[e-med] Les difficultés de la lutte mondiale contre le paludisme (IIN)

Les difficultés de la lutte mondiale contre le paludisme
http://www.irinnews.org/fr/report/100199/les-difficultés-de-la-lutte-m
ondiale-contre-le-paludisme

KISUMU, 11 juin 2014 (IRIN) - Environ 60 pour cent des pays où le paludisme
est endémique n¹ont pas d¹informations sérieuses sur la qualité des
médicaments disponibles pour traiter cette maladie mortelle, indique une
étude récente.

Cette étude <http://www.malariajournal.com/content/13/1/139&gt;, publiée dans
l¹édition du mois d¹avril du Malaria Journal, a analysé 251 rapports
publiés depuis 1946 dans 104 pays où la maladie est endémique. Elle a
conclu que, sur les 43 pays disposant d¹informations sur la qualité des
antipaludiques, plus de la moitié ­ 25 pays ­ ne disposait que d¹un ou deux
rapports accessibles au public.

« Les estimations sur la qualité des antipaludiques varient
considérablement en fonction de la méthode d¹échantillonnage utilisée, la
plupart des rapports ne reposant pas sur des techniques scientifiques
rigoureuses », ont indiqué les auteurs du rapport. « Bien que l¹accent soit
clairement placé sur la mauvaise qualité des antipaludiques, la situation
mondiale reste floue, mal documentée ; et leurs impacts sur les patients
restent incertains ».

Cela veut dire que les Etats qui s¹efforcent de limiter le nombre de
médicaments de mauvaise qualité inférieure ou illicites disponibles sur les
marchés sont souvent incapables d¹évaluer l¹ampleur du problème dans leur
pays. Le rapport a conclu que sur les quelque 10 000 antipaludiques testés
à travers le monde, 30 pour cent ont échoué aux tests de qualité.

Selon le Groupe spécial international de lutte contre la contrefaçon de
produits médicaux (International Medical Products Anti-Counterfeiting
Taskforce, IMPACT), les médicaments présentés comme efficaces contre le
paludisme contiennent souvent des substances telles que de la
mort-aux-rats, du mercure, du plomb, de l¹acide borique, de la peinture, de
la poussière de brique ou de la cire. Ces produits toxiques peuvent
provoquer des insuffisances rénales, des cancers, des troubles du
développement, des attaques, de l¹hypertension artérielle et d¹autres
complications médicales.

D¹après le Réseau mondial de surveillance de la résistance aux
antipaludiques (Worldwide Antimalarial Resistance Network, WWARN), les
antipaludiques de mauvaise qualité qui contiennent des quantités
sous-thérapeutiques de principes actifs augmentent le risque de résistance
aux antipaludiques, ce qui aggrave le problème.

S¹il on sait depuis un certain temps qu¹un nombre important de médicaments
contrefaits et de médicaments mauvaise qualité circulent sur les marchés, «
les efforts entrepris pour résoudre ce problème de qualité n¹ont eu que peu
d¹impact par rapport à l¹ampleur du problème », indiquent les auteurs de
l¹étude, « car la plupart des programmes avancent au ralenti, sont
sous-financés et fragmentés ».

*Difficultés liées à la terminologie, au brevetage*

Les difficultés liées à la terminologie et au brevetage ont aussi entravé
les progrès dans la lutte contre les antipaludiques de mauvaise qualité.

³La controverse portant sur les définitions a paralysé une bonne partie des
actions qui auraient pu être engagées et l¹utilisation du terme peu clair
de Œproduits médicaux de qualité inférieure/faux/faussement
étiquetés/falsifiés/contrefaits¹ (substandard/spurious/falsely
labeled/falsified/counterfeit medical products, SSFFC) n¹a pas amélioré la
situation », ont noté les auteurs de l¹étude, car la terminologie utilisée
dans les rapports sur la qualité des médicaments n¹est pas homogénéisée ou
des indicateurs différents sont utilisés pour contrôler la qualité des
médicaments.

