[e-med] Pilules contraceptives et cancers : les risques mis à jour

Centre international de Recherche sur le Cancer
COMMUNIQUE DE PRESSE N° 167
OMS 29 juillet 2005

LE PROGRAMME DES MONOGRAPHIES DU CIRC CLASSE LES CONTRACEPTIFS
OSTROPROGESTATIFS ET L'HORMONOTHERAPIE MENOPAUSIQUE COMME CANCEROGENES
http://www.iarc.fr/ENG/Press_Releases/pr167f.html

Un groupe de travail des Monographies du CIRC a recemment conclu que les
contraceptifs oraux ostroprogestatifs combines et l'hormonotherapie
menopausique ostroprogestative sont cancerogenes (Groupe 1), apres un examen
complet de la litterature scientifique publiee.

En meme temps, le groupe de travail soulignait qu'il disposait d'indications
convaincantes selon lesquelles les contraceptifs oraux ont un effet
protecteur contre certains types de cancer.

Les contraceptifs oraux et l'hormonotherapie menopausique ont des effets
benefiques et des effets secondaires nefastes. Chaque femme qui utilise ces
produits devrait en discuter les risques et benefices globaux avec son
medecin.

Le groupe de travail, compose de 21 chercheurs venus de 8 pays differents, a
ete reuni par le Programme des Monographies du CIRC du Centre international
de Recherche sur le Cancer (CIRC), l'agence de recherche sur le cancer de l'Organisation
mondiale de la Sante.

Une importance majeure pour la sante publique
"Ces nouvelles Monographies du CIRC [volume 91] s'interessent aux
expositions auxquelles des millions de femmes dans le monde sont confrontees
chaque jour", selon le Dr Peter Boyle, Directeur du CIRC. "Identifier et
comprendre tous les effets de ces produits revet une importance enorme pour
la sante publique". Dans le monde, plus de 100 millions de femmes (pres de
10% des femmes en âge de procreer) utilisent actuellement des contraceptifs
hormonaux combines. En outre, l'utilisation de l'hormonotherapie
menopausique est extremement repandue : environ 20 millions de femmes dans
les pays developpes au moment du pic d'utilisation vers l'an 2000.

LES CONTRACEPTIFS ORAUX ACCROISSENT LE RISQUE DE CERTAINS CANCERS ET
DIMINUENT LE RISQUE D'AUTRES CANCERS

Les contraceptifs oraux augmentent le risque de cancer du sein, du col
uterin et du foie .
Il existe une legere augmentation du risque de cancer du sein chez les
utilisatrices actuelles et recentes de contraceptifs oraux, mais dix ans
apres la fin de l'utilisation, le risque semble etre redevenu semblable a
celui des femmes qui n'en ont jamais utilise. Le risque de cancer du col
uterin augmente avec la duree d'utilisation des contraceptifs oraux
combines. Le risque de carcinome hepatocellulaire est accru chez les
utilisatrices a long terme de contraceptifs oraux combines dans les
populations ou l'infection par l'hepatite B et les maladies hepatiques
chroniques, deux causes majeures de cancer du foie, enregistrent une faible
prevalence.

. mais diminuent le risque de cancer de l'endometre et de l'ovaire
Par contraste, les risques de cancer de l'endometre et de l'ovaire sont
diminues de facon homogene chez les femmes qui utilisent des contraceptifs
oraux combines. La reduction est generalement plus forte lorsque l'utilisation
est plus longue, et une certaine reduction persiste au moins 15 ans apres
interruption de l'utilisation.

Davantage de travaux sont necessaires pour evaluer les risques et les
benefices
Puisque l'utilisation de contraceptifs ostroprogestatifs combines augmente
le risque de certains cancers et diminue le risque de certaines autres
formes de cancers, il est possible que le resultat global net pour la sante
publique soit benefique, mais une analyse rigoureuse est necessaire pour le
demontrer. Celle-ci devrait etre menee pays par pays et prendre egalement en
compte les effets de maladies autres que le cancer.

L'HORMONOTHERAPIE MENOPAUSIQUE COMBINEE ACCROIT LE RISQUE DE CANCER

Le risque de cancer du sein et de cancer de l'endometre est accru
Les etudes epidemiologiques montrent de facon concordante l'accroissement du
risque de cancer du sein chez les femmes utilisant une hormonotherapie
menopausique. Essentiellement limite aux utilisatrices actuelles ou
recentes, ce risque augmente avec la duree d'utilisation et est superieur a
celui que courent les femmes utilisant une hormonotherapie menopausique
basee sur les ostrogenes seuls. Le risque de cancer de l'endometre depend du
nombre de jours ou des progestatifs sont inclus a la therapie combinee.
Lorsque les progestatifs sont pris moins de 10 jours par mois, le risque de
cancer de l'endometre est accru, mais lorsqu'ils sont pris tous les jours,
le risque est semblable a celui des femmes qui n'ont jamais utilise de
therapie hormonale. Le groupe ne disposait pas d'indications suffisantes
leur permettant de conclure que l'hormonotherapie menopausique avait un
effet protecteur pour une localisation particuliere de cancer.

