays en développement, et la préparation d'une vaste revue des réalisations
dans les pays en développement en matière de production locale et de
transfert de technologie dans ces pays, et aussi la conduite de
consultations régionales et inter-régionales avec des partenaires impliqués
dans la production locale et le transfert de technologie.

La phase I est pratiquement terminée, a-t-il dit. La phase II cherche à
développer les capacités pour permettre aux pays en développement de
s'engager en production locale et en transfert de technologie. L'OMS se
concentre sur l'avantage qu'il y a pour la santé à produire localement.
Il est nécessaire de développer un cadre de travail de la santé publique de
façon à s'assurer que toute nouvelle production locale s'inscrit bien dans
la perspective de la santé publique.

Selon Kiyoshi Adachi, légiste au CNUCD et chef de la branche de la Capacité
et de l'investissement de l'unité de la propriété intellectuelle, la phase I
du projet laisse entrevoir d'intéressantes perspectives. Des études de cas
ont été menées dans 8 pays : Argentine, Bangladesh, Colombie, Ethiopie,
Indonésie, Jordanie, Thaïlande, et Ouganda.

Des réunions ont été conduites localement pour collecter directement des
informations permettant d'apprendre plus sur les problèmes rencontrés par
les producteurs locaux, a-t-il annoncé. Ce fut un choix conscient, a-t-il
dit, pour couvrir un large choix de situations et de produits, avec un forte
répartition géographique. Le CNUCD ne voulait pas simplement reproduire des
études déjà menées en Chine ou en Inde, ajoute-t-il.

L'un des résultats les plus intéressants est qu'il existe un grand choix de
situations dans la production pharmaceutique dans les pays en développement
En 2011, la réalité dépasse les frontières de la Chine, de l'Inde et du
Brésil, car de nombreux pays produisent localement déjà, signale-t-il.
Une autre conclusion aussi intéressante est que l'investissement sud-sud est
aussi important que l'investissement nord-sud.

De plus, l'environnement politique est très important, comme la
réglementation du médicament, les réglementations industrielles, les
réglementations sur la propriété intellectuelle, les méthode de fourniture
des produits et les assurances, selon Adachi car dans de nombreux cas la
production est l'affaire du secteur privé.

Enfin, la capacité d'assimilation de la technologie est un préréquisite,
a-t-il dit. Sans la présence d'un niveau minimum de ressources, comme en
pharmacologie "personne ne sera intéressé" dans la fabrication de
médicaments, a-t-il dit.

La politique environnementale définit les conditions du développement de la
production locale, dit-il. Un accès plus large peut dériver de plus de
synergies entre les politiques industrielles et de la santé, ajoute-t-il.
Les consultations montrent les avantages et les défis régionaux
Dans le cadre du projet, le CIDCD a tenu trois réunions régionales avec des
partenaires, a déclaré Ahmed Abdel Latif, senior programme manager pour
l'innovation, la technologie et la propriété intellectuelle à CIDCD.
L'objectif de ces consultations était de reconnaître les principaux défis,
les besoins d'assistance technique et les recommandations pour faciliter le
transfert de technologie pour une production locale, a-t-il dit. Ces
réunions ont eu lieu dans la ville du Cap, en Afrique du Sud en décembre
2009, à Buenos Aires en Argentine en mars 2010 et à Kuala Lumpur en Malaise
en avril 2010.

Ces consultations ont permis une approche plus serrée des questions grâce
aux personnes impliquées en transfert de technologie et en production
locale, tout en permettant une coopération serrée et efficace entre
partenaires locaux, a-t-il ajouté.

En Afrique, on a trouvé que la production de valeur est l'affaire de
quelques pays seulement, la République Sud Africaine représentant 70% du
résultat. De plus, un nombre croissant de transferts de technologie entre
pays en développement africains et entre fabricants, concerne seulement la
malaria et le SIDA.

Selon Latif, il faut inclure d'autres maladies dans le transfert. Il note
que les obstacles les plus courants sont: la taille du marché, de faibles
infrastructures, l'inadéquation des ressources humaines et le faible niveau
d'investissements en R&D dans la région.

En Amérique latine, la région a la capacité de fabriquer les principes
actifs et les médicaments en vrac, mais on manque de la capacité à négocier
le transfert de technologies hautement sophistiquées et on manque de moyens
de formation de spécialistes en science appliquée et en développement de
produits, selon Latif.

En Asie, on possède de bonnes ressources humaines, les réglementations du
commerce et des médicaments sont en place pour faciliter la production
locale, et les gouvernements ont des politiques de promotion de la
production locale. Mais les obstacles courants sont le faible niveau
d'incitations économiques et réglementaires, le manque de coordination entre
autorités locales, et le faible niveau des investissements en R&D qui
rendent la vie difficile pour les producteurs locaux face aux
multinationales.

Le CNUCD a présenté un rapport semblable sur le même sujet (IPW, Developing
Country Policy, 9 May 2011).