E-MED: Nouvelles de la conf�rence sur le sida � Barcelone (suite)
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"L'impact du VIH/SIDA sur le d�veloppement de l'Afrique a �t� �sous-estim�-
une r�orientation
fondamentale de l'action men�e s'impose en urgence"
Bureau Internationale du Travail (Gen�ve)
11 Juillet 2002
Publi� sur le web le 11 Juillet 2002
http://fr.allafrica.com/stories/200207110454.html
Barcelone
Selon l'OIT, l'impact du VIH/SIDA sur le d�veloppement de l'Afrique a �t�
�sous-estim� - une r�orientation fondamentale de l'action men�e s'impose en
urgence
Selon une analyse du Bureau international du Travail (BIT) publi�e
aujourd'hui, l'impact �conomique et social du VIH/SIDA sur l'Afrique
subsaharienne est beaucoup plus grave qu'on ne le pensait jusqu'ici, au
point de compromettre fortement le d�veloppement des pays touch�s.
Les experts du BIT ont d�clar� lors de la XIVe Conf�rence internationale sur
le SIDA, qui se tient ici, � Barcelone, que les tentatives faites jusqu'�
maintenant par les �conomistes pour mesurer le co�t du VIH/SIDA en Afrique
subsaharienne sous-estiment sans doute largement la valeur sociale et
�conomique des pertes en �capital humain� que subit le continent.
Selon Franklyn Lisk, directeur du Programme de l'OIT sur le VIH/SIDA et le
monde du travail, �l'�pid�mie perturbe la vie sociale et �conomique sous des
formes qui nous �taient inconnues jusqu'ici. Le principal impact
socio-�conomique du VIH/SIDA tient au fait qu'il d�cime la population active
et qu'il influe sur le niveau et l'affectation de l'�pargne et de
l'investissement, laissant pr�sager ainsi une gigantesque catastrophe
humanitaire aux cons�quences �conomiques et sociales dramatiques�.
Selon une nouvelle �tude du BIT pr�sent�e � la Conf�rence, il est de plus en
plus difficile, dans tous les secteurs professionnels des paysd'Afrique
subsaharienne, de remplacer les travailleurs atteints du VIH/SIDA, qu'ils
soient qualifi�s ou non. Par ailleurs, l'�tude constate que, du fait que le
SIDA touche les travailleurs des secteurs public et priv� qui assurent les
services essentiels, de nombreux pays ont des difficult�s croissantes �
mobiliser les ressources qui leur seraient indispensables pour assurer un
simple maintien du rythme de d�veloppement �conomique actuel.
�Des d�cennies d'efforts consacr�s au d�veloppement, � la formation, �
l'am�lioration des comp�tences et � l'�ducation sont en train d'�tre perdues
� jamais�, a d�clar� M. Lisk. �S'imaginer qu'on pourra compenser ces pertes
en faisant appel � un large vivier de ch�meurs ou de travailleurs
sous-employ�s est une illusion.�
Voici certaines des conclusions essentielles de l'�tude:
* L'�pid�mie compromet les perspectives de d�veloppement par ses effets sur
l'offre de main-d'*uvre, le taux d'�pargne, la s�curit� nationale et la
coh�sion sociale. C'est pourquoi le d�veloppement social et �conomique est
le plus menac� dans les pays o� la pr�valence du VIH est la plus forte, pays
qui sont en m�me temps ceux o� la mort et la maladie font les plus gros
ravages. Les pertes seront les plus lourdes dans les pays o� le taux
d'infection par le VIH augmente parall�lement au statut social et
professionnel.
* Comme les autres secteurs, le secteur des soins de sant� et celui de
l'�ducation p�tiront directement des difficult�s occasionn�es par le
remplacement des travailleurs et des comp�tences perdus. Par ailleurs, les
responsables de l'�ducation et de la formation ne prennent pas les mesures
voulues pour remplacer les pertes de comp�tences actuelles et � venir.
* Le SIDA emp�che hommes et femmes de contribuer pleinement au
d�veloppement, de perp�tuer les structures familiales et d'assurer la
viabilit� des capacit�s productives.
* Par ses effets directs sur les flux de revenus et le niveau des d�penses,
l'�pid�mie menace en outre la capacit� d'�pargne des m�nages, des
entreprises du secteur informel comme du secteur moderne et des
gouvernements. Cette �volution entra�nera une chute de la demande, une
baisse de l'investissement et de la production et une diminution du revenu
par habitant. Les gouvernements neprennent pas les mesures voulues pour
modifier ou adapter leurs plans quinquennaux en fonction des pertes de
comp�tences et de main-d'oeuvre.
Ampleur de l'�pid�mie
L'�pid�mie frappe surtout la population active (c'est-�-dire les 15 � 49
ans), imposant ainsi un fardeau �crasant aux membres d'une tranche d'�ge qui
joue un r�le social et �conomique essentiel. En Afrique, les femmes paient
un prix d�mesur� en raison de ce qu'elles sontinfect�es plus t�t que les
hommes, ce qui les prive davantage encore des ann�es de vie o� l'on est en
bonne sant� et leur fait supporter une part disproportionn�e de la charge
des soins.
On estime que le SIDA a tu� 2,3 millions d'Africains en 2001; selon le
Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA, il a caus� la mort d'une
vingtaine de millions de personnes depuis le d�but de l'�pid�mie. D'apr�s
les estimations de l'ONUSIDA, il s'est produit environ 3,4 millions de
nouvelles infections en 2001, et quelque 28 millions d'Africains sont
actuellement s�ropositifs.
Une cinquantaine de millions de personnes seront mortes du VIH/SIDA avant la
fin de la pr�sente d�cennie, estiment les auteurs du rapport, qui ajoutent
que, en partant de l'hypoth�se que chaque d�c�s touche cinq membres de la
famille proche, quelque 250 millions d'Africains auront �t� frapp�s par le
VIH/SIDA d'ici dix ans.
