Un nouveau rapport indique un ralentissement de la lutte antipaludique
Communiqué de presse
http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2012/malaria_20121217/fr/index.
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17 DÉCEMBRE 2012 | MONROVIA/GENÈVE - Ces dix dernières années, les efforts
concertés des pays d¹endémie, des donateurs et des partenaires mondiaux ont
permis de renforcer la lutte antipaludique partout dans le monde. C¹est dans
les pays à transmission élevée que l¹intensification des interventions de
prévention et de lutte a eu le plus d¹impact: sur 1,1 million de vies
sauvées durant cette période, 58% l'ont été dans les dix pays supportant la
plus forte charge.
Néanmoins, après avoir rapidement progressé entre 2004 et 2009, le
financement mondial de la prévention et de la lutte antipaludiques s¹est
stabilisé entre 2010 et 2012, et la distribution de certains produits
salvateurs a ralenti. Selon le Rapport 2012 sur le paludisme dans le monde,
ces développements indiquent un ralentissement qui risque d'annuler les
progrès remarquables récemment accomplis dans la lutte contre l'une des
maladies infectieuses les plus meurtrières.
Par exemple, le nombre de moustiquaires à imprégnation durable (MID)
distribuées aux pays d¹endémie d¹Afrique subsaharienne est passé d¹un pic de
145 millions en 2010 à quelque 66 millions en 2012. Cela signifie que de
nombreux ménages ne seront pas en mesure de remplacer les moustiquaires
existantes au moment voulu, exposant ainsi une fraction plus large de la
population à une maladie potentiellement mortelle.
Le développement des programmes de pulvérisation d¹insecticides à effet
rémanent à l¹intérieur des habitations a également marqué le pas, le niveau
de couverture de la population à risque dans la Région africaine de l¹OMS
stagnant à 11% (77 millions de personnes) entre 2010 et 2011.
«Au cours des huit dernières années, le développement de la lutte
antipaludique nous a permis d¹éviter plus d¹un million de décès. Nous devons
conserver cette dynamique et tout faire pour éviter une résurgence de la
maladie», a déclaré Ellen Johnson Sirleaf, Présidente du Libéria et
Présidente de l¹Alliance des dirigeants africains contre le paludisme, à
l¹occasion d¹une présentation officielle du rapport à Monrovia (Libéria).
Les cibles mondiales de réduction de la charge du paludisme encore
lointaines
Selon le rapport, 50 pays sont en bonne voie pour réduire de 75% d¹ici à
2015 leurs taux d¹incidence du paludisme et atteindre ainsi les cibles
fixées par l¹Assemblée mondiale de la Santé et le Partenariat Faire reculer
le paludisme. Ces 50 pays ne représentent toutefois que 3% (ou 7 millions)
des cas de paludisme estimés en 2000, année de référence à partir de
laquelle les progrès sont évalués.
«À moins d¹une accélération des progrès dans les pays les plus touchés, les
cibles mondiales de réduction de la charge du paludisme ne seront pas
atteintes » a déclaré le Dr Robert Newman, Directeur du Programme mondial de
lutte antipaludique à Genève. «Ces pays sont dans une situation précaire et
la plupart d¹entre eux ont besoin d¹une aide financière d¹urgence pour
pouvoir acheter et distribuer des produits susceptibles de sauver des vies.»
La charge du paludisme se concentre dans 14 pays d¹endémie qui représentent
quelque 80% des décès dus à cette maladie. Le Nigéria et la République
démocratique du Congo sont les pays les plus touchés d¹Afrique
subsaharienne, tandis que l¹Inde est la plus affectée en Asie du Sud-Est.
«La stratégie consistant à lutter sur plusieurs fronts contre le paludisme,
définie dans le Plan d¹action antipaludique, est efficace. Mais pour
empêcher une résurgence du paludisme dans certains pays, il nous faut de
toute urgence imaginer de nouveaux mécanismes de financement qui nous
permettent de recueillir davantage de ressources», a déclaré le Dr Fatoumata
Nafo-Traoré, Directeur exécutif du Partenariat Faire reculer le paludisme.
