[e-med] OMS: une nouvelle approche coordonnée de lutte contre les maladies tropicales négligées

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Communiqués de presse
26 OCTOBRE 2006 | WASHINGTON --
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et un groupe de plus de 25 organisations partenaires ont présenté aujourd'hui une nouvelle stratégie visant à combattre certaines des maladies tropicales les plus négligées qui minent la santé et la vie des pauvres.

L'approche contenue dans un manuel qui vient d'être publié sur la chimiothérapie préventive des helminthiases chez l'homme (Preventive Chemotherapy in Human Helminthiasis) vise à déterminer comment et quand utiliser une série de médicaments gratuits ou peu coûteux dans les pays en développement pour lutter contre un ensemble de maladies provoquées par les helminthes. Dans ce contexte, la chimiothérapie préventive consiste à utiliser des médicaments efficaces contre un large éventail d'infestations pour traiter simultanément les quatre maladies les plus fréquentes dues aux helminthes, à savoir l'onchocercose (ou cécité des rivières), la filariose lymphatique (et plus particulièrement l'éléphantiasis), la schistosomiase et les géohelminthiases. Il existe aussi d'importantes possibilités d'intégrer ces efforts à la lutte contre des maladies comme le trachome.
Pour le Dr Lorenzo Savioli, Directeur du Département OMS de Lutte contre les maladies tropicales négligées à Genève: « la chimiothérapie préventive ne permet pas nécessairement de stopper une infestation mais elle contribue à réduire la transmission. Elle présente l'avantage d'améliorer immédiatement l'état de santé et d'éviter une pathologie irréversible chez l'adulte. De même que nous apportons une protection la vie durant contre un certain nombre de maladies évitables par la vaccination, de même l'utilisation régulière et coordonnée de quelques médicaments offre une protection contre les helminthiases et permet d'améliorer les performances scolaires des enfants et la productivité de l'adulte ».
La nouvelle approche constitue une première étape critique associant des traitements contre plusieurs maladies qui, bien que différentes, font appel à des ressources et à des stratégies d'action communes en vue de la lutte ou de l'élimination.
Le deuxième aspect clé de la stratégie consiste à réunir pour la première fois des dizaines d'organismes, d'ONG, de sociétés pharmaceutiques et d'autres partenaires dans le cadre d'une lutte coordonnée contre les maladies négligées. Les organisations intègrent leurs compétences techniques et leurs ressources pour fournir les protocoles du manuel destinés à une utilisation à grande échelle. On dispose d'une foule d'expériences, et des succès ont déjà été obtenus par la communauté de la santé publique face à ces maladies.
Plus d'un milliard de personnes sont touchées et l'on peut mesurer l'impact de ces maladies sur la croissance et le développement de l'enfant ; elles sont aussi à l'origine de complications pendant la grossesse, d'une insuffisance pondérale à la naissance, de lésions défigurantes significatives et parfois incapacitantes, de cas de cécité, d'une exclusion sociale et d'une réduction de la productivité économique et du revenu familial. Ces effets peuvent dorénavant être sensiblement réduits par des interventions plus générales au moyen de médicaments très efficaces dont la qualité et l'innocuité sont avérées et qui pour la plupart sont donnés gratuitement par les sociétés pharmaceutiques ou reviennent à moins de US $0,40 par personne et par an (prix du médicament et de l'acheminement).
Comme le souligne le Dr David Heymann, Sous-Directeur général par intérim de l'OMS chargé des maladies transmissibles, « Nous devons collaborer d'urgence pour améliorer l'accès à des interventions ayant un impact rapide et apportant des soins de qualité. Il faut incontestablement agir de tous les points de vue : il y a un impératif moral, mais c'est aussi une question de droits de l'homme et de bien public mondial. Nous pouvons y arriver et nous devons le faire. ».
Il s'agit maintenant de mettre en oeuvre les directives pratiques du manuel et de maintenir les progrès offerts par la chimiothérapie préventive. Les gouvernements des Etats Membres de l'Organisation des Nations Unies se sont engagés à atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement, et l'application d'un traitement préventif contre les helminthes apportera une contribution significative à la réalisation de ces objectifs.
Pour plus de renseignements, s'adresser à :

Dick Thompson
Communication, OMS
Téléphone : +41 22 791 2684
Tél. portable : +41 79 475 5475
Courriel : thompsond@who.int

