[e-med] Pour MSF, les patients d'Afrique Centrale et de l'Ouest sont les " laissés pour compte" de la révolution sida »

Pour MSF, les patients d¹Afrique Centrale et de l¹Ouest sont les "laissés
pour compte" de la révolution sida »
Montpellier, 28 Avril 2014
http://www.msf.fr/presse/communiques/msf-patients-afrique-centrale-et-ouest
-sont-laisses-compte-revolution-sida

A la conférence francophone sur le VIH en cours à Montpellier, Médecins
Sans Frontières souligne le retard dans la lutte contre la maladie dans
ces pays d¹Afrique et appelle à s¹inspirer des stratégies qui ont permis
d¹importantes avancées en Afrique australe.

A l¹occasion de l¹AFRAVIH <http://afravih.org/&gt;, la conférence
internationale francophone sur le VIH et les hépatites qui a lieu à
Montpellier du 27 au 30 avril, Médecins Sans Frontières s¹inquiète du
manque de progrès notables dans la lutte contre le VIH/sida
<http://www.msf.fr/activites/sida&gt; dans de nombreux pays d¹Afrique
Centrale et de l¹Ouest. Dans ces pays, malgré des taux de prévalence de la
maladie souvent inférieurs à 5%, seuls 20% des patients séropositifs
nécessitant un traitement antirétroviral (ARV) le reçoivent effectivement.
Un grand nombre d¹entre eux décède alors avant même d¹avoir été
diagnostiqué.«

Quand on voit la situation dans des pays comme la RDC, la Guinée ou la
RCA, on a l¹impression de revivre une époque que l¹on croyait
révolue,décrit le Dr Eric Goemaere, spécialiste du sida à MSF. Dans nos
projets, nous recevons des patients avec des stades avancés de sida qui
rappellent ce qu¹on voyait avant l¹an 2000 dans les pays d¹Afrique
australe, quand les antirétroviraux étaient à peine disponibles. »

Les pays d¹Afrique australe, où la prévalence de l¹infection est bien
supérieure à celle des pays d¹Afrique centrale et de l¹Ouest, ont
enregistré d¹énormes progrès au cours des quinze dernières années. Ceci
est le résultat d¹une volonté politique affirmée, de la mise à disposition
d¹importants moyens financiers ainsi que de la capacité à adopter des
approches opérationnelles innovantes pour améliorer la qualité des
programmes de traitement du VIH et augmenter le nombre de personnes
soignées. Aujourd¹hui, ces éléments font cruellement défaut dans de
nombreux pays francophones d¹Afrique centrale et de l¹Ouest.

« Les pays de la région devraient revoir radicalement leurs modèles de
traitement et de prise en charge. Les approches actuelles, centralisées et
reposant essentiellement sur les médecins, excluent des soins de nombreux
patients et ne permettent pas de contrôler la transmission de la maladie
dans la communauté, souligne le Dr Suna Balkan, coordinatrice du groupe de
travail sur le VIH à MSF. Or l'expérience nous a montré que dispenser le
traitement ARV au plus près du patient, par des personnes moins qualifiées
mais formées, donne de très bons résultats. Par ailleurs cela réduit la
charge de travail des médecins et des infirmiers, qui peuvent alors se
concentrer sur les patients les plus gravement malades.»

Lors de la conférence AFRAVIH, Epicentre <http://www.epicentre.msf.org/&gt;,
support épidémiologique de MSF, va présenter les résultats d¹une étude
menée en 2013 à Chiradzulu, au Malawi. Dans ce district, où MSF et le
ministère de la Santé prennent en charge plus de 28 000 patients, la
couverture en ARV est de 66 % de la population séropositive et 91% des
patients sous ARV ont une charge virale indétectable. Cela signifie que
les patients suivent correctement leur traitement et que le risque qu¹ils
transmettent le virus est extrêmement limité.

L¹étude a par ailleurs constaté un niveau très faible de nouvelles
infections, ou incidence, s¹élevant à 0,4% seulement. Ceci démontre qu¹il
est possible de réduire le taux de transmission du VIH dans une zone de
forte prévalence (17%), notamment à travers un bon accès au dépistage et
au traitement et à une excellente rétention dans les soins.

Ces résultats confirment l¹efficacité des stratégies que MSF et le
ministère de la Santé mettent en ¦uvre dans le district de Chiradzulu et
dans d¹autres projets dans la région, comme le dépistage précoce, la
délégation des tâches vers du personnel moins qualifié, l¹initiation du
traitement par des infirmiers, un suivi des patients plus proche de chez
eux, une supervision régulière et la provision de conseil par du personnel
non-médical et/ou d¹autres patients. Elles ont permis le traitement du
plus grand nombre sans que la qualité des soins en soit réduite.

« Il ne s¹agit pas de faire du copier-coller pour les pays d¹Afrique
centrale et de l¹Ouest, car les contextes et les prévalences ne sont pas
les mêmes, mais de s¹inspirer des stratégies qui ont démontré une réelle
efficacité, précise le Dr Mit Philips, conseillère en politiques de santé
à MSF. En parallèle, il faut un effort financier et politique accru de la
part des Etats, des bailleurs de fonds et des acteurs internationaux de la
santé. Si le dépistage et le traitement du VIH ne sont pas gratuits, plus
proches et plus accessibles aux patients, on ne pourra apporter une prise
en charge à la hauteur des besoins aux 2-3 millions de patients d¹Afrique
centrale et de l¹Ouest en attente de traitement. »

ALLEZ PLUS LOIN
La série « Voyez ce que nous voyons » [See what we see] disponible sur
see.msf.org <http://see.msf.org/fr&gt; montre la réalité quotidienne des
équipes de MSF. « Quand nous voyons à quel point la situation est
désespérée dans des pays comme la RDC et la Guinée, nous avons
l¹impression d¹être restés bloqués à une autre époque. Les graves
complications qu¹entraîne le sida lorsqu¹il est déclaré nous rappellent ce
dont nous étions témoins en Afrique australe avant l¹an 2000, lorsque les
ARV n¹étaient pas disponibles et que la mort était partout », affirme le
Dr Eric Goemaere, qui a lancé l¹un des premiers programmes de traitement
du VIH de MSF en Afrique du Sud.

Bonjour,
Aussi longtemps que la volonté politique n y est pas, ce sera toujours un probleme. Il faut que les gouvernements en fassent leur priorité.
Felix Hitayezu
Rwanda, +2507885118920