L'épidémie silencieuse des contrefaçons de médicaments
L'OMS réunit les parties intéressées pour trouver des solutions mondiales a
ce danger croissant pour la santé
15 FÉVRIER 2006 | ROME, GENÈVE -- L'Organisation mondiale de la Santé
appelle à prendre immédiatement des mesures concrètes pour lutter contre le
phénomène croissant des contrefaçons de médicaments. S'efforçant d'accélérer
la lutte contre ces faux médicaments, l'Organisation fera pression, lors
d'une réunion organisée à Rome du 16 au 18 février, pour renforcer la
coopération mondiale, la volonté politique et pour trouver des solutions
créatives.
L'OMS veut créer un groupe de travail mondial rassemblant les principales
parties intéressées. Il sera chargé de mettre en place des feuilles de route
et des outils d'application dans les domaines de la législation, de
l'exécution des lois, du commerce, de la communication sur les risques et de
solutions technologiques innovantes, notamment des initiatives rassemblant
les secteurs public et privé pour l'application des nouvelles technologies à
la détection des médicaments contrefaits et leur transfert aux pays en
développement.
Il y a des médicaments contrefaits dans tous les pays et on pense qu'ils
représentent 10 % du commerce mondial. D'une manière particulièrement
insidieuse, les malades dupés croient qu'ils prennent des médicaments qui
leur feront du bien, alors qu'en fait, les contrefaçons peuvent aggraver
leur état ou même les tuer dans certains cas.
« On ne meurt pas de porter des faux sacs à mains ou T-shirt. En revanche,
les contrefaçons de médicaments peuvent tuer, rappelle Howard Zucker,
Sous-Directeur général à l'OMS pour Technologie de la santé et produits
pharmaceutiques. Comme pour la contrebande des drogues, il ne faut faire
aucun compromis et livrer une lutte sans merci contre les réseaux de
production et de distribution. »
Les contrefaçons de médicaments entrent dans le cadre plus général des
produits pharmaceutiques ne répondant pas aux normes. La différence est le
fait que la nature ou l'origine indiquées sur l'étiquette sont délibérément
et frauduleusement mensongères. Dans la plupart des cas, ces produits n'ont
aucun effet thérapeutique et ils peuvent même provoquer des décès ou
l'apparition de pharmacorésistances.
Le commerce des contrefaçons est extrêmement lucratif, ce qui le rend
d'autant plus attractif pour les réseaux criminels. Selon les projections
publiées dans un rapport du Centre for Medicines in the Public Interest, aux
Etats-Unis, les ventes de médicaments contrefaits atteindront US $75
milliards en 2010, soit une augmentation de 92 % par rapport à 2005.
Les contrefaçons sont plus présentes dans les pays où le contrôle et
l'application des réglementations pharmaceutiques laissent à désirer.
Toutefois, aucun pays n'est totalement à l'abri du problème. Selon des
rapports du secteur pharmaceutique et des gouvernements, il apparaît
clairement que les méthodes et les canaux utilisés par les producteurs de
contrefaçons se perfectionnent, ce qui complique leur détection.
Certaines mesures ont été prises pour lutter contre les contrefaçons de
médicaments : appui aux autorités de réglementation pharmaceutique manquant
de moyens ; marqueurs simples, facilement lisibles et peu coûteux de
l'authenticité, comme les systèmes de code barre par exemple, surveillance
transnationale des médicaments contrefaits ou ne répondant pas aux normes,
éducation des patients, des soignants et des pharmaciens.
« Il faut intensifier ces mesures, estime le Dr Zucker. Les pays doivent
réfléchir aux moyens de procéder le plus rapidement possible aux ajustements
technologiques, législatifs et financiers nécessaires pour garantir la
disponibilité des médicaments essentiels de qualité. »
L'OMS voudrait également que l'on progresse davantage dans le domaine des
solutions innovantes à haute ou basse technologie pour la prévention au
stade de la production et pour la détection dans la chaîne de distribution.
Des méthodes simples et peu coûteuses pour identifier les contrefaçons
peuvent s'avérer efficaces. Par exemple, de simples essais colorimétriques,
mis au point pour l'artémisinine, ont été utilisés avec succès pour
identifier de faux artésunates antipaludiques.
L'OMS a mis en place en 2005 le premier système mondial sur le web pour
détecter les activités liées à la contrefaçon des médicaments dans la région
du Pacifique occidental. Le réseau de communication du système d'alerte
rapide transmet des rapports sur la distribution des médicaments contrefaits
aux autorités compétentes afin qu'elles prennent rapidement les mesures qui
s'imposent. On pourrait étendre ce système à toutes les autres régions.
L'identification par fréquence radio et des technologies plus avancées pour
le suivi des produits dans les systèmes de gestion des chaînes
d'approvisionnement sont en cours d'expérimentation dans certains pays. Il
faut chercher des moyens pour mettre ces outils plus perfectionnés à la
disposition des pays en développement.
Les informations sur l'identité et la distribution des contrefaçons de
médicaments doivent circuler au niveau national et international entre les
autorités publiques de réglementation pharmaceutique, les douanes, les
polices, les laboratoires pharmaceutiques, les organisations non
gouvernementales et les groupes de consommateurs. Il faut également
communiquer sur le risque, notamment dans les médias, pour sensibiliser le
public.
Notes d'information aux médias
L'Agence pharmaceutique italienne et la Coopération italienne accueillent la
conférence de Rome, organisée avec le soutien de la Fédération
internationale de l'Industrie du Médicament (FIIM) et du Gouvernement
allemand. Des experts des gouvernements nationaux et des autorités de
réglementation, de l'industrie, des organisations intergouvernementales,
ainsi que des groupes de patients et de consommateurs, vont participer à
cette réunion.
L'OMS organisera une conférence de presse au Palazzo Brancaccio, via del
Monte Oppio 7, Rome, le jeudi 16 à 13 heures. Les journalistes souhaitant
assister à la conférence de presse et/ou aux présentations de la conférence
tout au long de la journée de jeudi doivent s'inscrire par courriel auprès
de Mme Arianna Gasparini : ufficiostampaAIFA@sanita.it
Pour obtenir davantage d'informations sur la conférence, le programme et les
participants, veuillez consulter :
www.who.int/medicines/counterfeit_conference/en/index.html
Les journalistes souhaitant assister à la première journée de conférence
doivent s'inscrire auprès de info@pictures.it
Pour plus d'informations:
Daniela Bagozzi
Téléphone: + 41 22 791 45 44
Tél. portable: + 41 794 75 5490
Courriel: bagozzid@who.int