Congo-Kinshasa: 100.000 cas de tuberculose repertoriés en RDC en 2006
http://fr.allafrica.com/stories/200704050896.html
Le Phare (Kinshasa)
5 Avril 2007
Publié sur le web le 5 Avril 2007
Tshieke Bukasa Et A. Vungbo
Kinshasa
La salle des conférences internationales du ministère des Affaire Etrangères a abrité samedi 31 mars dernier une grande manifestations organisée à l'occasion de la journée mondiale de la tuberculose. Célébrée d'ordinaire le 24 mars, elle a été décalée d'une semaine en raison de la situation d'insécurité connue à Kinshasa du 22 au 24 mars 2007.
Autour du thème de cette année " Tuberculose n'importe où, c'est la Tuberculose partout ", le ministre de la Santé publique, Victor Makwenge Kaput, accompagné du vice-ministre, Ferdinand Ntwa, a déclaré que malgré les avancées observées dans la lutte contre la tuberculose, cette pandémie reste encore et toujours un sérieux problème de santé publique. C'est une maladie que l'on rencontre tous les jours mais dont on n'évalue pas correctement le danger. Malheureusement, a-t-il constaté, les malades ne se font pas consulter tôt, pourtant, la maladie est guérissable, avec un traitement gratuit et disponible dans plusieurs centres de santé disséminés à travers le pays.
Le bilan de 2006 interpelle!
Plus de 100.000 cas ont été recensés et sont suivis médicalement ; Plus de 85% de nouveaux cas contagieux affectent la tranche d'âge de 15 à 54 ans avec une prédominance masculine. Cet âge, souligne-t-on, correspond également à l'âge où la transmission du Vih/sida est plus forte. Cette maladie occasionne deux ou trois mois d'absence au travail ou à l'école, contribuant fortement à la baisse de la productivité dans le pays.
Le ministre Makwenge a révélé que la RDC occupe, parmi les 22 pays les plus touchés par le mal, la 11ème place, tandis que sur le plan africain, elle se place 5ème position.
Considérant que les communautés ne participent pas assez à la lutte et à la dissémination de l'information pour éradiquer le mal, le ministre a invité les représentants des forces vives (églises catholique, protestante, de réveil et musulmane) à servir désormais de courroies de transmission avec la base.
La lutte contre la tuberculose, a-t-il fait remarquer, était jusqu'il y a peu l'affaire des seuls personnels soignants et des ONG qui s'investissent dans la prévention et la lutte contre la tuberculose et le Vih/Sida qui vont de paire.
Prenant la parole à son tour, le directeur du PNT, André Ndongosieme, a épinglé à travers une projection diapositive, le mode de transmission de la maladie, les formes de tuberculose et les raisons de plusieurs décès constatés. S'agissant du mode de transmission, celui-ci a noté qu'elle se fait essentiellement par voie orale et qu'un malade a la capacité d'infecter 20 personnes. Le responsable de PNT a dit que la tuberculose peut revêtir plusieurs formes, allant de la forme cutanée jusqu'à la forme pulmonaire. Toutes sont mortelles si aucun traitement n'est administré à temps. Tandis que les causes de décès sont imputables à la consultation tardive, à la mauvaise orientation des malades, aux tradipraticiens, à certaines pratiques religieuses dégradantes et à l'abandon du traitement. Actuellement, le traitement ne dure que six mois, au lieu de 8 comme jadis. 15 jours après suivant le traitement, le malade n'est plus dangereux pour son entourage. Outre le chiffre mis en exergue par le ministre, André Ndongosieme, a indiqué que bien que les résultats de la lutte soient satisfaisants, chaque année plus de 30.000 malades échappent au dépistage.
L'apport du Pnud et du Fonds mondial La RDC a soumis successivement avec succès trois propositions au Fonds Mondial pour appuyer le Programme National de Lutte contre la Tuberculose (PNT) afin d'atteindre les objectifs de son plan directeur, notamment celui de guérir 80% des malades en 2006 et de détecter 65% des cas attendus. Le Pnud a été retenu comme Bénéficiaire Principal (PR) de ces projets et de ce fait responsable de la gestion des programmes dans toutes leurs dimensions. A ce sujet, M. Babacar Cissé, Directeur Pays du Pnud en RDC, a indiqué que le partenariat bâti autour du PNT et du PNUD a permis d'obtenir des résultats au-delà des attentes. " Les ressources du Fonds Mondial représentent actuellement 39% du financement global du Plan Directeur du PNT "a-t-il précisé.
Parmi les nombreuses réalisations, on cite : plus de 900 centres de santé et 600 centres de dépistages et de traitement de la Tuberculose qui ont été équipés en médicaments, petit matériel et réactifs de laboratoire, outils de collectes de données et de nouveaux microscopes ; 500 médecins, 3 500 infirmiers et environ 1 000 laborantins et microscopistes formés ; des matériels de communication distribués dans dix coordinations provinciales ; le PNT qui a été doté d'un dépôt avec le cofinancement de l'USAID ; dix bureaux et laboratoires des coordinations provinciales du PNT réhabilités ; la mise à disposition des véhicules et matériels de sensibilisation pour le bon déroulement des activités du Programme, etc.
