E-MED: Plan d'action pour l'acc�s aux traitements contre le sida
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D�CLARATION POUR LA MISE EN �UVRE D�UN PLAN D�ACTION EN VUE D�AM�LIORER 2 L�
ACC�S AUX TRAITEMENTS CONTRE LE SIDA DANS LES PAYS EN VOIE DE D�VELOPPEMENT
Objet du document
Avec une estimation de 40 millions de personnes infect�es par le virus du
sida dans le monde et 26 millions de d�c�s enregistr�s, le VIH/sida appara�t
d�sormais comme la pand�mie la plus meurtri�re de l�histoire de l�humanit�.
La menace que repr�sente le VIH se traduit non seulement par la trag�die qu�
il entra�ne pour les personnes atteintes et pour leurs familles, mais aussi
par son impact n�gatif sur la sant� publique � l��chelle mondiale, et par
ses effets potentiellement d�stabilisateurs aux plans d�mographique,
�conomique, politique et de s�curit� dans de nombreux pays. Les
organisations internationales, les gouvernements, les organisations
non-gouvernementales et les groupes sociaux soutiennent depuis longtemps l�
acc�s aux services de pr�vention et de soins pour l'infection au VIH/sida.
Mais cependant nous n�arrivons toujours pas � procurer aux personnes
infect�es par le VIH � travers le monde les traitements requis. Ces deux
derni�res ann�es, une extraordinaire concordance d'�v�nements fournit une
occasion que la communaut� internationale doit saisir. Depuis la Conf�rence
Mondiale sur le sida qui s�est tenue � Durban en juillet 2000 et la Session
Extraordinaire de l�Assembl�e G�n�rale des Nations Unies (SEAGNU) en juin
2001, le monde entier est plus que jamais mobilis� pour vaincre le VIH/sida
dans les pays en d�veloppement. Les instruments qui peuvent inverser la
courbe de la pand�mie sont � notre port�e. L�efficacit� des traitements
antir�troviraux � r�duire la morbidit� et la mortalit� dues � l�infection
par le VIH est d�sormais bien �tablie.
L�acc�s aux traitements du VIH doit �tre d�sormais assur� aux millions de
personnes infect�es qui vivent dans les pays en d�veloppement, et ceci dans
un cadre plus large de pr�vention, de soins et d'appui psychosocial
appropri�s. Les dotations actuelles de ressources consacr�es � la lutte
contre le VIH/sida sont nettement insuffisantes; elles repr�sentent
globalement moins de 25% des estimations annuelles des ressources
n�cessaires pour atteindre cet objectif. Les g�n�rations futures nous
jugeront s�v�rement si nous ne parvenons pas � mobiliser rapidement le
minimum de 7 � 10 milliards de dollars US de dotations annuelles pr�conis�es
en juin 2001 par la SEAGNU.
L�objet du pr�sent document est double. Il vise d�une part � d�finir
clairement un cadre d�action en vue d�am�liorer et d�acc�l�rer l�acc�s aux
soins des femmes et des hommes infect�s par le VIH dans les pays en
d�veloppement. En particulier, le document propose des objectifs qui sont
r�alisables � court terme. Des priorit�s sp�cifiques sont d�finies pour une
p�riode de 18 � 36 mois. Ce document vise d�autre part � donner une nouvelle
impulsion � la mobilisation des organisations et des communaut�s dans le
cadre d�un plan d�action permanent, progressif et durable susceptible de
faire de la D�claration de la Session Extraordinaire de l�Assembl�e G�n�rale
des Nations Unies une r�alit�.
