[e-med] Mediator : la responsabilité des médecins et des pharmaciens en question

[à méditer... pour que cela ne se reproduise plus...CB]

Mediator : la responsabilité des médecins en question
Par Anne Jouan, Marie-Amélie Lombard
11/02/2011 | Mise à jour : 11:42
Le médicament a largement été détourné de son usage par les praticiens et
utilisé comme coupe-faim.
http://www.lefigaro.fr/sante/2011/02/10/01004-20110210ARTFIG00763-mediator-la-responsabilite-des-medecins-en-question.php

Quand la commercialisation d'un médicament est validée par l'Agence
française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), on dit que
le produit a obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM). Cette
autorisation est donnée pour traiter une affection précise. Le Mediator,
vendu en France entre 1976 et 2009, avait une AMM d'adjuvant au régime
antidiabétique. Mais, en réalité, il a largement été détourné de son usage
et utilisé comme coupe-faim.
Quand un médicament est prescrit hors AMM (c'était le cas du Mediator
utilisé comme coupe-faim), il n'est alors pas remboursé par la Sécurité
sociale. Et sur l'ordonnance, le médecin doit préciser «hors AMM». Il a
également le devoir d'expliquer au patient les effets secondaires du
produit. Sa responsabilité dans ce type de prescription est plus grande que
dans les ordonnances classiques. Cette question de la responsabilité des
médecins prescripteurs ne va pas manquer d'être posée. Et les patients, qui
jusqu'à présent se retournaient exclusivement contre le laboratoire, vont
très vraisemblablement un jour ou l'autre attaquer leurs médecins.

«Désinformation»
L'autre point important des prescriptions hors AMM concerne la
responsabilité de la Sécurité sociale. En 1998, trois médecins conseils de
la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) écrivent au directeur de
l'Agence du médicament de l'époque, Jean-René Brunetière, pour l'alerter sur
les prescriptions hors AMM excessives du Mediator. Mais la Sécurité sociale
a continuer de rembourser le Mediator au taux maximal, soit 65%. «Les
médecins conseil de la Cnam auraient dû avoir une attitude critique au cas
par cas et ils auraient dû militer pour davantage de contrôles», avance
François Honnorat, l'un des avocats de victimes. «Sur le plan de la
tromperie, les risques sont associés au produit et non au traitement, estime
cependant Georges Holleaux, l'avocat de la Cnam qui réclame une 226,6
millions d'euros à Servier.

Le médecin qui a prescrit hors AMM encourt des sanctions disciplinaires s'il
n'a pas précisé sur l'ordonnance qu'il agissait en dehors des indications
premières. «Je suis convaincu que les médecins ont été autant victimes de la
désinformation de la part de Servier sur son médicament que les patients,
confie Charles Joseph-Oudin, l'un des avocats de malades. J'en veux pour
preuve que bon nombre de mes clients opérés pour valvulopathie ressortaient
de l'hôpital avec une nouvelle prescription de Mediator délivrée par les
endocrinologues hospitaliers.» Dans un courrier adressé aux médecins en date
du 8 avril 2008 et que Le Figaro s'est procuré, Pierre Schiavi, directeur de
la division scientifique pharmacologie de Servier et président de la Société
française de pharmacologie (voir ci-dessus) entendait les rassurer sur la
nature du Mediator. Il écrivait: «Les effets indésirables les plus souvent
rapportés (.) sont des vertiges, des nausées et des troubles digestifs, une
somnolence, ainsi que des réactions de nature allergique cutanée.»