Réaffirmant l'engagement du PNUD de continuer à soutenir la RDC dans ses efforts visant l'éradication de la tuberculose d'ici à 2050, Babacar Cissé a aussi noté que cette pandémie demeure une urgence africaine et un problème de santé publique en RDC.
Mesures préventives de la transmission aérienne de l'infection
Selon les médecins, quelques mesures sont susceptibles de réduire la concentration des bacilles dans l'air contaminé par le sujet tuberculeux sans toutefois assurer une complète sécurité.
L'on cite par exemple, l'aération régulière de la chambre car l'ouverture de la fenêtre permet l'arrivée d'air frais qui dilue l'air contaminé et réduit la concentration bacillaire autour du patient. Aussi, pour éviter le transfert d'air contaminé vers d'autres locaux, on hospitalisera de préférence les tuberculeux contagieux dans une chambre équipée d'un sas et, à défaut, on fermera la porte pendant l'aération de la chambre.
Aussi, l'exposition abondante à la lumière du jour tue les bacilles tuberculeux en quelques heures par une exposition directe aux rayons solaires et après quelques jours d'exposition diffuse à la lumière du jour. Les bacilles au contact d'objets peuvent survivre pendant des semaines à l'abri de la lumière, même après dessiccation; ils ne représentent toutefois aucun danger de contamination, d'une part parce qu'ils sont en faible concentration et d'autre part parce qu'ils ne sont pas inhalés.
L'irradiation par les rayons ultraviolets Le bacille tuberculeux est sensible à l'activité bactéricide des rayons ultraviolets, plus particulièrement dans le spectre UV-C, tout au moins si l'irradiation est directe et si les conditions d'utilisation sont respectées. L'exposition directe des personnes aux rayons ultraviolets doit être évitée pour échapper à toute lésion oculaire ou cutanée. Il est dès lors recommandé de brancher les UV quand les locaux sont inoccupés, par exemple pendant la nuit, avec la lampe orientée vers le bas. Les lampes doivent être dépoussiérées régulièrement et leur efficacité contrôlée.
Il est conseillé de placer des sources d'UV dans des locaux où la concentration de bacilles tuberculeux peut être élevée alors qu'ils sont souvent peu accessibles à la lumière du jour et difficiles à aérer correctement (salles de bronchoscopie, de traitement par aérosols ou d'autopsie). Rappelons toutefois que les UV n'assurent qu'une sécurité relative.
Conditionnement d'air (pour autant qu'il soit installé) Le contrôle et l'entretien réguliers du système de conditionnement sont absolument nécessaires. D'abord, pour réduire au maximum la transmission aérogène de l'infection, le conditionnement d'air devrait idéalement comporter de quatre à six renouvellements d'air par heure. Par ailleurs, la recirculation de l'air en provenance de locaux contaminés doit être absolument évitée.
Ensuite, en cas de construction nouvelle ou de transformations hospitalières, des chambres en dépression peuvent être envisagées pour l'isolement des patients porteurs de bacilles multirésistants.
Autres mesures de nettoyage et de désinfection contre de la tuberculose
La désinfection spécifique du sol, des parois et du mobilier des locaux où ont séjourné des tuberculeux n'est pas nécessaire, pour autant qu'ils soient abondamment aérés. S'il n'en est pas ainsi, l'on peut recourir à la désinfection par un désinfectant tuberculocide. Ces produits étant souvent caustiques, il faut éviter leur contact avec la peau et l'inhalation de leurs vapeurs.
Le nettoyage courant de la vaisselle et des objets utilisés par un patient tuberculeux est suffisant. Le matériel de soins comme les urinaux et bassins de lit doivent être nettoyés et désinfectés soigneusement, de préférence en machine.Tous les instruments de soins doivent être emballés après usage et transportés à l'unité centrale pour stérilisation.
En ce qui concerne les techniques endoscopiques, des précautions s'imposent pour éviter toute transmission de la tuberculose mais aussi d'autres germes et notamment le VIH et les virus des hépatites.
Les bronchoscopes rigides ou souples (fibroscopes) doivent être démontés, nettoyés et désinfectés immédiatement après chaque utilisation. Les sécrétions résiduelles, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du bronchoscope, doivent être évacuées par nettoyage mécanique de toutes les pièces, au moyen de brosses et de linges. Les canaux sont nettoyés avec du détergent, puis rincés à l'eau. Les bronchoscopes rigides sont stérilisés.
Les épreuves fonctionnelles respiratoires sont à éviter tant que le sujet tuberculeux est contagieux. Si elles sont absolument nécessaires, il faut ensuite stériliser les embouts et les conduits en contact avec le patient ou ses secrétions ou encore employer du matériel à usage unique.
Le port de gants à usage unique est conseillé pour éviter la pénétration du bacille de Koch dans des érosions cutanées éventuelles et le développement d'une infection locale, lors de la réalisation d'examens susceptibles d'entraîner un contact avec des secrétions contenant des bacilles tuberculeux, par exemple les fibroscopes ou lors de manipulation de crachoirs, mouchoirs, sondes, instruments, pansements ayant servi à des tuberculeux contagieux.