Situation actuelle des traitements du VIH/sida dans les pays en
d�veloppement
Pr�vention, traitement et soutien psychosocial
Comme l�ont d�j� d�montr� les r�ponses apport�es avec succ�s par diverses
communaut�s locales et internationales pour lutter contre le VIH/sida, la
pr�vention et le traitement sont compl�mentaires: l'acc�s au traitement du
VIH renforce l�efficacit� des programmes de pr�vention ainsi que les actions
de conseil et de d�pistage volontaire. La pr�vention, soit la r�duction de
nouvelles infections au niveau de la population s�ron�gative, ne doit pas
s'opposer � l'acc�s aux soins en faveur des personnes d�j� infect�es par le
VIH. L�id�e selon laquelle la pr�vention serait plus efficace que les
traitements ne tient pas compte de leur interd�pendance et du caract�re
indissociable de la pr�vention et du traitement. Personne ne conteste que
des strat�gies de pr�vention cibl�es, et qui prennent explicitement en
compte les situations de pauvret�, de discrimination, de faible niveau d�
�ducation et d'in�galit� en mati�re de genre, s�av�rent efficaces pour
r�duire la transmission du VIH.
Toutefois, ces strat�gies ne sauraient inverser la courbe de la pand�mie
sans des efforts simultan�s envers les personnes vivant avec le VIH/sida. On
estime que 9 sur 10 des personnes contamin�es en Afrique subsaharienne
ignorent leur statut s�rologique. Il est peu vraisemblable que cette
situation se modifie tant que l�acc�s � des soins adapt�s, en cas de
diagnostic positif d�infection � VIH, ne seront pas assur�s � ceux et celles
qui adh�rent au d�pistage et au conseil volontaires. En outre, la
disponibilit� de services de soins et de traitements efficaces peut r�duire
la stigmatisation li�e au VIH/sida et stimuler les initiatives de lutte
contre l'�pid�mie, tant au niveau local que de la soci�t� dans son ensemble.
Opportunit�s et contraintes �conomiques
Sous l�hypoth�se que la proportion de personnes contamin�es dans le monde
qui est d�j� � un stade symptomatique de l�infection � VIH et/ou dans une
phase avanc�e d�immunod�ficience est de l�ordre de 20 � 25%, 7,5 � 9
millions de personnes vivant dans les pays en d�veloppement ont un besoin
m�dical urgent de mise sous traitement antir�troviral (ARV). A l'oppos�,
environ 200 000 personnes infect�es par le VIH, dont 100 000 au Br�sil,
utilisent ces traitements � l�heure actuelle. Ce chiffre repr�sente moins de
3% de ceux et celles qui ont besoin d�acc�der imm�diatement au traitement.
Aux prix r�duits actuels des m�dicaments antir�troviraux, et en tenant
compte des autres co�ts du traitement, le co�t total par patient/par an du
traitement ARV est de l�ordre de 1.200 dollars US. Un financement
additionnel de 240 millions de dollars US disponibles en 2002 permettrait
seulement de doubler le nombre de personnes trait�es dans les pays en
d�veloppement; r�sultat certes positif, mais ne repr�sentant qu�une avanc�e
limit�e vers l'objectif de couverture ad�quate par le traitement de l�
ensemble des personnes qui n�cessitent d�y acc�der.
Il y a clairement un besoin urgent de ressources additionnelles si l�on veut
sauver plus de vies humaines. Pour atteindre une couverture d�au moins 30% �
50% des 7,5 � 9 millions de personnes qui ont un besoin urgent de
traitement, la communaut� internationale, le secteur priv�, les assurances
et les budgets nationaux doivent fournir des ressources additionnelles pour
le Fonds Mondial de Lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et
plus g�n�ralement la lutte contre l��pid�mie.
Un certain nombre de programmes nationaux et de programmes pilotes � plus
petite �chelle, dans des pays � revenu interm�diaire (Argentine, Br�sil,
Chili, Tha�lande, etc.) et � faible revenu (C�te d�Ivoire, Ouganda, S�n�gal,
etc.) ont d�montr� une faisabilit�, une efficacit� et une observance par les
patients des traitements antir�troviraux dont les r�sultats sont strictement
comparables � ceux obtenus dans les pays d�velopp�s.
