Au lieu que les médicaments de la rue reculent au Burkina, ils gagnent de
plus en plus les villes secondaires du pays. Qui va larrêter ?
Simon KABORE
Coordonnateur
Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)
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Que n a-t-on pas dit sur les médicaments de la rue? Tout ou presque.
Malgré les multiples campagnes de sensibilisation et parfois les
répressions contre les vendeurs de ces médicaments le phénomène sest
aujourdhui beaucoup accru dans nos villes et campagnes. La non maîtrise du
circuit, labsence de contrôle, le défaut dassurance qualité font de ces
médicaments de véritables poisons. Quels sont les dangers de ces médicaments
? Pourquoi certains patients préfèrent-ils se soigner avec ces médicaments ?
Comment se mène la lutte et quels sont les préjudices subis par les
pharmaciens ?
Votre Santé N°127 Janvier 2007
Selon les spécialistes de la santé, les médicaments de la rue ou médicaments
illicites sont des médicaments qui ne passent pas par le circuit licite. Ils
ne répondent pas aux normes requises et (administration de ces médicaments
de la rue engendre des conséquences néfastes sur la santé des patients. Pour
le Dr Mamadou Sanon des urgences médicales du CHR de Dédougou, les
indications de ces médicaments de la rue ne sont pas toujours évidentes, les
doses thérapeutiques ne sont lamais atteintes et les intoxications sont très
fréquentes. Des effets indésirables mineurs ou majeurs conduisent souvent à
des chocs anaphylactiques. Courant octobre 2006, un jeune de 22 ans est
décédé après avoir consommé ces médicaments dans un village de la commune de
Dédougou. Toute chose qui a fait dire au commissaire de police de Dédougou
quil faut redoubler la vigilance dans la lutte et intensifier la
sensibilisation des populations. Plusieurs facteurs expliquent la
consommation de ces médicaments incontrôlés. Les pesanteurs socioculturelles
et laccessibilité financière en sont les principaux. Selon Kalifa Séré, les
prix de ces médicaments sont très abordables. « Avec 500 F CFA vous pouvez
avoir des antibiotiques, alors quen pharmacie vous devez débourser 15000 F
CFA pour avoir les mêmes médicaments », dit-il avant de conclure que les
vendeurs de ces médicaments sont de petits poissons de ce trafic alimenté
par de gros bonnets. Cest ce qui explique que la lutte contre la vente de
ces médicaments incontrôlés est inefficace. Rosalie Bité est du même avis.
Pour elle, les médicaments de la rue sauvent les populations au village.
Avec 25 F CEA on peut sacheter 2 comprimés de paracétamol pour soulager les
céphalées alors quen pharmacie les médicaments ne se vendent pas en détail,
dit-elle. Ces raisons ne convainquent pas le Or Soutiane Sanou, pharmacien
au CHR de Dédougou. Outre le fait que ces médicaments ne respectent pas les
normes de fabrication, il y a la conservation et la délivrance qui est faite
sur la base de certains symptômes. « Même si on va de lhypothèse que es
médicaments sont bons, on ne connait généralement pas létat du patient qui
peut avoir telle maladie et avoir une autre insuffisance incompatible avec
le médicament », explique le Dr Sanou qui confirme que certains médicaments
avariés deviennent plus toxiques. Les médicaments incontrôlés ont des
conséquences à court, moyen et long termes qui ont pour noms stérilité,
fécondité, cancers. Le combat que mènent les forces de sécurité contre les
médicaments de la rue rencontre des difficultés. Les sources
dapprovisionnement sont inconnues tant et si bien quil est difficile de
trouver les véritables coupables. Quà cela ne tienne, les forces de
sécurités nentendent pas baisser la garde face au phénomène. Le moins que
lon puisse dire est que la sensibilisation des populations devrait être la
véritable arme de destruction de ces médicaments de la rue car les
populations doivent éviter de se soigner avec ces médicaments. Aussi, les
pharmacies sont victimes de cette concurrence déloyale. Le Or Sanou est
affirmatif là-dessus : « la vente des médicaments de la rue crée un tort
incommensurable aux pharmaciens. Cest pourquoi tout le monde est déterminé
à lutter activement contre les médicaments de la rue et le réseau doit être
démantelé. La situation conjoncturelle est certes là, mais attention au choc
anaphylactique car il est déconseillé de confier sa santé à la rue.
Par Serge COULIBALY