[e-med] L'OMS vivement rappelée à l'ordre durant son Assemblée générale

L'OMS vivement rappelée à l'ordre durant son Assemblée générale

GENÈVE - Les Etats membres de l'Organisation mondiale de la santé lui ont
lancé cette semaine un avertissement clair lui signifiant qu'ils comptaient
reprendre la main sur le processus décisionnel après plusieurs mises en
causes des liens de l'OMS avec l'industrie pharmaceutique.
Affichant un soutien sans faille le premier jour de l'assemblée annuelle de
l'organisation, les pays ont profité des réunions techniques pour montrer
une nouvelle défiance envers l'OMS.
"A cet égard, cette assemblée a été exceptionnelle, il y a eu des choses
qui ne sont jamais arrivées auparavant", explique German Velasquez, un
expert
colombien ancien membre de l'OMS: "Les Etats membres ont perdu leur
confiance dans l'OMS dans la mesure où ils ont trouvé sur différents
sujets qu'il
n'y avait pas une totale indépendance et neutralité" envers les
pharmaceutiques.
Après des débats houleux, ils ont obtenu dans plusieurs cas de reprendre le
contrôle sur le choix des experts pour s'assurer qu'il n'y ait plus de
doute sur les conflits d'intérêts.
Les pays en développement ont "clairement signifié que l'influence des
pharmaceutiques dans l'élaboration des politiques (de santé) ne peut pas se
substituer à des conseils indépendants", observe un responsable d'Oxfam,
Rohit
Malpani.
Cette volonté de reprise en main est la conséquence directe de plusieurs
affaires mettant en cause l'influence des pharmaceutiques sur l'OMS, dont la
plus médiatique est la gestion de la grippe H1N1.
Sur la grippe, experts et politiques ont critiqué la façon dont l'OMS a
déclenché l'alerte pandémique, le 11 juin 2009, provoquant la production de
millions de vaccins et antiviraux dont une partie est restée sur les bras des
gouvernements.
Sur ce thème, les ministres de la Santé ont toutefois affiché lundi un
soutien appuyé à l'OMS, ne voulant pas ouvrir la porte à plus de critiques
dans
leur propre pays.
Les délégués se sont montrés en revanche virulents sur d'autres points tels
que les maladies négligées ou la lutte contre la contrefaçon de
médicaments.
Le scandale sur le rapport devant proposer des modes de financements
innovants pour les maladies délaissées par les laboratoires remonte à
quelques
mois. Selon Médecins sans frontières et M. Velasquez, il y a eu "des preuves"
que le premier jet du document a fait l'objet de fuites chez des
pharmaceutiques.
Des fuites qui a conduit la directrice de l'OMS, Margaret Chan, à ouvrir
une enquête.
La question sensible a été débattue en réunion spéciale une semaine avant
l'ouverture de l'assemblée. Durant la réunion, "les critiques ont été à
nouveau extrêmement virulentes" mais le dossier a été clos dans l'attente
des
résultats de l'enquête, explique M. Velasquez.
Les débats sur la lutte contre les contrefaçons de médicaments se sont
prolongés durant plusieurs jours.
L'Inde et le Brésil, au nom de nombreux pays en développement, ont exhorté
l'OMS à rompre ses liens avec le Groupe international de lutte contre la
contrefaçon de médicaments (IMPACT), représentant notamment les intérêts
pharmaceutiques.
Ils estiment qu'IMPACT défend les intérêts de ces laboratoires utilisant,
selon eux, la lutte contre la contrefaçon pour empêcher la vente de
génériques.
Ils ont eu gain de cause et une résolution a été votée à l'arraché vendredi
soir stipulant que les experts planchant sur ces questions seront proposés
par les pays.
"Ce qui compte, c'est le contrôle par les Etats membres de la politique de
l'OMS", s'est félicité le Brésil.
"Désormais, les pays ne donnent plus carte blanche à l'organisation (...),
j'espère que l'OMS va en tirer les leçons", a conclu M. Velasquez.
(©AFP / 22 mai 2010 13h05)