L�exp�rience du Br�sil qui assure l�acc�s universel et encourage la
production locale de m�dicaments montre que les traitements antir�troviraux
peuvent s�av�rer �conomiquement rentables pour le syst�me de sant� : les
co�ts suppl�mentaires de m�dicaments sont largement
compens�s par les �conomies r�alis�es du fait de la r�duction du nombre des
�pisodes d�infections opportunistes entra�nant une diminution des
hospitalisations (selon le Minist�re br�silien de la sant�, les �conomies
r�alis�es gr�ce � l�utilisation d�antir�troviraux s��l�vent �
140 millions de dollars US par an). D�s lors qu�on prend en compte les co�ts
indirects (c�est-�-dire les pertes de productivit� associ�es � la morbidit�
chez les personnes infect�es par le VIH), les traitements antir�troviraux
sont nettement avantageux pour de nombreux secteurs �conomiques des pays en
d�veloppement, comme le sugg�re le nombre croissant d�entreprises priv�es en
Afrique, en Asie et en Am�rique latine qui fournissent ces traitements ou
subventionnent leur co�t pour leurs employ�s atteints. Il est g�n�ralement
admis que les antir�troviraux destin�s � la pr�vention de la transmission du
VIH de la m�re � l�enfant ainsi que les prophylaxies contre la tuberculose
et les autres infections opportunistes, pr�sentent un bon rapport
co�t/efficacit� et doivent �tre g�n�ralis�s, y compris dans les pays � tr�s
faible PIB.
M�me si elles ne permettent pas de d�gager des �conomies par elles-m�mes,
les nouvelles interventions en mati�re de sant� sont consid�r�es comme
co�t-efficaces au Nord d�s lors que leur co�t marginal par ann�e de vie
suppl�mentaire gagn�e est inf�rieur au double du PIB par t�te d�habitant
(50.000 dollars US dans les pays de l�OCDE). En appliquant le m�me crit�re
aux pays en d�veloppement ayant des PIB moins �lev�s, le traitement
antir�troviral devrait aussi �tre consid�r� comme co�tefficace pour les
patients des pays � faibles revenus. En outre, les b�n�fices que permet le
prolongement de l�esp�rance de vie et l�am�lioration de la qualit� de vie
gr�ce aux traitements ARV d�passent de loin l�impact �conomique direct pour
les patients trait�s et contribuent � un meilleur d�veloppement humain et
social pour leurs familles, la soci�t� et le pays dans son ensemble.
Priorit�s et opportunit�s d�action
Les soins n�cessaires aux personnes infect�es par le VIH sont
multidimensionnels et leurs diff�rentes composantes doivent �tre clairement
d�finies. Dans ce contexte, il est important de souligner une fois de plus
que la pr�vention de nouvelles infections et les soins � ceux qui sont d�j�
infect�s sont �troitement li�s et synergiques. Les programmes nationaux de
lutte contre le sida et les organisations internationales ont soulign� les
principaux �l�ments de ces strat�gies de lutte et la pr�sente d�claration n�
a pas pour objet de reformuler les recommandations d�j� existantes. Elle
vise plut�t � mettre en exergue les composantes essentielles qui n�cessitent
une allocation prioritaire des ressources, au plan national, en vue d�
�tendre les programmes les plus efficaces pour faciliter l�acc�s aux soins.
Acc�s universel au conseil et au d�pistage volontaire (VCT)
Des mesures appropri�es devraient �tre prises imm�diatement pour �largir ces
programmes, lorsqu�ils ne sont pas d�j� en place. Une �valuation ad�quate du
statut s�rologique des individus permet � travers les mesures de
sensibilisation � la fois d�aider les personnes s�ron�gatives � le demeurer
et les personnes s�ropositives � b�n�ficier des soins. Ceci facilite les
efforts de pr�vention � travers les interventions visant � pr�venir la
transmission secondaire, que ce soit par l�adoption de comportements de
pr�vention de la part des personnes atteintes, ou par la pr�vention de la
transmission du VIH de la m�re � l�enfant au cours de la grossesse. L�
accroissement des moyens techniques de d�pistage et de tests s�rologiques
contribuera en parall�le � am�liorer la s�curit� du syst�me de transfusion
sanguine. La disponibilit� concomitante de m�dicaments antir�troviraux est
un facteur-cl� pour le renforcement des programmes de conseil et de
d�pistage volontaire (VCT).
