Lundi 12 mars 2007, mis à jour à 19:43
Sanofi veut être présent dans les pays pauvres Reuters
http://www.lexpress.fr/info/infojour/reuters.asp?id=39414&1937
Le laboratoire pharmaceutique Sanofi-Aventis a insisté à l'occasion du Forum
Mondial des Sciences de la vie sur la volonté de son groupe d'être présent
dans les pays pauvres afin de favoriser leur accès aux médicaments.
Dans une interview accordée à Reuters, Jean-François Dehecq, le président du
conseil d'administration, a expliqué que répondre aux problèmes de santé des
pays du sud était aussi un moyen de faire respecter la propriété
intellectuelle.
"Le futur, c'est là où il va se jouer. On est en train de parler de
milliards d'habitants dans des univers qui ont des rythmes de croissance
très supérieurs aux nôtres et qui vont progressivement prendre leur place
dans le monde et notamment dans le monde pharmaceutique", a-t-il déclaré.
"Pendant la montée en puissance de ces pays, si on veut éviter une
prolifération (...) des copies où des produits contrefaits, je ne vois pas
d'autre solution que de participer à l'accès aux médicaments de ces pays", a
poursuivi Jean-François Dehecq.
Le président a affirmé qu'il fallait se "battre" pour "construire une
industrie pérenne". "Depuis 1973, je veux bâtir une affaire pour l'après
2000", a-t-il ajouté.
PRIX DIFFERENCIÉS
L'engagement de Sanofi-Aventis dans ce domaine s'est notamment traduit par
la mise au point d'un traitement contre le paludisme sur lequel le groupe a
renoncé à ses droits de propriété intellectuelle.
Il le proposera aux plus démunis à prix coûtant, soit à moins de un dollar
pour l'adulte et 0,50 dollar pour l'enfant.
Pour lancer ce médicament dénommé l'Asaq, qui sera fabriqué au Maroc, Sanofi
s'est associé à une organisation non gouvernementale, la DNDi (Initiative
pour les médicaments en faveur des Maladies négligées). Jamais jusqu'à
présent un grand groupe privé ne s'était associé à une organisation non
gouvernementale pour lancer un médicament non breveté.
L'Asaq a obtenu son autorisation de mise sur le marché le 1er février 2007
et sera enregistré dans la plupart des pays d'Afrique sub-saharienne en
2007-2008.
Jean-François Dehecq a aussi souligné que le groupe dont il a dirigé la
stratégie pendant trente ans a "un vrai devoir" vis-à-vis des pays les plus
pauvres en tant que seul producteur de vaccins contre la fièvre jaune ou de
médicaments contre la maladie du sommeil.
"Je fais partie de ceux qui pensent que si on aide ces pays, non seulement
en leur vendant des produits à des prix différenciés et en produisant
localement les produits, on y sera présent à terme", ajoute-t-il.
SIX AXES STRATÉGIQUES
Sanofi a créé une direction dénommée "Accès au médicament" avec six axes
stratégiques. Outre le paludisme, il s'agit de la tuberculose, de la maladie
du sommeil, des leishmanioses, des vaccins et de l'épilepsie.
L'objectif du programme tuberculose est de mettre à la disposition des pays
intéressés une gamme de médicaments et de les accompagner par des actions
adaptées dans la lutte contre la maladie.
S'agissant de la maladie du sommeil, le groupe va poursuivre pour cinq ans,
jusqu'en 2011, son partenariat avec l'OMS pour le diagnostic et la mise à
disposition de traitements.
Dans le domaine des leishmanioses (maladies parasitaires transmises par la
piqûre d'un insecte), Sanofi compte mettre à disposition des traitements à
des prix différenciés avec une centralisation de la production au Brésil.
En ce qui concerne les vaccins, le groupe va continuer à en fournir aux
organismes internationaux notamment pour l'éradication de la poliomyélite ou
contre la fièvre jaune.
Enfin, Jean-François Dehecq a précisé qu'un travail de réflexion était en
cours autour du traitement de la maladie mentale dans les pays pauvres. "Il
faut aller former des spécialistes en psychiatrie et mettre à leur
disposition des produits à des prix différenciés", a-t-il déclaré.
Prié de dire quels moyens financiers Sanofi consacrait à ces programmes,
Jean-François Dehecq a simplement répondu : "Beaucoup trop d'argent pour
certains actionnaires et quelque chose de dérisoire par rapport aux profits
que l'on fait : des centaines de millions".
En 2006, Sanofi-Aventis a dégagé un bénéfice net part groupe de 1.377
millions d'euros et un résultat opérationnel courant de 2.272 millions
d'euros sur un chiffre d'affaires de 7.356 millions.