[e-med] Au Mali, selon les experts de la santé, la majorité des cas de paludisme n'en sont pas

MALI: Paludisme - Lutter contre les erreurs de diagnostics
http://www.irinnews.org/fr/ReportFrench.aspx?ReportId=78023

BAMAKO, 2 mai 2008 (IRIN) - Au Mali, selon les experts de la santé, la
majorité des cas de paludisme n’en sont pas ; du fait de ces mauvais
diagnostics, il se crée une résistance aux médicaments antipaludiques, et
les maladies dont sont véritablement atteints les patients ne sont pas
traitées.

« Au Mali, quand les gens sont malades, le médecin leur dit généralement
qu’ils ont attrapé le paludisme, qu’ils se soient fait dépister ou non », a
expliqué Fatou Faye, chercheuse et formatrice en maladies contagieuses au
centre Charles Mérieux, un laboratoire médical privé de Bamako.

« Les patients achètent alors leurs médicaments anti-paludiques dans la rue
et développent une résistance aux traitements ».

Cela signifie, selon les recherches menées par le docteur Imelda Bates dans
le cadre du Projet de connaissance sur le paludisme (Malaria Knowledge
Project <http://www.healthlink.org.uk/projects/malaria/mkp.html&gt; - MKP) de
la Liverpool University School of Tropical Medicine, que les patients
passent à côté d’autres causes de maladies qui génèrent également de la
fièvre, telles que la pneumonie ou la méningite. Et cela peut aggraver
l’état des malades, voire entraîner la mort.

Cela se répercute également sur la productivité économique. Les erreurs de
diagnostiques peuvent en effet aggraver la pauvreté des populations : non
seulement les patients restent malades pendant des périodes prolongées, mais
ils gaspillent également leurs économies pour s’acheter les mauvais
médicaments.

Le paludisme est la maladie la plus courante chez les enfants maliens de
moins de cinq ans, selon George Dakono, coordinateur du projet national de
lutte contre le paludisme.

Un « nombre choquant » d'erreurs de diagnostics

L’écart entre les cas réels et les cas supposés a atteint un niveau «
choquant » dans toute l’Afrique, à en croire le MKP.

Au Mali, le paludisme est diagnostiqué à l’aide d’un équipement onéreux. Or,
la plupart des centres de santé, en particulier dans les régions rurales,
n’ont pas les moyens de se l’offrir, ou n’ont pas le personnel qualifié
nécessaire pour le faire fonctionner, selon Michel Van Herp, un
épidémiologiste de l’organisation non-gouvernementale Médecins sans
frontières (MSF) Belgique.

Dès lors, la plupart des médecins « font des suppositions, fondées sur des
soupçons », a-t-il expliqué, ce qui donne lieu à un traitement excessif des
cas de paludisme.

En outre, selon M. Dakono et Mme Faye, la plupart des personnes qui
souffrent de fièvre au Mali ne se rendent pas du tout dans les centres de
santé, soit parce qu’elles vivent trop loin, soit parce qu’elles ne veulent
pas payer jusque 0,95 dollar la consultation. Au lieu de cela, elles posent
leur propre diagnostic et se soignent elles-mêmes.

Ainsi, chez les enfants, jusque 70 pour cent des cas de maladies fiévreuses
sont diagnostiqués et traités au domicile du malade, selon le MKP.

Une fillette atteinte de paludisme, et traitée dans un centre de santé
public, financé par MSF
Les laboratoires, l’étalon-or

Le Mali a besoin de laboratoires plus nombreux et mieux équipés pour lutter
contre les mauvais diagnostics de masse, selon Mme Faye.

En effet, pour Valentina Buj, responsable de projet sanitaire à
l’Organisation mondiale de la santé (OMS), « le frottis sanguin en
laboratoire est l’étalon-or en matière de diagnostic du paludisme ».

Mais la majorité des 82 laboratoires publics du pays n’ont ni les
équipements ni les techniciens qualifiés qu’il faut pour diagnostiquer le
paludisme, a déclaré Mme Faye à IRIN.

La Fondation Charles Mérieux a ouvert un laboratoire à Bamako pour
diagnostiquer le paludisme ainsi que d’autres maladies contagieuses, pour
former les techniciens des centres de santé du pays à utiliser l’équipement
diagnostique et à diriger un laboratoire, et, grâce à une aide financière
accordée par l’Union européenne, pour équiper les laboratoires du pays.

