[e-med] Révision de la politique pharmaceutique nationale au Burkina-Faso

Politique pharmaceutique nationale
Une feuille de route de dix ans pour combattre les maladies
vendredi 22 octobre 2010
http://www.sidwaya.bf/spip.php?article7290&lang=fr

Le ministère de la Santé, à travers la Direction générale de la pharmacie,
du médicament et des laboratoires (DGPML), a tenu les 14 et 15 octobre 2010
à Ouagadougou, un atelier d'adoption technique du projet de politique
pharmaceutique nationale pour une période de dix ans.

Le Burkina Faso révise sa « politique pharmaceutique nationale ». Dans ce
domaine du médicament, le pays disposera bientôt d'une nouvelle « Politique
pharmaceutique nationale (PPN) ». Elle constituera la feuille de route du
Burkina pour les dix années à venir. En effet, le projet de cette politique
nationale a été soumis aux différents acteurs du médicament et de la
recherche pour adoption, après avoir fait l'objet d'un long processus
participatif. L'objectif général de cette nouvelle PPN, est d'améliorer l'accès
à des produits de santé efficaces, de qualité requise et de sécurité d'emploi,
disponibles sur l'ensemble du territoire national, à un coût adapté au
pouvoir d'achat de la population.

Et pour atteindre cet objectif ambitieux, de nouvelles orientations sont
tracées par la nouvelle PPN. Il s'agit entre autres, du renforcement de l'accessibilité
financière des populations au médicament, à travers une meilleure régulation
des prix dans le secteur privé, et le développement de mécanismes de
subventions des médicaments, de la lutte contre les malfaçons et
contrefaçons de produits pharmaceutiques, par un renforcement du contrôle
qualité des médicaments sur le marché, de l'inspection pharmaceutique et de
la coopération multisectorielle et inter-pays.

La promotion de la recherche/développement et de la production locale des
médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle, le renforcement du cadre
institutionnel et organisationnel du système national de réglementation
pharmaceutique occupe également une bonne place dans la nouvelle PPN. Ainsi,
le but de l'atelier de validation, est donc de produire un document portant
des objectifs et des stratégies réalistes et réalisables pour le secteur
pharmaceutique, qui contribueront résolument à une progression vers l'atteinte
des Objectifs du millénaire pour le développement liée à la santé à l'horizon
2015. Selon le premier responsable du département de la Santé, Seydou Bouda,
la politique pharmaceutique nationale est une déclaration officielle de l'Etat
pour le secteur de la santé.

C'est un cadre global où chaque composante joue un rôle important pour
atteindre les objectifs fixés par le gouvernement. « La PPN définit les
priorités et les buts à moyen et long terme, énumère les principales
stratégies et fournit un cadre juridique au sein duquel, les activités du
secteur pharmaceutique public comme celui privé peuvent être coordonnées. De
telles orientations officielles du gouvernement permettent d'avoir une vue d'ensemble
du secteur et donc, d'éviter les incompatibilités et les incohérences dans
nos interventions », a précisé Seydou Bouda, à l'ouverture des travaux de
validation de l'avant projet de la PPN.

La promotion des MEG, un succès
La nouvelle PPN est le fruit de plusieurs études, de concertations et de
rencontres entre professionnels du médicament, des partenaires et de la
société civile. Dès 2009, a indiqué Dr Mahamadou Compaoré, directeur général
de la DGPML, sa structure a réalisé plusieurs études, afin de recueillir des
données fiables permettant une analyse exhaustive de la situation du secteur
pharmaceutique et d'en identifier les problèmes prioritaires. Ces études ont
abouti à l'élaboration de la nouvelle PPN.

Cette nouvelle version est la révision de celle adoptée en 1996. L'ancienne
politique était basée sur la promotion du médicament essentiel générique
communément appelé MEG, afin de renforcer le système de santé de soins
primaires, selon les principes de l'initiative de Bamako. Aujourd'hui à en
croire le ministre Seydou Bouda, les succès de cette politique sont avérés
en matière d'amélioration de l'accessibilité financière et géographique du
médicament. Ainsi, le Burkina Faso compte à l'heure actuelle, près de 1569
dépôts MEG dans les formations sanitaires publiques, de 550 dépôts MEG
privés et de 173 officines pharmaceutiques qui proposent ces produits. « Les
MEG nous ont permis de réduire le coût de la prise en charge thérapeutique
des pathologies prioritaires d'un facteur allant de 3 à 10.

Aussi, avec l'appui de nos partenaires au développement, le gouvernement a
pu rendre gratuit les ARV en 2010 et subventionner depuis 2009 les ACT et
des médicaments de Soins obstétricaux et néonataux d'urgence (SONU) », a
précisé M Bouda. Avant d'ajouter qu'au cours de la décennie le gouvernement
a recruté près de 160 pharmaciens pour améliorer la gestion pharmaceutique
dans les structures sanitaires publiques. Le bilan de la mise en ouvre de l'ancienne
politique est satisfaisant. Cependant, malgré les efforts, de nouvelles
problématiques sont apparues.

Il s'agit de la prolifération des contrefaçons et des médicaments illicites,
les insuffisances dans la mise en ouvre d'une véritable pharmacie
hospitalière , l'opérationnalisation d'un système performant de
pharmacovigilance pour mieux sécuriser l'emploi des produits pharmaceutiques
et enfin, l'accès insuffisant aux médicaments des maladies
non-transmissibles comme le diabète, l'hypertension, les maladies
cardiovasculaires et les cancers notamment chez la femme (cancers du sein et
du col de l'utérus).

En effet, quelle famille n'a pas été touchée directement ou indirectement
par l'une de ces maladies ? Jadis, considérées comme des maladies des pays
riches ou « maladies des blancs », celles-ci sont de plus en plus fréquentes
au Burkina Faso, l'OMS estime d'ailleurs que d'ici 2015, dans nos pays en
développement, la mortalité liée à ces maladies non-transmissibles devrait
dépasser celle liée aux maladies transmissibles comme le paludisme ou la
tuberculose.

Alors, sommes-nous devenus riches pour que nos populations soient atteintes
de ces maladies ? Malheureusement non, de nombreuses études montrent que l'augmentation
de la prévalence de ces maladies non transmissibles est la conséquence
directe des mauvaises habitudes alimentaires (plus de viande, de graisses,
de sel et de produits sucrés, des « casse-croûtes » pris sur le pouce en
dehors de la maison) associés à la sédentarisation des populations urbaines.

Le coût élevé des médicaments pour traiter ces maladies, pose problème et
trouble le sommeil de plus en plus de chefs de famille. Aussi, la recherche
des solutions à ces problèmes a conduit donc à la révision de la PPN, afin
de redéfinir un cadre adapté pour les prochains dix ans. L'adoption de cette
nouvelle PPN et sa mise en ouvre devraient apporter des solutions aux
problèmes d'accessibilité de nos populations à tous les médicaments !

Boureima SANGA