[e-med] OTMeds se félicite de l'ouverture d'une commission d'enquête sur les pénuries de médicaments par le Sénat (France)

OTMeds se félicite de l’ouverture d’une commission d’enquête sur les pénuries de médicaments par le Sénat

Les multinationales pharmaceutiques échouent à assurer notre sécurité sanitaire : l’État doit reprendre la main

Communiqué de presse - 2 février 2023

Contact : Pauline Londeix 06 47 98 48 58 / Jérôme Martin 06 84 47 20 92

Le 22 novembre 2022, OTMeds appelait sur France Inter1 à l’ouverture d’une enquête parlementaire sur les pénuries de médicaments pour évaluer l’action gouvernementale autour de la production pharmaceutique depuis mars 2020 et les déclarations d’Emmanuel Macron2.

Suite à notre appel, visant à faire la lumière sur les manquements de l’exécutif en matière industrielle depuis 3 ans, des sénateurs se sont emparés de cette demande. Ils ont obtenu un droit de tirage, et la commission est en cours de mise en place. OTMeds se félicite que son appel ait été entendu, et espère que la commission disposera de tous les moyens pour la réalisation de ses travaux, qui dureront six mois.

Car depuis des mois, se succèdent les annonces de nouveaux médicaments en tensions ou en ruptures d’approvisionnement. Cette situation augmente les pertes de chances pour les personnes, les risques de surinfection, ou encore les risques d’erreurs médicales liées au changement de formulation pour une alternative. L’un des exemples les plus médiatisés est celui de l’amoxycilline, un antibiotique phare, mais ces ruptures et pénuries concernent toutes les classes thérapeutiques, et on compte notamment parmi elles : des médicaments anti-rejets utilisés dans les greffes, des médicaments utilisés à la suite d’AVC, d’autres antibiotiques, des formes d’insulines, etc. L’ensemble de ces pénuries mettent notre population devant l’impossibilité de se soigner. Ces pénuries compromettent le droit fondamental à la santé.

Les multinationales pharmaceutiques arguent du fait que le prix des médicaments ne serait pas assez élevé et qu’ainsi les pénuries seraient justifiées par les prix trop bas. Pourtant, les mêmes multinationales refusent la transparence permettant de justifier les prix des mêmes médicaments. En maintenant l’opacité sur les coûts réels de production, sur les marges des intermédiaires, et sur l’ensemble des aides publiques reçues, les multinationales nous obligent à les croire sur parole. La commission d’enquête parlementaire doit exiger des multinationales qu’elles fassent la transparence sur tous les prix et coûts aux différentes phases de la chaine de production, et fournir tous les éléments rationnels permettant de comprendre la construction des prix. La transparence sur tous ces éléments doit être au cœur des travaux de la commission d’enquête parlementaire. La France doit mettre en œuvre la résolution de l’organisation mondiale de la santé de 2019 visant à « améliorer la transparence sur les marchés pour les médicaments, vaccins et autres produits de santé ». La résolution « exhorte les États membres à renforcer le partage public des informations sur les prix réels payés par les gouvernements et les autres acheteurs pour les produits de santé, et une plus grande transparence sur les brevets pharmaceutiques, les résultats des essais cliniques et d'autres déterminants de la tarification tout au long de la chaîne de valeur, du laboratoire au patient. »

La situation actuelle de pénuries à répétition est la conséquence de l’absence de planification sanitaire de la part du gouvernement, de l’absence de production publique sur des médicaments essentiels, et de la non mise en œuvre de la résolution de 2019.

Le constat est sans appel, les multinationales pharmaceutiques ont échoué à assurer notre sécurité sanitaire, malgré de très nombreuses aides publiques reçues. Si la production de produits pharmaceutiques génériques ne les intéresse pas car jugées sont pas suffisamment rentables, cette production doit être assurée par le secteur public.

1 Erwan Le Boudec et Pauline Londeix

2« Ce que révèle cette pandémie, c'est qu'il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie au fond ,à d'autres est une folie. » Adresse présidentielle du 12 mars 2020.