L�espoir d�avoir acc�s � une th�rapie qui permet de prolonger la vie
incitera davantage les personnes atteintes � recourir au d�pistage et, en
cons�quence, � participer directement aux efforts de pr�vention.
�largissement des programmes de pr�vention de la transmission de la m�re �
l'enfant (TME)
L�un des grands acquis de la derni�re d�cennie est la d�monstration que la
TME du VIH peut �tre significativement r�duite par les m�dicaments
antir�troviraux. Dans les pays d�velopp�s, le taux d�infection des
nouveau-n�s est de moins de 2% et proche de z�ro chez les femmes infect�es
par le VIH qui b�n�ficient d'un suivi pr�natal appropri�. Il sera difficile
d�atteindre ce degr� de succ�s dans les pays en d�veloppement en raison de l
�absence d�acc�s uniforme aux soins pr�nataux et des besoins d�allaitement.
En d�pit de ces difficult�s, des r�ductions de la TME de 50 % ont �t� d�j�
enregistr�es dans les pays en d�veloppement gr�ce au traitement par la
nevirapine ou la zidovudine (AZT). Ces programmes doivent �tre mis en �uvre
dans chaque centre de soins de sant� car la disponibilit� de ce service
favorisera le d�veloppement du conseil et du d�pistage volontaire. Les
programmes de pr�vention de la TME constituent �galement un point d'entr�e
d�terminant pour l�introduction du traitement antir�troviral de la m�re et
de la famille.
Infection opportuniste (IO), prophylaxie et traitement
Il a �t� d�montr� que le suivi et la pr�vention ad�quate des infections
opportunistes a un impact positif sur la morbidit�.
La g�n�ralisation de l�acc�s aux m�dicaments pour ces infections, tels que
les mol�cules antituberculeuses et le cotrimoxazole, est une intervention
co�t-efficace et une composante obligatoire des soins. Il faut cependant
souligner que la th�rapie antir�trovirale est en elle-m�me la meilleure
prophylaxie contre les infections opportunistes.
L��largissement des traitements antir�troviraux r�duira progressivement la
n�cessit� du recours aux autres m�dicaments contre les infections
opportunistes.
Am�liorer l�acc�s � la th�rapie antir�trovirale
La r�volution au niveau des soins dans les pays en d�veloppement est
irr�m�diablement li�e � la disponibilit� de combinaisons efficaces de
m�dicaments antir�troviraux.
Les r�ductions appr�ciables obtenues en mati�re de morbidit� et de mortalit�
ont fait l�objet de nombreux rapports et ces apports positifs doivent
d�sormais b�n�ficier aux populations des pays en d�veloppement. Il est �
souligner que la th�rapie antir�trovirale est d�j� utilis�e dans ces pays,
quoique � petite �chelle dans les pays � faible revenu, et a d�montr� sa
faisabilit� et son efficacit� dans le contexte sanitaire existant de ces
pays. Mieux, le niveau d�observance aux m�dicaments est comparable � celui
des pays d�velopp�s et l�inqui�tude d'une g�n�ralisation de la r�sistance
aux m�dicaments n�est pas une raison valable pour retarder l�introduction de
th�rapies efficaces quel que soit le pays. De plus, le risque d��mergence de
souches virales r�sistantes aux m�dicaments antir�troviraux peut �tre
diminu�e en am�liorant l�observance aux traitements et en utilisant des
combinaisons de m�dicaments efficaces. Des dispositions sont d�j� prises par
l�OMS et International AIDS Society pour mettre en place une Structure de
Suivi de la R�sistance aux M�dicaments contre le VIH (Global HIV Drug
Resistance Monitoring Project), parall�lement � l��largissement des
programmes de traitements antir�troviraux. A contrario, l�incapacit� �
�tendre les traitements de fa�on syst�matique et organis�e aggraverait
certainement le risque de prescriptions et d�utilisation irrationnelles d�
antir�troviraux, favorisant ainsi le d�veloppement et la diffusion de
souches r�sistantes � ces m�dicaments.
