[e-med] Médecin, pharmacien, patient: parlez-vous en DCI

[c'est un débat qu'on connait bien en Afrique francophone... n'est-ce pas
?CB]

Médecin, pharmacien, patient: parlez-vous en DCI
http://www.pharmaceutiques.com/archive/une/date/20050928_dci.html

Après s'être illustré contre la publicité DTC au moment de la révision de la
législation pharmaceutique européenne, le Collectif Europe et médicament s'engage
maintenant dans la promotion de l'utilisation de la dénomination commune (DC
(DCI, dénomination commune internationale, étant l'ancienne appellation))
tant par les professionnels de santé que par les patients (1). Dans cette
optique, vient d'être donné le point de départ de la campagne: «DCI, le vrai
nom du médicament».

Prévue pour une durée d'un an, la campagne illustrera les avantages de la
dénomination commune au moyen de fiches publiées, au rythme d'une nouvelle
fiche par mois, dans les éditions des différents partenaires (presse
mutualiste, Prescrire, Que Choisir) (2). La première fiche propose une
introduction à la notion de DC tandis que la seconde met en garde contre les
risques de surdosage médicamenteux à partir d'un exemple illustrant une
mauvaise utilisation de médicaments tous à base d'ibuprofène. Pour Jacques
Julliard, président de l'Association Mieux Prescrire, «c'est un travail de
fond et nous ne nous attendons pas, même sur l'ensemble de l'année de la
campagne, à réussir à faire parler les gens en DCI. Mais il faut faire de la
pédagogie». Cette démarche pédagogique est d'ailleurs initiée dans les
numéros d'octobre des publications de deux partenaires du Collectif. Que
Choisir et Prescrire développent ainsi pourquoi «il est temps de changer et
d'apprendre ensemble le vrai nom du médicament, qui lui donne son
efficacité, la DCI».

En effet, l'objectif, explique Alain Bazot, président de l'UFC-Que Choisir,
est de parvenir à un langage partagé entre médecins et patients. Jacques
Julliard renchérit en soulignant que «le patient et le soignant doivent
mieux se comprendre» avant de décliner une série d'avantages associés à l'utilisation
de la DC (apports au raisonnement thérapeutique, à l'information du patient,
du pharmacien, réduire les risques d'incertitudes et d'erreurs, inciter le
soignant à se pencher sur les problèmes d'interactions médicamenteuses).
«Utiliser la DCI, c'est aussi une voie importante pour se reporter à des
sources d'informations indépendantes», ajoute-t-il, appuyant sa
démonstration sur la présentation simultanée du dictionnaire Vidal utilisé
par les médecins français et du British National Formulary, guide
thérapeutique britannique au format poche et basé sur les DCI. De même, les
normes OMS prévoyant des bases communes pour la création des DCI. Jacques
Julliard estime que «retenir les DCI n'est pas si dur». A titre d'exemple,
les DCI des antihistaminiques doivent être affectées du suffixe «astine»,
les anesthésiques locaux étant gratifiés de «caïne», les bronchodilatateurs
dérivés de la phénéthylamine de «térol» ou les antagonistes de l'acide
folique de «trexate». En somme, des moyens mnémotechniques simples même pour
des non initiés au vocabulaire de la chimie et de la pharmacie. Mais, ainsi
que le souligne le vice-président de l'UFC-Que Choisir, en charge des
questions de santé, Jacques Mopin, «pour avoir un langage commun, il faut
savoir où le trouver et se l'approprier». Comment repérer la DC sur les
emballages de médicaments? Là encore, «nous avons besoin d'éduquer le
patient pour qu'il apprenne à chercher et à trouver la DCI». Ici,
explique-t-il, «notre travail à l'UFC est de faire du lobbying pour obtenir
l'affichage de la DCI dans tous les cas».

Si cette démarche suppose d'apprendre un nouveau langage aux patients, il
faudra aussi former les médecins à la prescription en DCI. L'UFC-Que Choisir
se positionne pour le développement d'outils permettant de parler en DCI et
donc, d'avoir ce langage commun dès l'ordonnance. Au-delà des logiciels de
prescription en DCI, Daniel Lenoir, directeur général de la Mutualité
française, ajoute vouloir «se battre pour que les bases publiques mettent
plus en avant le nom des DCI». Par ailleurs, Jacques Mopin se déclare prêt à
utiliser les outils du lobbying et précise que des contacts seront pris
prochainement avec les pouvoirs publics. L'objectif est simple: «nous
voulons que la DCI soit aussi visible que le nom commercial».

Anne-Lise Berthier

(1) Le collectif, créé en avril 2002, regroupe une soixantaine d'associations
de malades, de consommateurs, d'organismes mutualistes et producteurs d'informations
indépendantes sur le médicament dans 12 pays européens.
(Voir http://www.pharmaceutiques.com/archive/une/date/20020429_ammdtc.html)
(2) Les fiches seront aussi proposées en accès libre sur les sites de
Prescrire (http://www.prescrire.org), de l'UFC Que Choisir
(http://www.quechoisir.org) et de la Mutualité française
(http://www.mutualite.fr).