Resaolab Atelier Ebola
Mercredi 19 Novembre 2014
Hôtel Eda Oba - Lomé
Les membres de RESAOLAB (Réseau de l'Afrique de l'Ouest des laboratoires,
composé du Bénin, du Burkina Faso, de la Guinée, du Mali, du Niger, du
Sénégal et du Togo) se sont réunis autour d'un atelier concernant
l'épidémie Ebola qui sévit en Afrique de l¹Ouest.
Présidé par le Pr J. SAKANDE, coordinateur du Burkina Faso, cet atelier
dont le rapporteur était le Dr Ariane WADAGNI, chef de projet du Bénin,
devait permettre d¹émettre différentes recommandations face à l¹épidémie.
L'épidémie d'Ebola a mis en lumière la nécessité de renforcer les systèmes
de santé des pays ouest africains et notamment les capacités du diagnostic
biologique. Le rôle du laboratoire est clé (et souvent méconnu) dans une
telle épidémie : il est essentiel de réduire le temps d'identification des
agents pathogènes et des foyers potentiels de l'épidémie afin de prendre
les mesures de prévention nécessaires pour contenir l'épidémie et protéger
les populations.
La propagation du virus au Mali et les premiers décès au Bénin dus à Lassa
ont convaincu les membres de RESAOLAB d'émettre les constatations
suivantes :
* le manque d¹infrastructures adaptées et de personnels de santé formés
à la biosécurité et à la manipulation de pathogènes dangereux,
* un délai trop long avant que les virus (Ebola, Lassa, etc.) aient pu être identifiés dans un laboratoire adapté, ce qui favorise la propagation,
* une information trop tardive pour mettre en place des mesures de prévention
(notamment la mise en quarantaine des patients et l'isolement post-mortem des corps)
et pour protéger le personnel de santé, qui a été lourdement touché (on estime que
le personnel de santé représente 5 à 10% des décès),
* un manque d'équipements de protection individuelle (EPI) pour lequel il
existe actuellement une pénurie mondiale,
* un réseau régional de laboratoires non encore véritablement fonctionnel :
absence d¹une direction des laboratoires dans certains pays, besoin de
communication entre les laboratoires de la région, besoin de ressources
financières pourpermettre un diagnostic de qualité des maladies tropicales,
absence de procédure pour le transport d'échantillons en sécurité.
Fort de ces enseignements, les pays membres de RESAOLAB émettent les
recommandations suivantes :
* Au niveau du diagnostic
La réalisation de l'objectif consistant à interrompre
les chaînes de transmission du virus Ebola est fortement tributaire de
l'appui des laboratoires. Cet appui est nécessaire pour confirmer ou
écarter des cas suspects, guider le triage des cas et les décisions
cliniques, aider à la recherche des contacts et faciliter le dépistage
précoce chez les personnes ayant des antécédents d'exposition.
Il est nécessaire que chaque pays soit en mesure d'effectuer un dépistage
précoce d¹une épidémie dans au moins un laboratoire
de référence (Test idéalement utilisant une technique RTPCR).
Au-delà des laboratoires de référence, il est également nécessaire qu'un
test idéal (rapide, sensible, sur, simple et n¹imposant pas d'exigence
sur le plan de la sécurité biologique) puisse se prêter à une utilisation
dans les dispensaires périphériques, sans accès à des infrastructures de
Laboratoire (laboratoires sentinelles).
* Au niveau de la sécurisation du transport d'échantillons
Afin que ce dispositif puisse fonctionner, il est urgent de mettre en
place un transport sécurisé d¹échantillons des laboratoires périphériques
vers les laboratoires de référence et/ou vers la direction des
laboratoires, et la mise en place d¹un logigramme de fonctionnement.
* Au niveau du personnel des laboratoires
Les efforts pour contenir les flambées d'Ebola en Afrique de l'Ouest sont
actuellement freinés par les tests diagnostiques complexes, lents et fastidieux,
à l'origine d'un certain nombre de problèmes logistiques supplémentaires,
dont l'exigence d'une sécurité biologique en laboratoire de haut niveau
et de grandes compétences de la part du personnel pour faire fonctionner
des machines sophistiquées.
Le personnel de santé des laboratoires, et surtout celui des laboratoires
périphériques est particulièrement exposé et peut renoncer parfois à
effectuer les tâches qui lui incombent. Les formations mises en place
en Guinée ont permis de constater une décrue des infections de ce personnel.
Il est impératif de former le personnel de santé et notamment celui des
laboratoires, et de prévoir le matériel de prélèvement nécessaire et
surtout le matériel de protection individuelle (EPI).
* Au niveau des laboratoires périphériques
http://www.fondation-merieux.org/actions-dans-la-lutte-contre-ebola#experts
Outre les recommandations émises ci-dessus (logistique des échantillons,
logigramme de fonctionnement, etc.), il apparait qu'il soit nécessaire que chaque
laboratoire puisse disposer d'un questionnaire pour des patients suspects
ainsi que le matériel nécessaire à une prise de température.
* Au niveau général
http://www.fondation-merieux.org/actions-dans-la-lutte-contre-ebola#experts
Un site dédié à l'épidémie doit être accessible à l'ensemble des membres
du réseau, comprenant :
http://www.fondation-merieux.org/actions-dans-la-lutte-contre-ebola#experts
* le recensement des mesures de contingence de chaque pays ;
* les procédures requises ;
* les actualités ;
* les actions menées dans chaque pays par RESAOLAB ;
* la cartographie des laboratoires de chaque pays par niveau d'activités,
Cette épidémie, loin d'être maitrisée, démontre le rôle clé des laboratoires
de diagnostic pour endiguer ce fléau. Trop souvent, jusqu'alors, l'épidémiologie
d'une crise ne restait basée que sur des cas cliniques sans reposer sur un
diagnostic clair. Le domaine du laboratoire était resté le
parent pauvre de la santé, sauf pour les grandes thématiques du Fonds
mondial : VIH, tuberculose et paludisme. Il est grand temps de donner les
moyens aux laboratoires de se développer et de délivrer un diagnostic de
qualité aux cliniciens.