Il convient aussi de reconna�tre que les avantages de la th�rapie
antir�trovirale vont au-del� de l�am�lioration rapide de l'�tat de sant�
physique du patient. Ces avantages incluent un meilleur �tat psychologique,
la stabilisation de la cellule familiale, une am�lioration des services de
conseil et d�pistage volontaire (VCT), la pr�vention des infections
opportunistes et probablement une baisse de la transmission du VIH au niveau
de la population dans son ensemble.
Les programmes de traitement antir�troviral doivent �tre �largis le plus
rapidement possible, avec la mise en place simultan�e des personnels de
sant� et de moyens logistiques n�cessaires pour assurer les soins. Les
programmes qui s�appuient sur la pr�vention de la TME (par exemple, TME
plus �) et les programmes de lutte contre la tuberculose peuvent �tre des
points de d�part appropri�s pour les programmes de th�rapie antir�trovirale.
En outre, on devrait essayer tr�s rapidement de lancer des programmes au
travers des centres r�gionaux, des centres de district et des communaut�s
rurales puisque les traitements doivent viser � atteindre l�ensemble des
populations contamin�es dans les pays en d�veloppement qui n�cessitent
m�dicalement d�y avoir acc�s. Au niveau de chaque pays, les consid�rations
relatives � la disponibilit� de ressources financi�res p�rennes et �
l'�quit� d�acc�s aux soins impliquent que les ressources aux fins de
traitement et de soins compl�mentaires, ainsi que les subventions publiques
pour les m�dicaments antir�troviraux (d�s lors qu�elles sont mises en
place), doivent �tre orient�es prioritairement vers les patients qui n�ont
pas les moyens financiers d� acqu�rir ces traitements, ou qui ne peuvent
payer qu�une partie de leurs co�ts.
Soutien psychosocial
S�agissant des soins � procurer aux personnes contamin�es par le VIH, l�
appui psychosocial, y compris les soins palliatifs, constitue un facteur
important. La forte incidence de la d�pression et d�autres maladies
psychosomatiques doit �tre reconnue. Dispenser des soins de bonne qualit�
exige un nombre suffisant de personnel sanitaire comp�tent, la participation
des tradipraticiens, des chefs religieux et des responsables communautaires
ainsi que des volontaires pour aider les patients et leur famille � s�
adapter aux diff�rentes phases de l�infection, notamment en ce qui concerne
la phase terminale. De plus, un soutien psychosocial ad�quat sera plus que
jamais n�cessaire pour faciliter l�acc�s et l�observance au traitement.
Cadre de mise en �uvre des programmes prioritaires
Approche pour une mise en �uvre efficace
Autant une approche d�centralis�e, participative et ax�e sur les besoins
permettra d��largir les services de soins de sant�, autant une intervention
centrale est �galement n�cessaire au niveau national pour :
� la d�fense des droits des personnes atteintes,
� la promotion des r�ductions de prix des m�dicaments et des services requis
pour les traitements du VIH/sida,
� le contr�le de la qualit� des m�dicaments et services distribu�s,
� et enfin, le suivi et l��valuation des programmes d�acc�s aux soins.
La formation du personnel sera essentielle pour mettre en place des
m�canismes de dispensation des soins � un nombre plus grand de malades. En
outre, pour apporter un appui aux cliniques, h�pitaux et aux programmes de
soins � domicile, les pays doivent intervenir de fa�on �nergique en vue de
transformer les associations communautaires et les volontaires en organismes
participant � la prise en charge sanitaire du VIH/sida.
Les capacit�s potentielles pour la demande et l�offre de soins et de
traitements existent au niveau des familles, des groupes sociaux et des
organisations communautaires.