«Nous étudions de nombreuses options taxes sur les transactions
financières, taxes sur les billets d¹avion avec l¹UNITAID, ou encore une
"obligation paludisme", entre autres.»
Un déficit de financement majeur
Le Rapport 2012 sur le paludisme dans le monde indique que le financement
international de la lutte antipaludique semble plafonner à un niveau très
inférieur à celui qui serait nécessaire pour atteindre les objectifs du
Millénaire pour le développement liés à la santé et les autres cibles
mondiales de lutte antipaludique approuvées au niveau international.
Selon les estimations, entre 2011 et 2020, 5,1 milliards seraient
nécessaires chaque année pour parvenir à un accès universel aux
interventions antipaludiques dans les 99 pays où la transmission persiste.
Si de nombreux pays ont augmenté leur financement national de la lutte
antipaludique, le total des fonds disponibles à l¹échelle mondiale est resté
stable à 2,3 milliards en 2011 soit moins de la moitié des sommes
nécessaires.
Cela signifie que des millions de personnes vivant dans des régions de forte
endémicité n¹ont toujours pas accès à des services efficaces de prévention,
de diagnostic et de traitement du paludisme. Le manque de fonds freine
également les efforts déployés pour empêcher l'apparition et la propagation
d¹une résistance du parasite aux antipaludiques et de la résistance du
moustique aux insecticides.
Alors même que le plafonnement du financement empêche d¹intensifier
certaines interventions, le rapport indique que les ventes de tests
diagnostiques rapides ont fortement augmenté entre 2010 et 2011, passant de
88 à 155 millions d¹unités, et que la qualité des tests s¹est beaucoup
améliorée ces dernières années. La distribution de combinaisons
thérapeutiques à base d'artémisinine (ACT), le traitement recommandé par
l¹Organisation mondiale de la Santé contre le paludisme à falciparum, a
également connu une progression importante, passant de 181 millions d¹unités
en 2010 à 278 millions d¹unités en 2011. Celle-ci s'explique pour une large
part par l¹essor des ventes d¹ACT subventionnées dans le secteur privé.
Des systèmes de surveillance fragiles
Il est très difficile de suivre les progrès de la lutte antipaludique.
Aujourd¹hui, les systèmes de surveillance du paludisme ne permettent de
détecter qu¹un dixième du nombre mondial estimé de cas. Dans pas moins de 41
pays, il est impossible d¹apprécier de manière fiable l¹évolution du
paludisme en raison de l¹incomplétude ou de l¹hétérogénéité des données
notifiées au fil des ans.
Des systèmes plus solides de surveillance du paludisme s¹imposent d¹urgence
afin de pouvoir riposter rapidement et efficacement au paludisme dans les
régions d¹endémie, prévenir les flambées et résurgences et déployer les
interventions là où elles sont le plus nécessaires. En avril 2012, l¹OMS a
présenté officiellement de nouveaux manuels sur la surveillance du paludisme
au titre de son initiative dite en anglais des 3T, Test, Treat, Track
(Tester, Traiter, Suivre).
Notes à l¹intention des rédacteurs
Le Rapport 2012 sur le paludisme dans le monde récapitule les informations
provenant de 99 pays où la transmission se poursuit et d¹autres sources, et
actualise les analyses présentées dans le rapport 2011.
http://www.who.int/malaria/publications/world_malaria_report_2012/en/index.h
tml
Le paludisme est une maladie à transmission vectorielle qui peut être évitée
et traitée. En 2010, selon les estimations, 219 millions de cas sont
survenus à l¹échelle mondiale, et la maladie a tué environ 660 000
personnes, pour la plupart des enfants de moins de cinq ans.
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Glenn Thomas
Chargé de communication , OMS
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Portable: +41 79 509 0677
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