L’objectif est de reproduire les normes appliquées dans les laboratoires
français. « Nous voulons faire en sorte qu’ils puissent diagnostiquer
eux-mêmes correctement la majorité des maladies sur lesquelles ils tombent
», a indiqué Mme Faye.

Tests diagnostiques rapides

Mais pour M. Van Herp de MSF, les laboratoires ne sont pas la solution pour
améliorer le diagnostic du paludisme dans les régions rurales du Mali, où
les centres de santé et les laboratoires sont peu nombreux et éloignés les
uns des autres.

« Plutôt que d’acheter du matériel plus coûteux et de dispenser des
formations en profondeur, ce qui est difficile à faire en milieu rural, nous
avons besoin de kits de test pour le paludisme qui soient simples et basse
technologie », a-t-il déclaré à IRIN.

Pour lui, la solution consiste à fournir aux travailleurs de la santé
communautaires de l’ensemble du pays des tests diagnostiques rapides (RDT),
petits et faciles à transporter, qui coûtent en moyenne 0,45 dollar, afin
qu’ils puissent dépister les populations, village par village.

« Le test prend 15 minutes pour donner des résultats et cela prend une
demi-journée de former un travailleur de la santé communautaire à son
utilisation », a expliqué M. Van Herp. « C’est le seul moyen de
diagnostiquer les populations à domicile », a-t-il affirmé.

Le test est simple : si la personne a contracté le paludisme, les produits
chimiques du test réagissent à un produit secrété dans son sang par le
parasite responsable du paludisme, et 15 minutes plus tard, une bande rouge
apparaît. Dans les régions où MSF a distribué ces tests, le nombre de
patients atteints de paludisme venus se faire soigner contre cette maladie
est passé d’un sur quatre à 100 pour cent.

Mais déployer ces kits à l’échelle nationale est un défi au Mali : ceux-ci
doivent en effet avoir une longue durée de conservation et exigent des
systèmes de distribution sophistiqués, et leurs résultats ne sont pas
fiables lorsque la température excède 30 degrés Celsius, la température
moyenne au Mali. « Cette technologie doit encore être perfectionnée », selon
Mme Buj.

MSF a néanmoins annoncé qu’il prévoyait de déployer son programme, dans le
cadre duquel 80 000 personnes sont dépistées, à l’heure actuelle, dans les
régions sujettes au paludisme, à travers le pays, avec l’aide du
gouvernement.

« Le ministère de la Santé subventionne déjà les […] centres de santé, […]
alors pourquoi ne pas commencer aussi à prendre en charge les frais de
diagnostic ? »

Le financement

Avec cette technologie simple, il ne serait pas forcément coûteux
d’améliorer le diagnostic du paludisme : il faudrait 61 millions de dollars
américains pour couvrir les besoins du Mali en matière de diagnostic, selon
M. Van Herp. En revanche, il faudrait que le gouvernement et les bailleurs
de fonds prennent la question plus au sérieux.

La première étape, selon le MKP, consisterait à mener des analyses
coûts-avantages, pour cartographier la prévalence du paludisme, les schémas
de résistance, et les capacités des centres de santé ; cela permettrait de
définir ainsi l’approche diagnostique la plus adaptée : les tests rapides ou
l’amélioration des laboratoires.

Les bailleurs internationaux sont intervenus pour faciliter les efforts de
lutte contre le paludisme déployés par le Mali : la Fondation George Bush et
le Fonds mondial de lutte contre le VIH/SIDA, le paludisme et la tuberculose
se sont engagés à verser 126 millions de dollars sur cinq ans, mais à en
croire les critiques, une trop petite portion de ces fonds a été allouée au
diagnostic.

« Le ministère de la Santé subventionne déjà les médicaments et les salaires
du personnel, et il construit déjà des centres de santé, et les fonds
internationaux sont en train de rentrer, alors pourquoi ne pas commencer
aussi à prendre en charge les frais de diagnostic ? », s’est interrogé M.
Van Herp.

Selon un praticien de la santé, qui exerce dans un centre de santé public de
Fana, une ville située au nord de Bamako, « si le gouvernement n’aide pas
dans le domaine des diagnostics, ses autres efforts tomberont à plat ».

Pour sa part, Mme Buj de l’OMS est convaincue que le Mali est sur la bonne
voie. « En ce qui concerne […] les diagnostics, la situation est sans aucun
doute en train de s’améliorer au Mali », a-t-elle assuré.

aj/nr/nh/vj

Thèmes: (IRIN) Santé et nutrition
<http://www.irinnews.org/africa-regionfr.aspx?Theme=HEA&Service=FRE&gt;

Bonsoir,

Merci pour cette information et tout mes vœux de succès aux confrères
maliens.