Leur d�veloppement requiert la mise en place de formations sur le terrain,
gr�ce auxquelles les capacit�s techniques, humaines et organisationnelles s�
am�lioreront au fil du temps en vue de ma�triser progressivement les
composantes de traitement et de soins plus complexes.
D�s que les centres de r�f�rence des grandes villes seront op�rationnels,
ceux-ci devraient servir � former les personnes qui travailleront dans des
villes moins importantes ou dans les communes rurales, comme c�est d�j� le
cas au Br�sil, en C�te d�Ivoire, au S�n�gal et en Ouganda. Un des mod�les
novateurs pour assurer les soins, c�est l�� Implication des associations
dans le traitement � (Association-Based Treatment) comme par exemple au
Burundi, au Zimbabwe et au Venezuela.
Selon ce mod�le, les ressources mat�rielles et financi�res disponibles pour
l�acc�s au traitement sont contr�l�es par les associations de malades du
sida et par les m�decins et autres donateurs. Dans ce contexte, les hommes
et les femmes infect�s par le VIH sont directement impliqu�s dans les
processus de prise de d�cision et la gestion de tous les aspects des soins �
assurer.
Sans m�dicaments, ni r�actifs pour les tests de diagnostic et de suivi
biologique, les ressources humaines investies dans la prise en charge
sanitaire demeureront inefficaces et se d�courageront rapidement. Par
cons�quent, offrir un appui international pour accro�tre, tant au plan local
que national, les moyens d�acquisition de services et de m�dicaments, reste
d�terminant. La disponibilit� et l�origine des produits n�cessaires seront
disparates, et les bailleurs de fonds internationaux ne doivent pas essayer
d�imposer des modalit�s rigides quant aux choix des pays en mati�re de
sources et de lieux d�approvisionnement en m�dicaments, tests et autres
�quipements n�cessaires.
Les d�cisions relatives aux modalit�s d�approvisionnement en m�dicaments
devraient incomber aux pays qui pourraient d�cider : de lancer des appels d�
offres sur le march� international ouverts aussi bien aux firmes
pharmaceutiques propri�taires des brevets d�origine qu�aux producteurs de
m�dicaments g�n�riques; de tirer avantage des propositions d�organismes
acqu�reurs r�gionaux ou des accords futurs d�acquisitions internationales
sous l��gide de l�UNICEF (ou d�autres centrales d�achat priv�es,
intergouvernementales ou internationales). Les efforts visant � d�velopper
les capacit�s locales pour la production de m�dicaments, leur acquisition et
la gestion d�une dispensation rationnelle devraient �tre �galement soutenus
par les bailleurs de fonds internationaux.
Promouvoir le d�veloppement de la capacit� de production de m�dicaments dans
les pays en d�veloppement peut �tre un facteur important de l�am�lioration
de l�acc�s aux m�dicaments.
Les brevets ne doivent pas constituer un obstacle � l�acc�s aux m�dicaments.
L�utilisation de dispositions (comme l�obtention de licence obligatoire )
permettant d�outrepasser les brevets existants est autoris�e par l�Accord
sur le Commerce international, ADPIC, tel qu�il a �t� particuli�rement
renforc� dans la d�claration sur l�Accord sur les ADPIC et la sant� publique
lors de la Conf�rence minist�rielle de l�OMC, le 14 novembre 2001. Il y est
stipul� que � l�Accord sur les ADPIC n�emp�che pas et ne devrait pas
emp�cher les membres de prendre des dispositions qui s�imposent pour
pr�server la sant� publique �. Il est �galement indiqu� que � chaque membre
a le droit d�octroyer des licences obligatoires et la libert� de d�terminer
les motifs selon lesquels de telles licences sont accord�es �.
