[e-med] Pharmacovigilance : mission impossible pour les firmes (Revue Prescrire)

Pharmacovigilance : mission impossible pour les firmes
©Prescrire 1er novembre 2012
http://www.prescrire.org/fr/3/31/48115/0/NewsDetails.aspx

Des firmes pharmaceutiques dissimulent les effets indésirables de leurs
médicaments, discréditant leurs prétentions en termes d'information du
public et d'activité de pharmacovigilance.

Mi-2012, la firme GlaxoSmithKline (GSK) a payé une amende de 3 milliards de
dollars aux États-Unis d'Amérique pour mettre un terme à plusieurs
poursuites judiciaires intentées par les autorités. En cause : la
dissimulation à la Food and Drug Administration (FDA) des effets
indésirables cardiovasculaires de la rosiglitazone (ex-Avandia°) ; la
promotion trompeuse et hors indication de l’antidépresseur paroxétine
(Deroxat°) aux jeunes de moins de 18 ans ; la promotion de la bupropione
(Wellbutrin°, aux États-Unis), hors indication, pour maigrir et faciliter
les relations sexuelles ; etc.

L’association étatsunienne de consommateurs Public Citizen estime que les
amendes pénales sont insuffisantes pour être dissuasives, au regard des
profits dégagés. Elle réclame des peines de prison pour sanctionner de
telles actions nocives pour la santé des patients.

La firme GSK n'est pas la seule firme fautive : une inspection de routine
menée en 2012 pour le compte de l’Agence européenne du médicament (EMA) a
révélé que la firme Roche n’avait pas analysé ni transmis aux agences du
médicament plus de 80 000 cas suspectés d’effets indésirables, dont plus de
15 000 chez des patients décédés.

Ces deux affaires montrent une nouvelle fois combien le discours des firmes
pharmaceutiques sur leur rôle de "partenaire de santé" est en réalité très
loin de leurs agissements.

Les firmes ont un intérêt certain à minimiser voire à dissimuler les effets
indésirables de leurs médicaments. Les professionnels de santé, les pouvoirs
publics, les financeurs des systèmes de santé qui, pour diverses raisons,
souhaitent une implication des firmes dans l’information des patients et du
public, ou qui estiment que les firmes ont un rôle central à jouer dans le
système de pharmacovigilance, exposent les patients à des risques
inacceptables.

©Prescrire 1er novembre 2012

"Malfaisance à l'échelle industrielle" Rev Prescrire 2012 ; 32 (349) : 853.
(pdf, accès libre)