LES MALADIES TROPICALES NEGLIGEES SONT NOTAMMENT LES SUIVANTES

Filariose lymphatique : On estime à 1,2 milliard le nombre de personnes vivant dans des zones d'endémie filarienne dans 83 pays et à environ 120 millions le nombre de cas. L'infestation filarienne peut être cliniquement asymptomatique ; une ou plusieurs manifestations aiguës sont également possibles (fièvre, tuméfaction locale, lymphangite). Les complications chroniques sont les suivantes : lymphoedème ou éléphantiasis des membres, lésions des organes génitaux (hydrocèle chez l'homme) et atteintes rénales (chylurie) et lymphatiques. La filariose lymphatique est provoquée par les filaires appartenant aux espèces Wuchereria bancrofti, Brugia malayi et Brugia timori.

Schistosomiase : On compte environ 200 millions de cas de schistosomiase dans le monde et plus de 650 millions de personnes vivent dans les zones d'endémie. La schistosomiase urinaire est provoquée par Schistosoma haematobium et la schistosomiase intestinale par S. intercalatum, S. mansoni, S. japonicum et S. mekongi. La maladie est due avant tout aux oeufs des schistosomes déposés par les vers adultes dans les vaisseaux sanguins entourant la vessie ou les intestins. Le signe classique de la schistosomiase urinaire est l'hématurie (présence de sang dans les urines). Une fibrose vésicale et urétrale et une hydronéphrose sont couramment observées dans les cas avancés et le cancer de la vessie peut être une complication à un stade avancé. La schistosomiase intestinale présente un tableau clinique non spécifique à type de douleurs abdominales, diarrhée et présence de sang dans les selles. L'hépatomégalie est fréquente dans les cas avancés et souvent associée à une ascite et à d'autres signes d'augmentation de la pression porte. Dans ces cas, une splénomégalie est également possible.

Onchocercose : L'onchocercose est endémique dans 30 pays d'Afrique, 6 pays des Amériques ainsi qu'au Yémen et dans la péninsule arabique. On estime à 100 millions le nombre de personnes exposées au risque d'infection et à 37 millions celui des personnes infectées. L'agent étiologique est Onchocerca volvulus, un nématode. Les symptômes débutent un à trois ans après l'infestation, généralement lorsque les femelles adultes commencent à produire des microfilaires. Ce sont : des éruptions cutanées, des lésions cutanées papulaires, des nodules subcutanés, un prurit intense et une dépigmentation de la peau, une lymphadénite entraînant un éléphantiasis scrotal et génital, et un état d'affaiblissement général. Les lésions oculaires conduisent à de graves atteintes visuelles ainsi qu'à la cécité.

Géohelminthiases (ascaridiase, trichocéphalose, ankylostomiase) : Les géohelminthiases touchent plus de 2 milliards de personnes dans le monde. Selon les estimations récentes, on compterait 1,221 milliard d'infestations à Ascaris lumbricoides, 795 millions d'infestations à Trichuris trichiura et 740 millions d'infestations à Ankylostoma duodenale et Necator americanus. Parmi les agents étiologiques des géohelminthiases figurent Ascaris lumbricoides, Trichuris trichiura et les ankylostomes. L'infestation est provoquée par l'ingestion d'oeufs présents dans le sol ou sur des aliments contaminés (Ascaris lumbricoides et Trichuris trichiura) ou par la pénétration active dans la peau des larves présentes dans le sol (ankylostomes). Les géohelminthiases produisent un large éventail de symptômes comprenant des manifestations intestinales (diarrhée, douleurs abdominales), un état de malaise et de faiblesse généralisé pouvant réduire les capacités d'apprentissage et de travail et des troubles de la croissance. Les ankylostomes provoquent des saignements intestinaux chroniques qui entraînent une anémie.

Trachome : Le trachome touche 84 millions de personnes dont 8 millions environ souffrent d'atteintes visuelles. La maladie est due à Chlamydia trachomatis, une bactérie qui se propage par contact avec les sécrétions oculaires de la personne infectée (linges de toilette, mouchoirs, doigts, etc.) et par transmission par les mouches attirées par les yeux. Après des années d'infections répétées, l'intérieur de la paupière peut comporter des cicatrices si importantes que la paupière se retourne vers l'intérieur et que les cils viennent frotter sur le globe oculaire et égratigner la cornée. Sans traitement, l'infection conduit à la formation d'opacités cornéennes irréversibles et à la cécité.

Quelques obervations des partenaires du projet.