Pour offrir des traitements au plus grand nombre, il est essentiel que les
ressources disponibles servent � acheter des biens et services de bonne
qualit� au meilleur prix possible. La passation des march�s avec les
fournisseurs les moins disants, que ce soit les firmes propri�taires de
brevets ou des firmes de g�n�riques, permettra d�accro�tre le nombre de
personnes susceptibles d��tre trait�es et de disposer de plus de ressources
pour investir davantage dans d�autres composantes relatives � la pr�vention
et aux traitements. L�augmentation de la concurrence constitue un outil
d�cisif pour atteindre cet objectif.
En dehors de la mobilisation des ressources financi�res, l�exp�rimentation
et l��valuation des outils et de la logistique � d�ployer au niveau des
communaut�s, et ensuite dans le cadre des programmes nationaux, constituent
le plus grand d�fi pour am�liorer l�acc�s aux soins, aux traitements et au
soutien psychosocial des personnes infect�es par le VIH/sida.
Partenariats
Au cours des deux derni�res d�cennies de lutte contre le VIH/sida,
diff�rentes formes de partenariats ont �t� �tablies. Elles ont besoin d��tre
renforc�es et de nouvelles formes de partenariats doivent �tre d�velopp�es,
telles que l��tablissement de r�seaux d'h�pitaux entre le Nord et le Sud,
comme entre des centres de soins de sant�, des organismes sociaux et des
ONG. Ces initiatives doivent �tre valoris�es pour r�duire l��cart au niveau
du savoir et de l�acc�s aux services, et cr�er une base solide pour la
solidarit� locale, nationale et internationale. Les partenariats doivent
�tre bas�s sur la confiance, le respect et une vision partag�e. Ils
valorisent le processus de mise � disposition et d�utilisation des moyens de
traitement en tirant avantage de leurs forces pour d�velopper les moyens de
lutte au niveau local.
L�expertise technique qui existe d�j� au niveau international, notamment
dans le syst�me des Nations Unies, et au niveau national, devrait �tre
mobilis�e pour favoriser ces partenariats. Les partenariats entre les
secteurs public et priv� devraient �tre fortement encourag�s pour la
fourniture des soins, la mobilisation des financements et/ou la fourniture
des biens et services n�cessaires au traitement des malades afin d�optimiser
l�utilisation des ressources, dans la mesure o� ils contribuent
effectivement � la r�alisation de l�objectif d�un plus large acc�s aux
soins.
Le potentiel que renferment les partenariats en mati�re de soins a �t�
d�montr� en Zambie o� une �quipe d�interm�diaires nationaux constitu�e d�un
grouperessource de plus de vingt personnes �manant des r�seaux et d�
organismes nationaux a augment� rapidement la capacit� des communaut�s
locales � procurer des soins � une population de patients plus importante.
Seuls ces types de r�seaux peuvent assurer une v�ritable continuit� de
soins, depuis les soins � domicile jusqu�aux cliniques communales et aux
h�pitaux, ainsi qu�entre les diverses structures de soins qu�elles soient
publiques, priv�es ou confessionnelles.
Priorit�s en mati�re de recherche op�rationnelle
Il demeure de nombreuses questions qui attendent des r�ponses pour optimiser
l�acc�s aux soins du VIH/sida dans les pays en d�veloppement. Le besoin
urgent d�offrir des traitements antir�troviraux, le plus vite possible au
plus grand nombre possible, implique cependant que les programmes de
traitement et de soins ne devraient jamais �tre retard�s par l�attente des
r�sultats des projets de recherche. Au contraire, la mise en oeuvre de ces
programmes doit �tre l�occasion pour mettre en place des m�canismes de
collecte de donn�es simplifi�s et op�rationnels de mani�re � ce que les
r�sultats de recherche et d��valuation soient utilis�s imm�diatement dans la
mise en �uvre des programmes.
L�un des avantages qui incite � poursuivre la recherche op�rationnelle dans
ce sens est que les r�sultats seront directement applicables dans les pays
o� les donn�es ont �t� collect�es.
