[e-med] Revue de presse sur l'acc�s aux antir�troviraux en Afrique

E-MED: Revue de presse sur l'acc�s aux antir�troviraux en Afrique
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Dr Aliou Sylla : �Le prix des m�dicaments, c'est 90 % du probl�me�
PROPOS RECUEILLIS PAR VAL�RIE GAS
Pour Radio France Internationale
12/03/2001

Aliou Sylla, m�decin directeur du CESAC (Centre d'�coute, de soin,
d'animation, de conseil pour les personnes vivant avec le VIH), un organisme
g�r� par l'association Arcad, qui r�unit des b�n�voles, professionnels de
sant�, travailleurs sociaux et personnes touch�es par les VIH, � Bamako au
Mali, a une opinion tranch�e sur le probl�me du prix des m�dicaments
anti-sida en Afrique. Dans un �tat d'urgence sanitaire, il faut selon lui
faire jouer rapidement la solidarit� Nord-Sud pour que les malades africains
puissent b�n�ficier des m�mes traitements que ceux des pays industrialis�s.
Car il n'y a pas �un sida du Nord et un sida du Sud�.

RFI : Que pensez-vous du proc�s intent� par 39 laboratoires pharmaceutiques
� l'Etat sud-africain?

Aliou Sylla : En tant que praticien, je suis confront� � des patients
atteints du sida et je me sens impuissant car je ne peux pas prescrire de
m�dicaments efficaces alors qu'ils existent. Cela me pose un probl�me sur le
plan �thique. Les laboratoires pharmaceutiques ont, en effet, investi
beaucoup pour la recherche et doivent rentabiliser cet investissement. Mais
par rapport � cela, la vie n'a pas de prix. On a fait un plan Marshall pour
l'Europe apr�s la deuxi�me guerre mondiale. On pourrait en faire un autre
pour que nous ayons acc�s aux m�dicaments anti-sida car les budgets de nos
pays ne nous permettent pas de les acheter.

RFI : Quelles solutions pr�conisez-vous pour financer l'acc�s aux
traitements en Afrique?

A.L: On compare le sida � une catastrophe naturelle, � une menace pour la
s�curit�, � un fl�au mondial. Mais il n'y a pas un sida du Nord et un sida
du Sud. C'est un probl�me unique. Et c'est ensemble que nous pouvons le
r�soudre. Humainement, on ne peut �tre satisfait de la situation actuelle.
Aujourd'hui, les m�dicaments anti-sida sont vendus en Afrique � des prix
exorbitants. Un traitement co�te, au Mali, 3500 francs fran�ais par mois.
Vous connaissez nos PIB, les autres probl�mes de sant� que nous rencontrons�
Nous avons d�j� le poids de la dette � supporter. Les r�ductions de prix de
90 ou 95 % comme au S�n�gal sont int�ressantes mais l'id�al serait la
gratuit� totale car nous sommes dans un probl�me de survie. L'arriv�e des
m�dicaments g�n�riques a eu un effet au niveau des prix, elle les a fait
chuter. De ce point de vue, la concurrence c'est bien.

RFI : Que pensez-vous des importations de m�dicaments g�n�riques pour
contourner l'obstacle du prix des mol�cules vendues trop cher par les
laboratoires?

A.L: C'est une alternative. On ne dirait pas non � condition qu'il y ait une
garantie d'un contr�le de la qualit� de ces m�dicaments. Mais j'ai
l'impression que les gens se cachent la v�rit�. Les laboratoires qui
fabriquent les g�n�riques ne sont pas en mesure de copier toutes les
mol�cules disponibles contre le sida. Se limiter � faciliter l'acc�s aux
g�n�riques reviendrait � accepter qu'il n'y ait pas d'�quit� entre les
malades du Nord et ceux du Sud, � ce que les meilleurs m�dicaments soient
pour le Nord et les g�n�riques pour le Sud. Il faut les deux en Afrique, les
g�n�riques et les sp�cialit�s.

RFI : Un sommet sur l'acc�s aux m�dicaments g�n�riques doit se r�unir en mai
� Ouagadougou, que peut-on en attendre?

A.L: Cette manifestation va aider � mobiliser, � faire prendre conscience du
probl�me de l'acc�s aux m�dicaments. C'est un forum o� l'on va d�battre et
o� l'homme sera au coeur du probl�me. On va pouvoir r�fl�chir notamment au
fait que l'on peut fabriquer des g�n�riques dans les pays africains.

RFI : Le prix des m�dicaments est-il le seul obstacle qui emp�che de soigner
les malades du sida en Afrique?

A.L: Le prix des m�dicaments repr�sente 90 % du probl�me. Une initiative
malienne pour faciliter l'acc�s aux antir�troviraux est en cours. Elle
s'inspire de l'exemple s�n�galais. Elle vise � assurer un meilleur
d�pistage, un conseil pr�alable. Mais disposer des m�dicaments faciliterait
l'action des prestataires. L'acc�s aux m�dicaments d�bloquerait le reste.
Cela permettrait, par exemple, d'am�liorer le plateau technique qui fait
d�faut.