[e-med] Pour l'OMS, la lutte contre le sida est à un tournant en Chine

mercredi 29 juin 2005, 13h06
Pour l'OMS, la lutte contre le sida est à un tournant en Chine

TOKYO (Reuters) - La Chine doit renforcer sa lutte contre le sida si elle
veut éviter que l'épidémie ne s'étende en raison des disparités dans l'accès
aux soins et de la mobilité croissante de la population, déclare Jack Chow,
directeur adjoint de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

"Nous sommes à un tournant en Asie, particulièrement en Chine. Nous avons
besoin d'une réponse collective qui rattrape, ou dépasse, la vitesse de
transmission de virus", a-t-il expliqué à Reuters à l'occasion de la
septième conférence Asie-Pacifique sur le sida à Kobe (Japon).

Selon le responsable de l'OMS, l'essor économique de la Chine s'accompagne
d'un commerce sexuel accru, de déplacements de populations et d'inégalités
sur le plan sanitaire qui menacent "de faire grimper en flèche" le nombre de
séropositifs.

"Vous voyez des hommes aujourd'hui riches qui recourent souvent aux
travailleuses du sexe, vous voyez des femmes issues de régions rurales de
plus en plus pauvres, qui pratiquent le commerce sexuel", a-t-il poursuivi.

"Les disparités sanitaires impliquent par ailleurs une capacité inégale de
recevoir des soins médicaux. Et la santé suppose une capacité à voyager."

WEN JIABAO SERRE LA MAIN DE SEROPOSITIFS

Chow a salué les mesures prises récemment par Pékin, qui avait initialement
tenté de dissimuler les scandales du sang contaminé et essaie désormais de
lutter contre la marginalisation des séropositifs.

Le Premier ministre, Wen Jiabao, a par exemple serré la main de plusieurs
malades d'un hôpital de Pékin en 2003, à l'occasion de la Journée mondiale
contre le sida.

Le responsable de l'OMS estime toutefois que les autorités chinoises doivent
encore "réviser à la hausse les interventions médicales", renforcer leur
"engagement politique" contre la maladie et poursuivre la délivrance du
"message social".

La Chine affirme compter 840.000 séropositifs parmi ses 1,3 milliard
d'habitants. L'Onu estime pour sa part que 8,2 millions d'Asiatiques sont
séropositifs, dont 5,1 millions pour la seule Inde, et que la Chine pourrait
compter dix millions de malades d'ici 2010.

Les séropositifs d'Asie, dont le système immunitaire est déjà fragilisé,
s'exposent de surcroît aux risques de tuberculose qui augmentent les
résistances aux traitements, renforcent la probabilité de décès et menacent
de se répandre dans le monde entier.

"Nous avons vu avec le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) que
l'épidémie voyage par avion (...) Une éventuelle augmentation des cas de
tuberculose résistantes aux médicaments pourrait remettre en cause la
capacité des pays développés à contenir cette maladie", redoute Chow.