Quelques exemples de questions auxquelles il faudrait une r�ponse rapide
sont les suivants :
� Quels sont les moyens les plus appropri�s et les plus �conomiques pour
offrir et contr�ler la th�rapie antir�trovirale, y compris l�identification
des r�gimes efficaces les moins chers, la simplification des m�thodes de
suivi de la toxicit�, de l�efficacit� et la promotion de m�thodes plus
simples et peu co�teuses pour le comptage des cellules CD4 et les mesures de
charge virale ?
� Quels sont les r�gimes les meilleurs pour les patients coinfect�s par la
tuberculose et/ou les virus d�h�patite ?
� Quel type de r�sistance aux m�dicaments �mergera-t-il et quel est le lien
entre les programmes de pr�vention TME et les programmes th�rapeutiques
antir�troviraux ?
� Quelles sont les meilleures strat�gies pour d�velopper les ressources
humaines et les infrastructures sanitaires d�appui sans freiner la mise en
�uvre des programmes de soins ?
� Quel est l�impact d�un meilleur acc�s aux soins sur les comportements et
la pr�vention de la transmission du VIH au sein de la population, notamment
parmi les jeunes ?
� Quel est l�impact d�un meilleur acc�s aux soins sur le d�veloppement
�conomique, social et humain ainsi que sur les strat�gies d��radication de
la pauvret� ?
Conclusions
Il existe d�sormais une r�elle opportunit� pour freiner la pand�mie du
VIH/sida. Les soins, le traitement et la pr�vention en mati�re de lutte
contre le sida sont �troitement li�s.
Les soins constituent une cl� d�entr�e et un facteur d�terminant pour une
pr�vention efficace.
Dans les pays � revenu moyen et � faible revenu, il existe une panoplie de
traitements et de soins destin�s � prolonger la vie qui est d�sormais
accessible, faisable et co�t-efficace.
La forte baisse des prix des m�dicaments antir�troviraux dans ces pays a
consid�rablement am�lior� le ratio co�tefficacit� des traitements. Plusieurs
programmes, nationaux ou d�envergure plus limit�e, ont d�montr� des niveaux
d�observance et d�efficacit� des traitements antir�troviraux �quivalents
dans les pays en d�veloppement � ceux des pays d�velopp�s.
Les Gouvernements, le secteur priv� et les organismes � but non lucratif,
ainsi que la communaut� internationale, doivent maintenant mobiliser les
ressources financi�res requises en rapport avec les besoins identifi�s par
la d�claration de la SEAGNU.
Laisser passer cette opportunit� d��largir les soins et les traitements
perp�tuerait une souffrance humaine indicible et un accroissement de la
pauvret� et de l�injustice � l��chelle mondiale.
Nous proposons que cette d�claration soit diffus�e aupr�s de tous les
partenaires nationaux et internationaux engag�s dans la lutte contre le
VIH/sida dans la perspective de son adoption par les gouvernements, les
organismes et forums concern�s. Nous esp�rons qu�elle servira de base pour
une action imm�diate.
HISTOIRES V�CUES
Preeti, �g�e de sept ans, est �l�ve dans le quartier de Mumbai, en Inde.
Elle se rend r�guli�rement chez le m�decin de famille et plusieurs autres
sp�cialistes depuis l��ge de deux ans. Elle s�est toujours demand�e pourquoi
elle ne peut pas jouer avec ses camarades, se sent essouffl�e d�s qu�elle
fait un peu de sport, et manque fr�quemment l��cole � cause de la fi�vre ou
de la toux. Sa m�re lui dit qu�elle ne va pas bien, mais elle ne sait pas
exactement de quoi elle souffre.
� Quand serai-je comme mes camarades ? �, se demande Preeti. Sa m�re lui dit
qu�il y a maintenant des m�dicaments qui peuvent l�aider � se sentir mieux,
mais elle ne peut pas les acheter, car ils co�tent environ 100 $ par mois,
presque la totalit� du salaire de sa m�re. Preeti regrette am�rement : si
seulement son p�re �tait en vie, il aurait tout fait pour lui trouver des
m�dicaments !