Les tests de dépistages rapides (TDR) me semble être effectivement la
solution le plus pertinente en terme de qualité et de coût.
A partir de 2003, j'ai utilisé personnellement des TDR (spécifique au
falciparum) à Abidjan dans un centre de santé un peu particulier,
où je délivrais directement les médicaments aux consultants, le
financement étant "fermé" dans une enveloppe annuelle.
La comparaison de la consommation d'anti paludéen entre avant et après
les TDR, la biologie dites de référence (frottis et goutte épaisse)
n'étant pas toujours possible, a été spectaculaire !
Le laboratoire importateur m'avait dit que j'étais le premier
utilisateur des TDR palu à Abidjan (?) ; je sais que des centres de
santé communautaires les ont adoptés ensuite mais que leurs diffusions reste très confidentielles.
En 2003, cela coutait moins d'un euro le test.
Je pense qu'un obstacle réside dans le "corporatisme" des biologistes
(de certains) qui ont peur de voir leurs échapper une activité importante.
Ce n'est pas le seul obstacle, mais on ne peux que le regretter.
Si cela peux consoler nos amis africains, en France au contraire par
exemple de l'Allemagne, les TDR (en hémato, en chimie , etc)
sont totalement non utilisés (sauf pour la glycémie capillaire) en soins
de santé primaire, essentiellement par protectionnisme des laboratoires
d'analyses médicales, 10 fois plus nombreux en France qu'en Allemagne.
Comme quoi les problèmes de santé publique et de "petit bizness" peuvent
être de même nature au Sud et au Nord, malheureusement avec des conséquences pratiques assez différentes !

Cordialement

Docteur Didier Seyler
Marseille
dseyler@club-internet.fr>

--
Didier Seyler
13004 Marseille

Téléphones
Domicile : 04 91 34 89 47
Professionnel : 04 91 55 32 53
Courriel : dseyler@club-internet.fr

Cette information risque d'avoir des effets négatifs pour aucun résultat
positif

Un certain nombre de cas diagnostiqués palu n'en sont pas : ce n'est pas
nouveau mais 50% n'est pas un chiffre argumenté

D'autre part si on traite par antipalu des cas qui n'en sont pas, par
définition on ne peut pas entraîner de résistances

Les problèmes viennent d'une mauvaise application des recommandations et pas
du principe de traitement en lui même

1. Des résistances apparaîtront si le traitement antipalu est mal suivi que
le patient soit parasité malade ou simplement parasité
2. Si les soignants et patients suivent les recommandations le risque de
laisser se développer une autre maladie est minime car après 2 jours de
traitement antipalu sans baisse de la fièvre, il est demander d'envisager
une autre étiologie à cette fièvre et de commencer un autre traitement

C'est sur ces deux points qu'il faut travailler pour améliorer la qualité
des soins.

Faire des annonces médiatiques n'aidera pas à résoudre les problèmes

JL Rey médecin de santé publique

Tout le débat sur le traitement antipaludique et sur l'utilisation des tests
de diagnostic rapide (TDR) m'intéresse énormément.

1- Le traitement présomptif de tout accès de fièvre par un antipaludique se
justifiait facilement lorsque ce traitement était basé sur la chloroquine,
pas chère, et pratiquement sans danger aux doses prescrites, A CONDITION
d'être accompagné d'une démarche diagnostique consistant EN MEME TEMPS à
vérifier si le patient ne souffrait pas de méningite, d'infection
respiratoire ou urinaire, d'un abcès, et surtout s'il ne présentait pas les
signes pouvant faire évoquer une maladie à potentiel épidémique comme la
fièvre jaune ou l'Ebola par exemple.

2- aujourd'hui la chloroquine n'est plus du tout recommandée et il faut
recourir à des associations à base d'artémisine, qui sont chères et donc
moins accessibles, et pourraient être plus dangereuses que la chloroquine.
Il convient donc d'améliorer la performance du diagnostic, soit par la
goutte épaisse (avec toutes ses contraintes et limites) soit par les TDR.
Savoir toutefois que même très performants, les TDR ne permettent pas
d'affirmer que le malade souffre d'un accès palustre : ils confirment la
présence actuelle ou récente de parasites chez le patient (une bonne
proportion de sujets sains en zone endémique sont TDR +)

Dr Edouard Guévart
IRSP -Ouidah, Bénin
guevart_edouard@yahoo.fr