Dr James Mwanzia, Directeur, Division de la Lutte contre les Maladies transmissibles, Bureau régional OMS de l'Afrique, Harare, Zimbabwe
« La prochaine étape consistera à adapter le manuel aux besoins spécifiques des pays, ce qui leur permettra d'appliquer la stratégie intégrée de l'OMS et les points forts de leurs systèmes de santé publique pour le compte des communautés touchées par les maladies tropicales négligées. »
Dr Regina Rabinovich, Directeur des Maladies infectieuses, Fondation Bill & Melinda Gates, Seattle, Etats-Unis d'Amérique
« Nous saluons la direction imprimée par l'OMS dans la lutte contre les maladies tropicales négligées et nous envisageons avec plaisir de collaborer avec elle et avec les autres partenaires pour démontrer le rôle important que peut jouer la chimiothérapie préventive dans la lutte contre ces terribles maladies. »

Dr Uche Amazigo, Directeur, Programme africain de lutte contre l'onchocercose (APOC), Burkina Faso
« Il nous faut une action concertée et coordonnée et un partenariat pour aider les populations les plus pauvres à faire face à la charge des maladies négligées. Le fait que le problème subsiste alors qu'on dispose des stratégies, des médicaments et des outils pour le combattre à grande échelle constitue un échec pour la santé publique. Pour que nos efforts soient couronnés de succès, il faut donner aux communautés les moyens d'agir, mettre en place des partenariats solides et renforcer les systèmes de santé en vue d'une lutte intégrée afin d'atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement. »

Dr J.-P. Garnier, Président Directeur général, GlaxoSmithKline, Londres, Royaume-Uni
« GlaxoSmithKline est fière d'assumer son rôle dans la lutte contre les maladies tropicales négligées, notamment par ses dons d'albendazole pour l'élimination de la filariose lymphatique. Nous nous félicitons des lignes directrices de l'OMS qui aideront les pays à associer différentes interventions contre les maladies en utilisant plusieurs médicaments pour avoir un impact plus important sur la santé des pauvres dans les pays en développement. »

Dr Jacob Kumaresan, Président, International Trachoma Initiative, New York, Etats-Unis d'Amérique
« Malheureusement, ces maladies tropicales négligées touchent les populations les plus pauvres de la planète et causent des souffrances inutiles en entraînant une réduction de la productivité et du développement. En collaborant ensemble pour assurer la synergie de nos interventions, nous pouvons arriver plus rapidement à une meilleure couverture, améliorer la santé des personnes touchées et contribuer à réduire la pauvreté. »

Professeur David Molyneux, Directeur, Lymphatic Filariasis Support Centre, Liverpool, Royaume Uni
« Il faut féliciter l'OMS d'avoir mis au point un ouvrage pertinent, bien présenté, intéressant le monde entier et qui arrive à point nommé. Abordant les questions pratiques de la chimiothérapie anthelminthique, ce texte très complet donne aux responsables dans les pays d'endémie les informations vitales dont ils ont besoin pour planifier leurs programmes. L'OMS et ses collaborateurs ont réussi avec élégance le passage de la théorie à la pratique, permettant ainsi aux pays d'appliquer des programmes pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement d'une manière économique. »

Dr Mark L. Eberhard, Directeur, Division of Parasitic Diseases, Centers for Disease Control, Atlanta, Géorgie, Etats-Unis d'Amérique
« Une première étape critique dans la lutte contre les maladies infectieuses consiste à mettre au point un ensemble cohérent et complet de lignes directrices, donnant une forme concrète pratique aux idées de départ. L'OMS a une fois de plus réussi à mettre au point un tel document qui servira de cadre et de stratégie pour que la communauté mondiale puisse consacrer ses efforts à la lutte contre les maladies tropicales négligées qui constituent certaines des pathologies les plus courantes et les plus débilitantes alors qu'on dispose des moyens de les combattre. »

Professeur Alan Fenwick, Directeur, USAID NTD Project, Washington, Etats-Unis d'Amérique
« Ces lignes directrices sont exactement ce qu'il faut pour contribuer à la lutte contre les maladies tropicales négligées. La Fondation Bill & Melinda Gates et USAID ont récemment accru l'appui apporté à la lutte et d'autres donateurs sont en train de les rejoindre. Il est donc essentiel que les stratégies de lutte soient fondées sur des connaissances factuelles solides et ces lignes directrices constituent une bonne base pour la mise au point de stratégies appropriées. »