Les risques et les benefices globaux doivent etre soigneusement peses
Des effets benefiques et des effets secondaires nefastes autres que le
cancer ont ete etablis pour l'hormonotherapie menopausique combinee
ostroprogestative. Comme pour les contraceptifs oraux, une analyse
rigoureuse des risques par rapport aux benefices serait utile pour mettre
ces differents effets en perspective et evaluer les consequences globales en
termes de sante publique.

QU'EST-CE QUI EST NOUVEAU, ET COMMENT CELA SE TRADUIT-IL POUR MOI ?

Les contraceptifs oraux concernent davantage de localisations de cancer
Jusqu'a present, il avait ete determine que les contraceptifs oraux combines
etaient cancerogenes, mais seul le cancer primitif du foie etait
specifiquement implique. Le groupe de travail a conclu que les contraceptifs
oraux combines modifient le risque de plusieurs cancers frequents chez la
femme : ils accroissent le risque de cancer du col uterin, du sein et du
foie, mais en meme temps, ils offrent un effet protecteur contre les cancers
de l'endometre et de l'ovaire.

Hormonotherapie menopausique maintenant "Cancerogene pour l'Homme"
Jusqu'a maintenant, l'hormonotherapie menopausique combinee etait consideree
comme "peut-etre cancerogene pour l'Homme". Cette nouvelle evaluation a
conclu, sur la base d'un plus large corpus de donnees, que cette therapie
est cancerogene, accroissant le risque de cancer du sein et, lorsque des
progestatifs sont administres moins de 10 jours par mois, celui du cancer de
l'endometre.

Evaluer les risques et les benefices des produits hormonaux et ne les
utiliser que sous stricte supervision medicale
Cette nouvelle information sur les risques de cancer, et egalement la
protection contre le cancer dans le cas des contraceptifs oraux, font qu'il
est important que chaque femme qui utilise ces produits hormonaux discute
des risques et des benefices avec son medecin, prenant en compte sa
situation personnelle et son histoire familiale de cancer comme ses autres
antecedents medicaux.

LES MONOGRAPHIES DU CIRC

Que sont les Monographies du CIRC?
Les Monographies du CIRC passent en revue et evaluent les donnees
scientifiques publiees sur les dangers cancerogenes pour l'Homme. Il peut s'agir
de produits chimiques, de melanges complexes, d'expositions
professionnelles, de facteurs de risque lies au mode de vie ou encore d'agents
physiques et biologiques. Des groupes pluridisciplinaires internationaux
formes d'experts scientifiques preparent les recensions critiques et les
evaluations de consensus. Pres de 400 agents et expositions potentiellement
cancerogenes ont ete identifies dans les 91 volumes que compte aujourd'hui
la serie de Monographies du CIRC, qui a procede a pres de 900 evaluations
depuis 1971. Des agences sanitaires nationales et internationales utilisent
les Monographies du CIRC comme source de donnees scientifiques faisant
autorite et fondent leurs efforts de prevention du cancer sur leurs
conclusions.

Definitions

Groupe 1: L'agent (le melange) est cancerogene pour l'homme.
Les circonstances d'exposition donnent lieu a des expositions qui sont
cancerogenes pour l'homme.

Cette categorie n'est utilisee que lorsqu'on dispose d'indications
suffisantes de cancerogenicite pour l'homme. Exceptionnellement, un agent
(melange) peut etre place dans cette categorie lorsque les indications de
cancerogenicite pour l'homme ne sont pas tout a fait suffisantes, mais qu'il
existe des indications suffisantes de sa cancerogenicite chez l'animal de
laboratoire et de fortes presomptions que l'agent (melange) agit suivant un
mecanisme de cancerogenicite reconnu.