Un mécanisme de lutte contre les produits médicaux de qualité
inférieure/faux/faussement étiquetés/falsifiés/contrefaits
<http://apps.who.int/gb/ssffc/f/F_index.html&gt; a été mis en place par les
Etats membres en 2010 pour trouver des solutions globales et mettre fin à
la distribution et au commerce des médicaments de mauvaise qualité et des
médicaments illicites, mais peu de progrès ont été enregistrés jusqu¹à
présent.

« Si les sociétés pharmaceutiques, les organisations non gouvernementales
et les gouvernements sont favorables un accès fiable à des médicaments sûrs
et efficaces, et déplorent la mauvaise qualité des médicaments, il leur est
difficile de trouver un accord sur l¹action à entreprendre, car les sujets
conflictuels, comme la tarification des produits pharmaceutiques ou la
propriété intellectuelle, reviennent souvent dans les discussions », a dit
<http://www.bmj.com/content/345/bmj.e7381&gt; Amir Attaran, professeur à
l¹université d¹Ottawa et membre d¹un groupe de professionnels de la santé
qui travaillent ensemble depuis 2012 pour demander des mesures plus
efficaces contre les médicaments illicites.

Ainsi, dans des pays comme le Kenya, « des vendeurs non officiels ont
profité de l¹évaluation après commercialisation réalisée dans le pays pour
introduire clandestinement des médicaments en passant par des frontières
poreuses et les vendre aux pharmacies non autorisées ou aux cliniques
gérées par des non-professionnels », a dit Charles Maitai du département de
Pharmacie de l¹université de Nairobi.

« Nous plaidons pour l¹harmonisation de la terminologie des médicaments de
mauvaise qualité afin de garantir la comparabilité des résultats relatifs à
la qualité des antipaludiques », a indiqué le Réseau mondial de
surveillance de la résistance aux antipaludiques dans une déclaration
publiée en ligne.

*Quelques progrès*

La baisse du prix des médicaments antipaludiques et la diffusion
d¹informations sur la qualité des médicaments peuvent permettre de réduire
le nombre de produits médicaux SSFFC en circulation et de limiter les décès
liés au paludisme.

Au Kenya, les médicaments antipaludiques sont distribués gratuitement dans
les hôpitaux publics, mais ils sont vendus au prix subventionné de 100
shillings (1,1 dollar) dans les pharmacies et leur prix atteint 800
shillings (9,4 dollars) sur les marchés.

Suite aux efforts concertés du gouvernement pour lutter contre la maladie,
la prévalence a baissé de 34 pour cent à 20 pour cent au cours des cinq
dernières années.

Le gouvernement effectue des contrôles qualité réguliers sur les
médicaments stockés par diverses institutions pour s¹assurer qu¹ils
répondent aux standards exigés. Il a offert un programme de formation sur
le traitement des patients atteints de paludisme aux professionnels de
santé pour garantir que les patients reçoivent des doses appropriées de
médicaments.

« Nous conseillons aux personnels de santé de s¹assurer de l¹utilisation
appropriée des antipaludiques pour limiter les cas de résistance aux
médicaments. Ainsi, les médicaments ne perdront pas leur efficacité », a
dit à IRIN James Macharia, ministre de la Santé kenyan.

Le paludisme est à l¹origine de 30 à 50 pour cent des consultations
externes et de 20 pour cent des admissions dans les établissements de
santé.

A l¹occasion de la journée mondiale du paludisme, Custodia Mandlhate,
représentante de l¹Organisation mondiale de la santé (OMS) au Kenya, a dit
à IRIN que les progrès réalisés jusqu¹à présent restent fragiles et qu¹il
faut les pérenniser.

« Si les financements s¹arrêtent, les avancées réalisées risquent d¹être
perdues », a-t-elle dit. « Il faut que le gouvernement et les agences
donatrices renforcent leurs investissements pour lutter efficacement contre
la maladie ».

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Simon KABORE
Directeur Exécutif du Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)
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