Professeur Peter Hotez, Professeur et Président, Département de Microbiologie et de Médecine tropicale, The George Washington University, Washington, Etats-Unis d'Amérique
« Les nouvelles lignes directrices de l'OMS représentent une étape importante vers l'intégration de la lutte contre les maladies tropicales négligées dans le monde entier. Ce nouveau document constitue un plan de base dont on avait un urgent besoin en vue d'un effort mondial pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement. »

Dr Ralph H. Henderson, Decatur, Géorgie, Etats-Unis d'Amérique (ancien Sous-Directeur général, Maladies transmissibles, Organisation mondiale de la Santé, Genève)
« Ce manuel constitue une percée en matière de coordination des programmes de traitement anthelminthique de masse. Il s'agit d'une première mesure déterminante associant des traitements contre des maladies qui, bien que différentes, font appel à des ressources et à des stratégies d'approvisionnement communes pour la lutte ou l'élimination. Il faut maintenant élaborer des programmes nationaux en bonne et due forme, susceptibles de tirer tous les avantages des économies pouvant être réalisées grâce à la coordination. »

Dr B. Thylefors, Directeur, Mectizan® Donation Program, Decatur, Géorgie, Etats-Unis d'Amérique
« Ce manuel de l'OMS sera un important outil pour utiliser davantage les associations appropriées d'anthelminthiques dans le cadre d'un traitement appliqué dans la communauté, comme on le fait déjà avec succès dans la lutte contre l'onchocercose et la filariose lymphatique dans les pays africains. Le manuel permettra aussi de renforcer l'expérience opérationnelle afin d'obtenir les nouvelles associations de produits dans la chimiothérapie de masse pouvant servir à des interventions sûres et efficaces dans différents types de situation. »

Dr Ousmane Bangoura, Coordonnateur, Onchocerciasis (River blindness) Coordination Unit, World Bank Africa Region, Washington, Etats-Unis d'Amérique
« L'intensification de la lutte contre les maladies tropicales négligées est compatible avec les objectifs du Millénaire pour le développement adoptés par la communauté internationale pour atténuer la pauvreté et réduire les souffrances. Les coûts liés à cette lutte devraient être limités grâce aux dons à grande échelle et à des mesures d'application économiques. L'impact pour le développement devrait être important grâce à l'amélioration de la qualité de la vie et de la productivité des travailleurs, ce qui devrait profiter à la croissance économique. Le nouveau manuel sur la chimiothérapie préventive anthelminthique arrive à point nommé. Il aidera beaucoup les professionnels de la santé, les responsables de programmes, les donateurs et les gouvernements des pays d'endémie dans leur approche face aux maladies ciblées et dans les efforts d'intégration. »

Dr Eric A. Ottesen, Director, Lymphatic Filariasis Support Center, The Task Force for Child Survival and Development, Decatur, Géorgie, Etats-Unis d'Amérique
« Ce document arrive vraiment à point nommé ! Les helminthiases, maladies débilitantes que l'on trouve partout, exacerbent le problème des maladies mortelles concomitantes et perpétuent le cercle vicieux de la maladie et de la pauvreté dans l'ensemble des pays en développement. Aujourd'hui, le fait de disposer de médicaments efficaces gratuitement ou à prix réduit - grâce à la générosité extraordinaire du secteur privé - rend ces maladies en grande partie voire complètement évitables. Pour profiter de cette occasion unique, il fallait toutefois un guide pratique sur le déploiement dans les pays d'une nouvelle stratégie fondée sur une chimiothérapie préventive dirigée contre plusieurs maladies. Ce manuel de l'OMS non seulement fournit des directives pratiques, mais explique aussi les raisons fondamentales de la nouvelle stratégie avec une clarté qui favorisera un large consensus et un engagement résolu aussi bien dans la communauté de la santé publique que dans le grand public. »

Dr Nana A. Y. Twum-Danso, Acting Director, Mebendazole Donation Initiative, Task Force for Child Survival and Development, Decatur, Géorgie, Etats-Unis d'Amérique
« Ce manuel de l'OMS montrera sûrement la voie vers l'amélioration de l'efficacité des programmes d'administration de masse dirigés contre ces maladies importantes mais souvent négligées. Le défi pour nous consistera à veiller à ce que les composantes non pharmaceutiques du programme, par exemple l'amélioration de l'assainissement pour la lutte contre les géohelminthiases, ne soient pas reléguées au second plan. »