Groupe 2

Cette categorie comprend les agents, melanges et circonstances d'exposition
pour lesquels, au maximum, on a obtenu des indications de cancerogenicite
pour l'homme presque suffisantes et, au minimum, on ne dispose d'aucune
donnee concernant l'homme mais on dispose d'indications suffisantes de
cancerogenicite pour l'animal de laboratoire. Lesdits agents, melanges et
circonstances d'exposition sont classes soit dans le groupe 2A (probabement
cancerogene pour l'homme), soit dans le groupe 2B (peut-etre cancerogene
pour l'homme) sur la base d'indications epidemiologiques et experimentales
de cancerogenicite et d'autres renseignements pertinents.

Groupe 2A: L'agent (le melange) est probablement cancerogene pour l'homme.
Les circonstances d'exposition donnent lieu a des expositions qui sont
probablement cancerogenes pour l'homme.

On fait appel a cette categorie lorsque l'on dispose d'indications limitees
de cancerogenicite chez l'homme et d'indications suffisantes de
cancerogenicite chez l'animal de laboratoire. Dans certains cas, un agent
(melange) peut etre classe dans cette categorie lorsque l'on dispose d'indications
insuffisantes de cancerogenicite pour l'homme et d'indications suffisantes
de cancerogenicite pour l'animal de laboratoire et de fortes presomptions
que la cancerogenese s'effectue par un mecanisme qui fonctionne egalement
chez l'homme. Exceptionnellement, un agent, un melange ou une circonstance d'exposition
peut etre classe dans cette categorie si l'on ne dispose que d'indications
limitees de cancerogenicite pour l'homme.

Groupe 2B: L'agent (le melange) est peut-etre cancerogene pour l'homme.
Les circonstances d'exposition donnent lieu a des expositions qui sont
peut-etre cancerogenes pour l'homme.

Cette categorie concerne les agents, melanges et circonstances d'exposition
pour lesquels on dispose d'indications limitees de cancerogenicite chez l'homme,
et d'indications insuffisantes de cancerogenicite chez l'animal de
laboratoire. On peut egalement y faire appel lorsque l'on dispose d'indications
insuffisantes de cancerogenicite pour l'homme, mais que l'on dispose d'indications
suffisantes de cancerogenicite pour l'animal de laboratoire. Dans certains
cas, peuvent etre classes dans ce groupe un agent, un melange ou des
circonstances d'exposition pour lesquels on a des indications insuffisantes
d'une action cancerogene chez l'homme, mais pour lesquels on dispose d'indications
limitees de cancerogenicite chez l'animal de laboratoire, corroborees par d'autres
donnees pertinentes.

Groupe 3: L'agent (le melange, les circonstances d'exposition) ne peut pas
etre classe quant a sa cancerogenicite pour l'homme.

Cette categorie comprend essentiellement les agents, les melanges et les
circonstances d'exposition pour lesquels les indications de cancerogenicite
sont insuffisantes chez l'homme et insuffisantes ou limitees chez l'animal
de laboratoire.
Exceptionnellement, les agents (melanges) pour lesquels les indications de
cancerogenicite sont insuffisantes chez l'homme mais suffisantes chez l'animal
de laboratoire peuvent etre classes dans cette categorie lorsqu'il existe de
fortes presomptions que le mecanisme de la cancerogenicite chez l'animal de
laboratoire ne fonctionne pas chez l'homme.
On classe aussi dans cette categorie les agents, melanges et circonstances d'exposition
qui ne correspondent a aucune des autres categories.

Groupe 4: L'agent (le melange) n'est probablement pas cancerogene pour l'homme.

Relevent de cette categorie les agents et melanges pour lesquels on dispose
d'indications suggerant une absence de cancerogenicite chez l'homme ainsi
que chez l'animal de laboratoire. Dans certains cas, peuvent etre classes
dans ce groupe des agents ou des melanges pour lesquels les indications de
cancerogenicite pour l'homme sont insuffisantes, mais pour lesquels on
dispose d'indications suggerant une absence de cancerogenicite chez l'animal
de laboratoire, constamment et fortement corroborees par une large gamme d'autres
donnees pertinentes.

Le Volume 91 de la série des Monographies du CIRC sur LES CONTRACEPTIFS
OSTROPROGESTATIFS ET L'HORMONOTHERAPIE MENOPAUSIQUE sera disponible au début
de l'année prochaine. Voir http://monographs.iarc.fr/ pour plus de détail à
ce moment-là.

POUR PLUS DE DETAILS
Contacter : Nicolas Gaudin, Chef du Groupe Communication du CIRC, a
com@iarc.fr .
Le resume des conclusions du Groupe de travail sera bientot consultable sur
le site des Monographies du CIRC (http://monographs.iarc.fr). Plus de
details dans le numero du mois d'août de la revue The Lancet Oncology
(http://oncology.thelancet.com).