[rappelez-vous, on en a parlé lors de notre table ronde du 15 nov 2005, une
enquête faite dans un pays d'Afrique central dans le secteur pharmaceutique
privé a montré que l'artémisinine était souvent délivrée seule... voir
également le dernier n° du journal de remed. On và vers la catastrophe...
CB]
Paludisme: résistance à l'artéminisine en cas de traitements mal-administrés
(Lancet)
AFP 02.12.05 | 00h03
http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-26174575@7-37,0.html
Un usage mal contrôlé de traitements contre le paludisme à base
d'artémisinine, une plante médicinale chinoise, conduit à des résistances à
ce médicament en Guyane française et au Sénégal, selon une étude à paraître
samedi dans la revue médicale britannique The Lancet.
L'équipe de Ronan Jambou (Institut Pasteur de Dakar) et Eric Legrand
(Institut Pasteur de Guyane française) a analysé des échantillons de sang
prélevés en 2001 sur 530 patients de trois pays (Cambodge, Guyane française
et Sénégal), où différents modes d'administration des traitements à base
d'artémisine sont pratiqués.
Face à la résistance croissante aux médicaments antérieurs (chloroquine
notamment) du parasite Plasmodium falciparum responsable de la forme la plus
grave de paludisme, l'Organisation mondiale de la Santé recommande
d'utiliser des associations thérapeutiques à base d'artémisinine (ACT),
beaucoup plus coûteuses.
Le 6 septembre dernier, l'OMS avait demandé de n'utiliser que des ACT,
combinant plusieurs molécules, de qualité approuvée par ses experts, de
crainte que l'apparition de résistances prive ces médicaments de leur
efficacité.
Etudiant la réponse aux médicaments à base d'artémisine communément utilisés
dans chacun des trois pays, les chercheurs ont trouvé des parasites
résistants à l'artémisine dans plusieurs échantillons de sang collectés en
Guyane française et au Sénégal.
Au Cambodge où les malades reçoivent en première intention des traitements
associant artesunate (un dérivé de l'artémisinine) et mefloquine, une
stratégie pratiquée avec succès en Thaïlande depuis dix ans, aucun phénomène
de résistance ou perte d'efficacité du médicament dérivé de l'artémisinine
n'a été constaté, selon ces chercheurs.
"Tous les parasites résistants venaient de régions où l'usage de dérivés de
l'artémisine est non contrôlé. Cette augmentation de la résistance indique
la nécessité d'accroître la vigilance et de déployer rapidement de façon
coordonnée des traitements associant plusieurs médicaments", relève le Dr
Jambou.
Ainsi au Sénégal, l'artéminine est administrée en monothérapie, alors que le
traitement recommandé en première intention était en 2001 à base de
chloroquine, notent les chercheurs.
En Guyane française, le traitement de première intention était à base
d'halofantrine, l'artéminisine étant utilisée par ailleurs hors cadre.
Ces résultats sont à prendre comme "signal d'alerte", soulignent dans un
commentaire publié dans The Lancet Patrick Duffy (Seattle Biomedical
Research Institute, Washington) et Carol Sibley (Université de Washington,
Etats-Unis).
"La résistance à l'artémisine peut toutefois être favorisée par un usage non
contrôlé de l'artéminisine en monothérapie ou en association avec des
molécules partenaires inefficaces", ajoutent-ils.
Le paludisme tue plus d'un million de personnes par an dans le monde, dont
90% en Afrique où sévit le Plasmodium falciparum.