Les efforts men�s pour prot�ger les �conomies africaines devront se
poursuivre longtemps en raison de difficult�s multiples: formation des
nouveaux travailleurs; diminution des possibilit�s d'apprentissage sur le
tas due � la mort de travailleurs exp�riment�s; augmentation dunombre des
enfants contraints de travailler aux d�pens de leur �ducation et de leur
formation.
Selon le rapport, l'un des aspects les plus pr�occupants de l'�pid�mie tient
pr�cis�ment au fait qu'elle affaiblit gravement le secteur de l'�ducation
des pays d'Afrique subsaharienne, d�j� peu performant. Chez les professeurs
de l'enseignement secondaire du Malawi, par exemple, le taux de mortalit�
suppl�mentaire due au SIDA est d�j� presque deux fois plus �lev� que celui
des autres causes de mortalit�, tandis que, chez ceux de l'enseignement
primaire, ce taux est de 60 pour cent.
Selon le rapport, �il semble impossible de pr�server le capital humain
actuel � cause de l'�rosion que subissent les moyens d'action du secteur de
l'enseignement. Nos connaissances actuelles des liens complexes qui unissent
les divers aspects de cette question ne nous permettent pas de faire un
diagnostic pr�cis sur les risques ainsi pr�sent�s pour la p�rennit� du
d�veloppement dans la r�gion.
L'analyse la plus optimiste conduit � penser que l'�pid�mie ne pourra que
peser sur les indicateurs du d�veloppement social et �conomique�.
Dans le secteur public, par exemple, le d�cuplement du taux de mortalit�
enregistr� dans certains pays au cours de la derni�re d�cennie tient
largement au SIDA, avec pour cons�quence de priver les pouvoirs publics des
moyens n�cessaires � la fourniture des biens et services essentiels. Ainsi,
au Botswana, le taux de mortalit� accru enregistr� dans les services de
soins de sant� a pour effet de r�duire les moyens dont on dispose pour faire
face � l'augmentation des soins exig�s par les personnes atteintes du VIH ou
du SIDA. Au Malawi, l'�pid�mie frappe durement les officiers de police
subalternes �g�s de 20 � 40 ans, ce qui nuit � la qualit� des services
rendus et affecte la structure du syst�me de s�curit�.
Dans le secteur informel, qui emploie la majorit� des travailleurs de la
plupart des pays africains, notamment dans l'agriculture, on ne dispose que
de maigres donn�es sur l'impact du VIH/SIDA en raison de l'insuffisance des
recherches. Cependant, il ressort des �tudes men�es au Kenya et en C�te
d'Ivoire que la morbidit� et la mortalit� dues au SIDA ont entra�n� une
diminution dramatique de l'�pargne, une grave perte de comp�tences et de
capacit�s organiques essentielles et une forte baisse (jusqu'� 50 pour cent)
de la production alimentaire des exploitations familiales dont un membre est
atteint du SIDA.
Repenser la politique
Selon le rapport, il y a lieu de �repenser les politiques et les programmes
pour les adapter aux nouvelles r�alit�s d'un monde dont le SIDA fait
partie�. Il faudrait, � cet effet:
* Red�finir les objectifs du syst�me �ducatif pour le rendre plus ouvert,
moins hi�rarchique et mieux adapt� � l'�volution des besoins des diff�rentes
�conomies. Il y aurait lieu � cet effet de transf�rer des ressources du
secteur tertiaire aux secteurs primaire et secondaire afin de cr�er les
bases d'un nouveau syst�me d'�ducation et de comp�tences.
* Assigner au secteur de la sant� des objectifs r�alistes, adapter la
formation de ce secteur aux nouvelles demandes li�es au VIH/SIDA et proposer
de nouvelles structures permettant de traiter un nombre croissant de
personnes atteintes.
* Proposer de nouvelles mani�res d'enseigner les techniques traditionnelles
aux enfants, surtout dans les zones rurales, afin de compenser la perte des
connaissances et enseignements transmis par les g�n�rations pass�es aux
adultes qui sont aujourd'hui victimes du VIH/SIDA.
* Elaborer de nouvelles techniques propres � compenser la p�nurie
croissante de main-d'*uvre, tant chez les travailleurs qualifi�s et les
cadres que chez les travailleurs non qualifi�s. Pour ce faire, il faudra
peut-�tre envisager de nouvelles m�thodes de planification, et non compter
sur les forces endog�nes des march�s de produits et de capitaux, qui ne sont
pas en mesure de s'adapter assez rapidement � l'�volution du march� du
travail africain.
Par ailleurs, le rapport appelle les employeurs et les syndicats �
participer davantage aux efforts de lutte contre le VIH/SIDA et � appuyer
les efforts men�s par les gouvernements pour �valuer et att�nuer l'impact de
l'�pid�mie.
Selon M. Lisk, �les entreprises ne proposent pas de programmes coh�rents de
lutte contre le SIDA. Pour rem�dier � cette situation, nous devons offrir
aux travailleurs et aux employeurs des conseils et une assistance technique
fond�s sur le Recueil de directives pratiques de l'OIT sur le VIH/SIDA
pr�sent� � la session extraordinaire de l'Assembl�e g�n�rale des Nations
Unies organis�e l'an dernier sur ce th�me. Jusqu'ici, les ressources
consacr�es � cette t�che ont �t� totalement insuffisantes. La communaut�
internationale et les dirigeants africains doivent s'efforcer ensemble de
trouver les ressources et la volont� n�cessaires pour mettre en *uvre dans
tout le continent une politique et des programmes de lutte contre le SIDA
dans l'entreprise�.
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